Bourdieu - méditation pascalienne
Fiche : Bourdieu - méditation pascalienne. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar antoine2429 • 30 Septembre 2019 • Fiche • 4 194 Mots (17 Pages) • 757 Vues
Antoine Brouillette
# 300101318
RECENSION :
La critique du champ scolastique par Bourdieu dans Méditations pascaliennes
Travail soumis à
Professeur Jean-Pierre Couture
Dans le cadre du cours
La méthode en science politique (POL 6501A)
Université d’Ottawa
Le 27 mars 2019
Table des matières
Critique et erreur de la raison scolastique. 3
Un réaliste-historique critique et réflexif 7
Le monde social 8
Critique : 10
Faire la recension critique, d’un ouvrage tel que Méditations pascaliennes, n’est pas facile. En effet, ce livre est écrit à la fin de la vie de Bourdieu (1930-2002). Pierre Bourdieu critique ici l’ensemble du champ scolastique et sa logique. En fin de carrière, Bourdieu peut se permettre de critiquer sans retenue le champ scolastique ainsi que les philosophes qui font preuve de dédains face aux sciences sociales. Dans Méditation pascalienne, Bourdieu souhaite démontrer les logiques cachées et intrinsèques de la rationalité propre au champ scolastique et à sa logique. Autrement dit, il souhaite démontrer comment la position sociale et historique privilégiée de la skholè tend à déterminer la rationalité scolastique et comment celle-ci effectue un écart avec les logiques pratiques extérieur à la scolastique. Avant de commencer l’analyse, il est primordial de comprendre le concept de skholè. La skholè est une disposition sociale déterminée par la position de l’agent dans le champ scolastique. Cette disposition est caractérisée par un rapport libre au temps qui rend possible un rapport libéré des urgences du monde étudié.[1] Cette disposition est intrinsèque au champ scolastique, et elle fait partie de son nomos,[2] soit de sa loi fondamentale constitutive. L’analyse et la critique de la déformation du point de vue scolastique sur le monde, entrainé par les dispositions de la skholè, sont appuyées sur des enseignements de Pascal. Pascal est utilisé comme référent pour, notamment, l’importance de la notion de pouvoir symbolique dans l’œuvre de Pascal. De plus, les éléments de la révocation de l’ambition, de la sollicitude non populiste de Pascal avec le « commun des Hommes ».[3]
Pour son argumentaire, Bourdieu a séparé son œuvre en six chapitres soit : critique de la raison scolastique, les trois erreurs scolastiques, le fondement historique de la raison, la connaissance par cor, la violence symbolique et l’être social, le temps et le sens de l’existence. Nous pouvons cependant pour en simplifier l’analyse et séparer l’œuvre en trois parties autour de deux thèmes. Le premier thème est la scolastique et le deuxième thème est le monde social. On peut séparer le premier thème en deux pour obtenir, d’abord, une première section sur la scolastique avec ses critiques et ses erreurs, ensuite, une deuxième section sur des solutions pour une raison ancrée dans un réaliste-historique critique et réflexif et, finalement, la section sur le Monde social et l’importance de l’enjeu du capital symbolique dans l’analyse de celui-ci. La présente recension sera donc divisée en trois parties pour analyser chacune de grandes sections nommées précédemment. L’article se finira également par une critique de Méditations pascaliennes.
Critique et erreur de la raison scolastique.
Pour Bourdieu, il est important de mettre à jour les présupposés inscrits dans la disposition scolastique pour combattre la déformation de la réalité introduite inconsciemment dans l’analyse. Il faut donc que « les instruments de connaissance objectivant (soit) des instruments de connaissance du sujet connaissant » [4]. Il faut retourner les outils scientifiques contre le « sujet » connaissant pour permettre de l’objectiver et de dévoiler ses prédispositions indues dans sa position. Ce travail ne doit pas être fait que par le chercher sur lui-même, mais la réflexivité doit s’exercer collectivement par l’ensemble du champ au travers de la concurrence entre les agents. La réflexivité s’exerce également par le travail du chercheur objectiviste qui doit travailler à objectiver sa propre subjectivité pour l’analyser[5]. De plus, le sociologue doit faire un travail constant d’objectivation du monde sociale en combattant l’irréductibilité du « sujet »[6]. Bref, il faut utiliser les armes du discours rationnel contre les habitudes de pensée scolastique.
Le travail critique de Bourdieu du champ scolastique, comme étant détachées des logiques pratiquent des objets qu’elle se donne comme objet d’étude, se base sur une analyse des conditions sociales et historiques particulières qui permettent la Skholè comme rapport détaché au monde étudié. Bourdieu va démontrer que la skholè est une disposition particulière et que, sans réflexivité historique critique, les jugements universalistes de la scolastique ne sont que l’universalisation d’un point de vue particulier d’une position privilégié. Cette universalisation constitue un rapport de pouvoir en imposant les exigences effectuées par le rapport scolastique sans universalisation des conditions sociales et historiques qui sous-tendent la disposition scolastique. Le champ scolastique ignore les conditions qui permettent à sa disposition d’exister et considère cette dernière comme étant naturelle et universelle.
Bourdieu va avancer trois grands arguments pour critiquer la raison scolastique et il va ensuite nommer les trois erreurs indues par cette raison particulière. Premièrement, l’implication dans le monde crée un implicite[7] inconscient qui dirige nos réflexions et nos actes. Autrement dit, la position historique dans le monde social de l’agent va déterminer ses dispositions et prédispositions. L’implication de l’agent dans un champ va créer un habitus spécifique, l’implicite, lui-même issu de la logique spécifique du champ[8]. Cette implicite va structurer les modèles de pensée de l’agent impliqué socialement dans un champ. Pour toute réflexion efficace, il importe de mettre à jours les présupposés implicites issus de la particularité de la position de l’agent dans l’espace sociale, de la doxa du champ qui inscrit des présupposés extérieurs aux enjeux ordinaires et à la logique pratique et de la doxa de la skholè qui porte à la recherche d’enjeu née du champ scolastique.[9] L’existence scolastique fait oublier la différence fondamentale entre être impliqué logiquement et entrainé pratiquement[10]. Cette implication de l’implicite dans la construction mentale de la réalité objective porte en elle la question de l’ambiguïté de la disposition scolastique. En effet, la skholè se conçoit comme un état d’apesanteur sociale et un temps libéré des préoccupations pratiques pour permettre les conditions sociales de possibilité de pensée[11]. Cependant, la disposition scolastique se caractérise négativement par la neutralisation des urgences pratiques, une libération du travail productif et une mise à l’abri de la privation et des incertitudes[12]. Ces caractéristiques supposent une « double ignorance »[13] du chercheur qui l’éloigne des réalités pratiques étudiées. En effet, la disposition scolastique ignore le monde pratique, l’existence dans le monde social et ses rapports de pouvoir symbolique, tout comme elle ignore son ignorance ainsi que les conditions qui permettent cette ignorance.
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