Les lois invisibles du recrutement

Les lois invisibles du recrutement

« Tous les animaux sont égaux mais certains le sont plus que d’autres » le recrutement en France est-il, comme le décrit george Orwell dans « la ferme des animaux », un chemin parsemé d’embuches sur lequel seuls certains sont épargnés ?

De nombreux articles se sont penchées sur la question en s’appuyant sur les données du Rapport sur les inégalités édition 2019, de l’Observatoire des inégalités ainsi que sur les données de l’INSEE .

Une discrimination est une inégalité de traitement fondée sur un critère interdit par la loi et dans un domaine cité par la loi comme par exemple l’embauche. A ce jour, 20 critères de discrimination sont fixés par la loi en France comme : l’origine ; le sexe ; l’orientation sexuelle ; l’âge ; les convictions religieuses ; le handicap….

Tout d’abord, il est important de noter que le chômage ne concerne pas tout le monde de la même manière et ce, en dépit de possibles discriminations à l’embauche.  En effet, Le taux de chômage des non-diplômés est de 18,3 % selon l’INSEE en 2017, soit 3,7 fois plus élevé que ceux possédant un BAC +5 qui connaissent pratiquement le plein-emploi avec un taux de chômage de 5 %.

Or, comme l’explique Stéphane Beaud dans son livre 80% au bac... et après ? la sur-représentation des diplômés sur le marché du travail crée un effet boule de neige. Il faut être de plus en plus diplômé pour espérer obtenir un emploi et même un diplôme du supérieur long ne suffit plus à acquérir un travail. Ainsi, les moins diplômés sont les derniers servis sur la longue liste d’attente du recrutement .

De ce fait, le plus souvent, les autres inégalités à l’embauche sont issus de ce phénomène. En effet, pour les personnes issues de l’immigration le taux de chômage est de 16,3 % soit deux fois plus que celui des personnes nées en France. Cela s’explique par niveau de diplôme très inférieur à la moyenne nationale. De plus l’Observatoire des inégalités chiffre à 4,3 millions le nombre d’emplois interdits aux étrangers non ressortissants de l’Union Européenne, soit la quasi-totalité des empois de la fonction publique.

Pour autant, le manque de diplôme n’est pas le seul facteur de discrimination que subissent les minorités. La sur-représentation de candidat pour un même emplois permet au recruteur de faire son choix sur divers critères comme le diplôme, la qualité de la carrière ou des stages effectué par le demandeur d’emplois ou encore ce qui en sociologie est connu sous le nom d’habitus. En sociologie, un habitus désigne une manière d'être, une allure générale ou encore une tenue. Ainsi, Bourdieu met en évidence les mécanismes d'inégalité sociale. L’ensemble des habitus d’un individu représente donc son capital social. Les individus de mêmes classes peuvent ainsi voir leurs comportements, leurs goûts et leurs « styles de vie » se rapprocher jusqu'à créer un habitus de classe. Ainsi un employeur aura tendance à embaucher une personne ayant les mêmes habitus que lui.

De ce fait la discrimination à l’embauche n’est pas significative d’un racisme ordinaire car elle fait partie à la fois d’une inflation scolaire et par le désir d’un entre-soi.

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