Pierre Lascoumes La Gouvernementalité : De La Critique De L'État Aux Technologies Du Pouvoir
Compte Rendu : Pierre Lascoumes La Gouvernementalité : De La Critique De L'État Aux Technologies Du Pouvoir. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nastygirl • 4 Décembre 2012 • 1 668 Mots (7 Pages) • 1 905 Vues
LICENCE DE SOCIOLOGIE
Devoir de synthèse
Pierre Lascoumes
La Gouvernementalité : de la critique de l’État aux technologies du pouvoir
Le texte, « Gouvernementalité: de la critique de l'État aux technologies du pouvoir », de Pierre Lascoumes, est apparu dans le numéro double - 13 et 14 - de la revue de philosophie et de sciences humaines « Le Portique », lors d'un numéro spécial « Foucault: usages et actualités » en 2004. On y apprend que la principale contribution de Michel Foucault à la science politique réside dans le déplacement des théorisations de l’État, en s’écartant des débats sur sa nature et sa légitimité et en privilégiant la réflexion sur ses pratiques. C’est-à-dire ce qu’il nomme la « gouvernementalité ». L’article de Pierre Lascoumes retrace donc les origines de cet apport et les dimensions qu’il introduit. Il situe cette notion par rapport au mode d’analyse du pouvoir chez Foucault.
Michel Foucault est né le 15 octobre 1926 à Poitiers dans un milieu aisé, bourgeois, de tradition catholique. Élève brillant, il se destine rapidement à devenir historien, rompant avec l’ascendance familiale essentiellement peuplée de médecins. En 1947, il obtient une licence de psychologie. En 1952 et 1953, il est diplômé respectivement de psychopathologie et psychologie expérimentale, et publie son premier ouvrage, Maladie mentale et personnalité (1954).
C’est à partir de 1955 qu’il entame une série de voyages plus ou moins long en Europe du Nord. Cette période est importante car en cinq années, Michel Foucault aura traversé des situations très différentes, du libéralisme suédois au totalitarisme du Bloc de l’Est, jusqu’à la lente reconstruction allemande.
Il revient en France en 1960, où il donnera des cours de psychologie à l’Université de Clermont-Ferrand. En 1961, il soutient à la Sorbonne sa thèse sur la folie. S’ouvre alors pour lui une séquence de production littéraire importante : Folie et déraison en 1961 (sa thèse, qui sera rééditée plus tard sous le titre Histoire de la folie à l’âge classique), Naissance de la clinique en 1963. et, la même année, Raymond Roussel.
En avril 1966 paraît Les mots et les choses, ouvrage qui annonce la « mort de l’homme », dont le succès est immédiat. Rapidement, une polémique entourera ce livre, accélérant son départ, en septembre, pour la Tunisie, où il restera deux ans. Il y enseignera la philosophie à l’Université de Tunis, écrira L’archéologie du savoir (1969), mais surtout, amorcera ses réflexions sur le pouvoir, dans un contexte de tensions grandissantes liées à la guerre des Six Jours. Paradoxalement le Mai 1968 français ne l’atteint pas véritablement. C’est pourtant dans la toute jeune université « expérimentale » de Vincennes, dont la mise en place est liée directement aux événements de Mai, que Michel Foucault est nommé professeur de philosophie à son retour de Tunisie.
Mais en 1970, le gouvernement refuse l’habilitation de la licence de philosophie, trop connotée politiquement (psychanalyse lacanienne, sociologie marxiste, etc.). Fin 1970, il est élu au Collège de France à la chaire d’ « Histoire des systèmes de pensée ». Sa leçon inaugurale, L’ordre du discours, est prononcée le 2 décembre 1970. C’est alors le début de la reconnaissance. Sa réputation n’ira d’ailleurs qu’en se renforçant au cours de ces années 1970.
La publication de deux ouvrages majeurs, Surveiller et punir en 1975 et La volonté de savoir en 1976, s’allie au caractère plus « expérimental » de ses cours, donnés devant un public plus que devant des élèves. Après cela il multiplie ses activités où il n’hésite pas à s’engager dans des enjeux politiques. Il termine son Histoire de la sexualité avant de marquer une volonté de retrait, de rupture avec son succès médiatique et universitaire. Malade du sida, il décède le 25 juin 1984 à Paris.
La « gouvernementalité », pour Foucault, est un processus d’évolution de la raison gouvernementale caractéristique d’une période qui va, du XVIe au XVIIIe siècle, puis qui trouve par la suite des prolongements dans le libéralisme. Il convient donc avant d’étudier plus précisément cet apport, de le resituer dans le contexte historique des années soixante-dix.
Dans ces années l’intérêt que Foucault porte au libéralisme et au néo-libéralisme est très lié a un contexte politique où les grands mythes libérateurs et en particulier le communisme sont de plus en plus critiqués et remis en cause. C’est là, que vont être délaissées les approches globalisantes de l'État et que l'on va rompre avec la quête incessante d'une « théorie de l'État ». Foucault va ainsi s'attacher moins à l'essence de l'État qu'à ses activités. L'approche anti-essentialiste de l'auteur renvoie alors à une approche matérielle des pratiques étatiques, des actes par lesquels s'opérationnalise le gouvernement des sujets et des populations. Il va dés lors s'intéresser aux instruments, aux procédures et aux rationalités politiques.
Ceci sera l’objet de mon développement qui s’interrogera sur la notion de « gouvernementalité », en s’attachant à comprendre la signification que lui attache Foucault. Puis je présenterais la question de l'instrumentation du pouvoir de Foucault à Lascoumes. Il s'agit ainsi de considérer les instruments de pouvoir à l'origine de ce que Foucault nomme la « gouvernementalité ».
Dans l'étude sur la « gouvernementalité » de Foucault, qu'il définit comme une forme de rationalité politique - rationalisation dirigée vers la population entre le XVIIe et le XVIIIe siècle - ce qu'il faut y voir c'est un mode spécifique d’exercice du pouvoir.
Parler de gouvernementalité c'est alors souligner un changement radical dans les formes d'exercice du pouvoir par une autorité centralisée qui résulte d'un processus de rationalisation et de technicisation. Dans cette
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