Comment les médias forment et déforment la réalité ?

C H A P I T R E   1  –  C O M M E N T   L E S   MÉ D I A S   F O R M E N T   E T   D É F O R M E N T  

 N O T R E  R É A L I T É   ?

« À défaut d’avoir recours à la force pour contrôler la population, on peut parfaitement la contrôler par l’opinion » - LASSWELL

LASSWELL pense que le média peut faire évoluer la population, plus que la force militaire.

1. L’importance de l’opinion

L’opinion publique n’est pas statique, elle évolue. Les médias contribuent à former l’opinion, à la faire évoluer. Les réseaux sociaux sont de plus en plus à l’origine de déformations de la réalité et contribuent à modifier l’opinion. Ce qui est plus grave, c’est que les médias reprennent les photos présentes sur les réseaux sociaux sans se poser de questions : il est très important de vérifier ses sources !

Notre réalité est modifiée consciemment (on sait quelle photo, quel texte, quel papier vont faire mouche) et inconsciemment (en reprenant les informations sans les vérifier) par les médias. Il y a un certain nombre de choses qui font que l’opinion est modulée par les médias. Notre perception de la réalité est en fait le fruit des perceptions des réalités des autres.

Certes, les médias modifient, modulent la réalité consciemment et inconsciemment mais ils ont aussi un devoir et une recherche de vérité, d’objectivité et de réalité pour rendre compte fidèlement de la réalité. Les médias ont donc un pouvoir énorme pour mobiliser l’opinion publique.

1. Les médias, des entreprises commerciales d’abord et avant tout

Les médias sont avant tout des entreprises commerciales, l’idée étant de faire des bénéfices et de payer les employés. Tout découle de cela. À partir de la révolution industrielle de 1850, on considère les médias comme des entreprises commerciales. Le média n’est pas juste une entreprise de diffusion de l’information mais une entreprise avant tout. À ce niveau là, le journaliste est avant tout et surtout un employé qui gagne sa vie et qui doit respecter certaines contraintes.

Deux sociologues américains (Edward HERMAN et Noam CHOMSKY dans le livre Manufacturing) ont fait une étude sur les effets pervers des médias-entreprises. Ils mettent en avant cinq grandes raisons (qu’ils appellent des filtres) qui montrent à quel point les médias modulent la réalité : les cinq filtres de HERMAN et CHOMSKY :

• 1er filtre : L’information arrive un peu n’importe comment mais est rendue en fonction de son ordre d’importance (et pas en fonction de sa chronologie). Les journalistes font un choix d’informations : certaines vont être mises plus en avant que d’autres. Cela module la réalité car on donne plus d’importance à une information et moins d’importance à d’autres. Ce choix de sujets mis en avant est double : de par le choix des journalistes et pour faire vendre (Les quatre sujets qui font le plus vendre : les 4 S => starification, sport, sang, sexe)
• 2ème filtre : Le lien si particulier entre les médias et les sources de revenus publicitaires. Les médias vivent en grande partie avec les ventes mais surtout avec la publicité. Ce n’est donc pas si facile que cela de « démonter » celui qui va fournir de la publicité.
• 3ème filtre : Le lien entre les médias et les attachés de presse qui représentent les marques.
• 4ème filtre : il y a un groupe d’intellectuels (hommes d’affaires, hommes politiques) qui a la main mise sur les médias. Par manque de temps, un petit groupe d’intellectuels est toujours appelé par les journalistes. Ce manque de diversification des sources nuit, n’est pas représentatif de la société.
• 5ème filtre : l’hostilité des médias face à certaines façons de penser, à certains partis politiques, à certains courants religieux, fait qu’on a tendance à reléguer.

A la base, un journaliste déontologiquement se doit d’interviewer n’importe qui de la même façon.

1. La chasse au média et à l’audimat

La chasse à l’audimat est un autre phénomène qui a sérieusement tendance à faire que les médias forment et déforment notre réalité.

Cette chasse à l’audimat a tendance à passer avant la qualité de l’information. On fait des journaux pour créer le buzz.

Certains sujets font vendre parce qu’ils colportent des images négatives. Cette chasse à l’audimat fait que consciemment ou non, nous avons tendance à gonfler certaines informations et à en diminuer d’autres, et donc à biaiser une partie de la réalité. Cette chasse aux scoops est parfois gênante pour les autres journalistes. Depuis 10-15 ans, on est vraiment dans une chasse aux scoops à outrance liée à une grande concurrence entre les médias.

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