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Les normes de la domination masculine et l'émergence d'une résistance

Dissertation : Les normes de la domination masculine et l'émergence d'une résistance. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  16 Février 2016  •  Dissertation  •  1 718 Mots (7 Pages)  •  1 240 Vues

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        La première règle de grammaire que l'on enseigne sur les bancs de l'école est : « Le masculin l'emporte sur le féminin. » N'est-ce qu'un simple détail de grammaire ou s'y cache-t-il un enjeu plus important, celui de l'égalité entre hommes et femmes ? La règle que nous connaissons tous aujourd'hui a été résumée en 1767 par le grammairien Nicolas Beauzée : "Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle".

        Donc depuis le XVIIIème siècle, si ce n'est plus tôt, il est convenu, en tant que loi sociale incorporée, que l'homme est supérieur à la femme. Plus encore, que l'homme exerce une domination sur la femme. Cela s'est traduit, dans la loi notamment, puisque l'incapacité juridique de la femme n'a été abolie que le 18 février 1938. Cette incapacité juridique, instaurée dans le Code Napoléon de 1804, soumettait totalement les femmes à l'autorité masculine et elles ne disposaient d'aucun droits propres. Les rapports de pouvoir entre hommes et femmes étaient, si ce n'est totalitaires, au moins fortement inégalitaires. Il est alors intéressant de s'intéresser sur la légitimité de cette domination qui perdure depuis quelques siècles, et de savoir sur quoi elle repose.

        Il faut tout d'abord, apporter une définition sociologique de cette notion. Pour cela, on utilisera la définition de Max Weber dans Économie et Société de 1921 : selon lui la domination est « La chance, pour des ordres spécifiques, de trouver obéissance de la part d'un groupe déterminé d'individus. Il ne s'agit cependant pas de n'importe quelle chance d'exercer ''puissance'' et ''influence'' sur d'autres individus. En ce sens, la domination peut reposer, dans un cas particulier, sur les motifs les plus divers de la docilité. ». Dans son ouvrage, Max Weber définit trois idéaux-types de la domination, et l'un d'entre eux est particulièrement en lien avec la notion étudiée : c'est la domination traditionnelle. Cette forme de domination repose sur 3 caractéristiques : l'ancienneté, l'habitude et l'héritage. C'est par ces 3 caractéristiques que l'on peut assimiler la domination masculine à la domination traditionnelle car elle perdure depuis longtemps, se transmet entre hommes et est respectée comme une tradition. Par antagonisme, la résistance est justement la possibilité que tout individu a de ne pas se soumettre à une domination. Néanmoins, si toute situation peut entraîner une résistance, celles-ci peuvent avoir des formes différentes, et notamment être discrètes, assumées ou implicites.

        On s'appuiera pour analyser ces phénomènes de domination sur 3 textes : La domination masculine, de Pierre Bourdieu qui nous dit que cette domination est à la fois un prestige mais surtout une charge, qui se construit en opposition constante à la féminité. Un texte de Christophe Broqua et Anne Doquet : Les normes dominantes de la masculinité contre la domination masculine ? qui part du postulat de Bourdieu comme quoi « les femmes ne peuvent exercer quelque pouvoir qu'en retournant contre le fort sa propre force » et s'inscrit dans la continuité de cette étude en tentant d'expliquer les formes que cette domination féminine peut prendre et surtout de le démontrer par des exemples concrêts. Enfin, un texte d'Edward Palmer Thompson, La vente des épouses, où l'auteur tente de retranscrire le plus précisément possible ce qu'était ce rituel britannique, en abordant peu la domination masculine mais en apportant des éléments novateurs sur l'inversion du rapport de domination entre hommes et femmes.

        Il sera alors intéressant de se demander dans quelles mesures les normes de la domination masculine favorisent-elles malgré elles l'émergence d'une résistance féminine ? Après avoir présenté la représentation dominante masculine comme processus normalisé, nous verrons comment la domination masculine est utilisée par les femmes pour renverser le rapport de force.

I – La représentation dominante masculine comme processus normalisé

        De dispositions naturelles avantageuses ou de soi-disant capacités, les caractéristiques masculines sont devenues, grâce à un travail de socialisation perpétuel (A), de véritables normes, incorporées et institutionnalisées (B).

A) La domination masculine, fruit d'un travail de socialisation.

La domination masculine n'est pas naturelle dans le sens où elle proviendrait de la nature, elle découle d'un travail d'incorporation sociologique de cette idée.

  • L'homme veut accroître son honneur et le faire respecter

ex : notion d'honneur prépondérante dans les sociétés maliennes

  • La virilité doit être approuvée par le groupe de pair (doit être socialement jugée comme telle)

ex : la vente des épouses doit se faire en public

  • L'homme veut affirmer sa différence par rapport au sexe opposé ( ≠ tendresse, faiblesse, pitié...)

ex : cérémonial de la vente des épouses ; prédispositions masculines

Pour que ce travail de socialisation s'ancre dans le temps et soit considéré comme « allant de soi », les hommes doivent institutionnaliser des normes qui leur sont spécifiques.

B) L'incorporation et l'institutionnalisation de normes spécifiques à la masculinité.

Grâce à l'analyse de ce corpus, on remarque que, malgré certaines différences, les normes de la masculinité sont à peu de chose près les mêmes selon les lieux époques, du moins dans la partie moderne de notre histoire. En effet, le texte de Thompson porte sur des pratiques du XVII et XVIII ème siècle en Angleterre, celui de Broqua et Docquet sur le Mali des années 2000 et on peut supposer que Bourdieu part d'une analyse de la France lorsqu'il écrit en 2002, même si ce n'est pas précisé. Des caractéristiques communes de la masculinité se retrouvent dans ces 3 textes. Nous en retiendrons 4 : l'honneur, la violence, l'argent et le sexe, qui se traduise chacun dans des formes différentes mais évoquent la même notion.  

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