Les pratiques culturelles : le rôle des habitudes prises dans l'enfance

Ce tableau statistique à double entrée, intitulé « Les pratiques culturelles : le rôle des habitudes prises dans l’enfance », est issu de l’Enquête Permanente sur les Conditions de Vie réalisée par Chloé Tavan de l’INSEE en octobre 2000 et publiée en février 2003 dans Insee Première. L’enquête a été réalisée auprès des personnes de 15 ans ou plus, n’ayant pas été élevées en institution. Elle regroupe les statistiques relatives aux pratiques culturelles pendant l’enfance. Ces données collectées se départagent en trois variables : « lecture de livres », « cinéma » et « musée, exposition, monument historique ». Elles sont exprimées en pourcentages et regroupées selon trois catégories : l’ensemble, le niveau scolaire des parents et la profession du père.

Ainsi, en analysant ces données, peut-on mettre en lien pratiques culturelles et origine sociale des enfants ?

        Avant d’établir un éventuel lien entre les pratiques culturelles, le niveau scolaire des parents et leur profession, il est nécessaire de s’intéresser à la différence entre ces pratiques culturelles. En effet, pour l’ensemble des personnes interrogées, il apparaît qu’elles pratiquent bien davantage la lecture de livres (64%) qu’elles ne fréquentent le cinéma (36%) et les musées, expositions et monuments historiques (21%).

Les données diffèrent en fonction du niveau scolaire des parents. Par exemple, lorsque 80% des enfants issus de parents ayant un diplôme du supérieur lisent des livres, seuls 47% le font chez les enfants dont les parents n’ont aucun diplôme. La différence de 33 points est importante. Il en est de même pour les autres pratiques culturelles. La différence entre ces mêmes catégories est de 39 points pour la fréquentation du cinéma (62% contre 23%) et de 56 points pour la fréquentation des musées, expositions et monuments historiques (61% contre 5%). Il apparaît donc que, pour une même pratique culturelle, plus le niveau scolaire des parents est élevé, plus les enfants la pratiquent. De plus, plus la pratique culturelle est difficilement accessible, plus l’écart est important entre enfants issus de parents diplômés et enfants issus de parents non diplômés la pratiquant.

Les données diffèrent également selon la profession du père. Par exemple, lorsque 74% des enfants ayant un père de profession intermédiaire lisent des livres, seuls 51% des enfants d’agriculteurs le font. Ceci représente un écart significatif de 23 points. La tendance est la même pour les autres pratiques culturelles. Alors que 54% des enfants ayant un père cadre ou de profession libérale vont au cinéma, seuls 13% des enfants d’agriculteurs en font de même (différence de 41 points). L’écart est encore plus important entre ces deux catégories quand il s’agit de la fréquentation des musées, expositions et monuments historiques, il est de 45 points (52% contre 7%). Ainsi, pour une même pratique culturelle, plus la profession du père est qualifiée, plus l’enfant la pratique. Enfin, comme pour le niveau scolaire des parents, plus la pratique culturelle est difficilement accessible, plus l’écart est important entre enfants ayant un père de profession qualifiée et ceux ayant un père dont la profession est moins qualifiée.

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