La consommation selon Pierre Bourdieu

Pour Pierre Bourdieu, la consommation est dictée par des normes sociales, les habitus, qui dépendent du revenu ou plutôt du capital économique mais aussi du capital social et du capital culturel. Ainsi la consommation va être un moyen à la fois de se distinguer des autres et de montrer son appartenance à un groupe. Aussi deux individus peuvent avoir les mêmes revenus et des niveaux de consommation, et surtout, une structure de consommation, très différents. Ce sera, par exemple, le cas entre un instituteur, un agriculteur et un commerçant.

Mais en plus de notre position sociale qui va déterminer en partie notre consommation, l'acte de consommer peut être synonyme d'expression et de signe.

Baudrillard montre en effet que la consommation est un ensemble de signes, un langage, par lequel l'individu cherche à montrer sa personnalité. L'exemple le plus frappant est la manière de s'habiller, de porter ou non des bijoux mais aussi de manger, et même de gaspiller.

Avec l'uniformisation des modes de consommation depuis l'avènement de la consommation de masse dans les pays développés, qui se traduit par des taux d'équipement élevés pour un grand nombre de biens, l'expression du signe est devenue plus subtile. En effet on n'émet plus de signe particulier en possédant une télévision ou une voiture aujourd'hui, quasiment tous les ménages en possèdent une, ou même, plusieurs. On peut par contre émettre un signe en refusant d'en posséder une, ou alors, en possédant un grand écran plasma ou un cabriolet des années 60. De même certains biens de luxe se sont banalisés. On trouve du foie gras par exemple dans les supermarchés. Mais on n'exprime pas la même chose en achetant son foie gras chez un grand traiteur ou dans un supermarché.

En fait, comme la consommation des ménages des pays développés se compose de plus en plus de biens secondaires, les déterminants sociologiques jouent un rôle de plus en plus important car la possibilité de choix, des ménages, est plus grande.

Le revenu explique en grande partie le niveau de la consommation, surtout lorsque les besoins primaires ne sont pas tous satisfaits, ce qui est le cas dans de nombreux pays en voies de développement.

Mais d’autres facteurs économiques comme le taux d’intérêt ou le taux de chômage interviennent aussi sur ce niveau de consommation.

De plus si on s’intéresse à l’aspect qualitatif de la consommation, on remarque que des facteurs sociologiques jouent un rôle non négligeable car la consommation n’est pas simplement la satisfaction d’un besoin mais représente aussi un signe, une expression.

On peut s’attendre à ce que l’augmentation du temps libre ou de loisir, conséquence de la réduction du temps de travail, va modifier à la fois le niveau et la structure de consommation des ménages car elle joue sur le revenu mais aussi, sur le style de vie des individus.

...