Pourquoi des employeurs forment des apprentis ?

Pourquoi est-ce que des employeurs forment des apprentis ?

Les entreprises suisses investissent beaucoup dans la formation des apprentis1

. Les coûts de la formation ne se résument

pas aux salaires des apprentis : ils comprennent également une part des salaires des personnes chargées de les instruire et

de les accompagner, lesquelles ne peuvent pas se consacrer à leurs autres tâches pendant ce temps. De plus, les apprentis

ont parfois besoin d’une infrastructure ou de matériel d’exercice, notamment dans les ateliers d’apprentissage. Enfin, beaucoup d’entreprises participent au financement du matériel d’enseignement ou assument les frais de cours (par exemple pour

les cours interentreprises).

Si l’on additionne tous ces facteurs de coûts comme l'ont fait les auteurs d'une étude parue en 20072

, on constate qu’une

entreprise paie en moyenne environ 27 000 francs par apprenti et par an (apprentissages de trois ans, état 2004-2005). A

l’échelle de la Suisse, ces coûts représentent 4,7 milliards de francs par an (entreprises publiques comprises).

Qu’est-ce que les entreprises attendent en contrepartie ? Pourquoi investissent-elles autant dans les apprentis ?

1 Par souci de simplicité, nous continuons de parler d’apprentis et d’apprentissages là où la loi fédérale sur la formation professionnelle, entrée en

vigueur en 2004, parle de « personnes en formation » et de « formation professionnelle ».

2 S. Mühlemann, M. Fuhrer, St. Wolter et A. Wüest (2007) : Lehrlingsausbildung – ökonomisch betrachtet. Zurich et Coire : Rüegger.

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Version octobre 2010

Question d’approfondissement

Pendant l’apprentissage…

En Suisse, les apprentis passent trois ou quatre jours par

semaine dans l’entreprise formatrice. Le travail qu’ils accomplissent pendant une grande partie de ce temps est

directement utile et profitable. Selon les calculs des auteurs

de l’étude citée ci-dessus, les activités productives d’un

apprenti génèrent des revenus de 31 000 francs en moyenne

par an (apprentissage de trois ans) pour l’entreprise. Dans la

plupart des cas, la formation d’apprentis est donc rentable,

même du point de vue de l’économie d’entreprise.

Mais comment peut-on déterminer la valeur de ce travail ? La

méthode de calcul part du constat que l’entreprise pourrait

tout aussi bien confier les tâches productives des apprentis à des travailleurs qualifiés, et dans certains cas à une

main-d’œuvre non qualifiée. Or il est possible de calculer les

salaires qu'il faudrait verser pour faire exécuter ces tâches

par des travailleurs autres que les apprentis. Cette somme,

qui correspond aux économies réalisées par l’entreprise, doit

être mise en regard des coûts découlant de la formation des

apprentis.

Exemple : Durant une semaine donnée, une polyméca

nicienne en quatrième année d’apprentissage effectue

pour l’entreprise 18 heures de travail productif que seul

un polymécanicien diplômé pourrait autrement réaliser.

L’apprentie n’est pas encore aussi rapide qu’une personne ayant achevé sa formation : sa performance est

estimée à 80 % de celle d’un travailleur qualifié. Un polymécanicien diplômé reçoit un salaire de 6000 francs

par mois dans cette entreprise, soit environ 37 francs

de l’heure3

. La valeur du travail effectué se calcule

alors comme suit :

18 heures * 0,8 * 37 francs = 532,8 francs4

.

Comme l’apprentie reçoit un salaire de 1000 francs par

mois, elle a produit pendant cette semaine une valeur

équivalant à la moitié de son salaire mensuel.

Les salaires se retrouvent donc à deux niveaux différents

dans cette analyse coûts/utilité : d’une part, ils représentent

un facteur de coûts sous la forme des salaires des apprentis

et des formateurs ; d’autre part, les salaires de la maind’œuvre qualifiée et non qualifiée déterminent le montant

qu’il faudrait payer pour remplacer les apprentis. Si les

salaires de la main-d’œuvre qualifiée augmentent dans une

profession, il devient plus avantageux pour l’entreprise d’engager des

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