Monnaie et politique monetaire
Documents Gratuits : Monnaie et politique monetaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar rajaa22 • 28 Avril 2013 • 9 120 Mots (37 Pages) • 1 010 Vues
Cours Mario Dehove – INSTITUTIONS ET THÉORIE DE LA MONNAIE – Mars 2001
Chapitre I
Les définitions empiriques
de la monnaie en France et en Europe
Qu’est-ce que la monnaie ? Cette question par laquelle il faut bien commencer, n’admet pas de
réponse simple, acceptée par l’ensemble des économistes, ni sous l’angle empirique, ni sous l’angle
théorique. Paradoxe des sociétés marchandes : la monnaie est de plus en plus présente dans tous les
instants de la vie quotidienne des agents économiques et, parallèlement, ses formes sont de plus en
plus complexes et multiples. La monnaie est l’un des concepts les plus difficiles à définir de la théorie
économique.
D’où le choix de rejeter au dernier chapitre ce qui forme habituellement la matière du premier
chapitre d’un cours sur la monnaie, l’examen critique et rigoureux des différentes définitions théoriques
qui ont été proposées de la monnaie par les différents auteurs. Elles supposent en effet, pour être
comprises, la connaissance préalable des mécanismes par lesquels la monnaie est créée et détruite et
des déterminants des comportements de détention de monnaie des agents économiques : c’est-à-dire
des institutions monétaires et financières qui forment l’objet de ce cours.
Et la conséquence de ce choix : commencer par le recensement des formes actuelles de ce qui est
considéré par les autorités monétaires comme de la monnaie ou de la quasi monnaie et la présentation
des définitions empiriques qu’elles utilisent pour le besoin de la politique monétaire, de la monnaie
appelées les « agrégats monétaires ».
Mais cette démarche délibérément empirique exige malgré tout quelques définitions générales
préalables provisoires permettant simplement de l’amorcer.
I. Définition provisoire de la monnaie et de la monnaie de crédit
1.1 La monnaie
Depuis Aristote, la monnaie est définie par les trois fonctions qu’elle est supposée exercer : la
monnaie comme intermédiaire des échanges, la monnaie comme réserve de valeurs et, enfin, la
monnaie comme unité de compte. Le fait qu’elle soit définie par trois fonctions et non une seule indique
déjà l’existence d’une difficulté conceptuelle.
1.1.1 La monnaie intermédiaire des échanges
En tant qu’intermédiaire des échanges, la monnaie est un instrument qui permet d’échanger deux
biens, en évitant les contraintes du troc.
Dans le troc, deux biens M et M’ s’échangent directement l’un contre l’autre :
M ←
→ M’
Dans l’échange monétaire, deux biens, M et M’ s’échangent par l’intermédiaire d’un instrument
spécifique, la monnaie :
M → A → M’
L’agent qui détient le bien M et souhaite l’échanger contre M’, le cède d’abord contre de la monnaie A :
M ←
→ A
puis cède de la monnaie A contre M’ :
A ←
→ M’
Cours Mario Dehove – INSTITUTIONS ET THÉORIE DE LA MONNAIE – Mars 2001
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Cette définition simple suggère le bénéfice qu’une société peut tirer de la circulation de la monnaie,
lorsqu’il existe une division du travail développée, c’est-à-dire lorsque les producteurs sont spécialisés
dans la production de certains biens, en sorte qu’ils sont tenus de vendre ce qu’ils produisent pour
acheter ce qu’ils consomment.
Ce bénéfice consiste à surmonter la contrainte de la double coïncidence exacte des besoins du
vendeur et de l’acheteur en qualité et en quantité, sur un même lieu, contrainte propre au troc.
Ainsi, dans une économie de consommation (sans production avec des dotations initiales) telle
qu’elle est définie par la théorie microéconomique, un agent i souhaitant diminuer ses dotations en biens
k d’une quantité di(k) contre une augmentation de sa dotation en bien l d’une quantité di(l) doit trouver
un agent j souhaitant réaliser l’opération symétrique consistant à augmenter sa dotation en biens k
d’une quantité dj(k) pour diminuer sa dotation en bien l d’une quantité dj(l), tels que :
di(k) = –dj(k)
di(l) = –dj(l)
L’exemple célèbre de K. J. Arrow et F. H. Hahn illustre bien les contraintes de la double coïncidence
en montrant que dans une économie de troc, des échanges souhaités par les agents peuvent ne pas se
réaliser faute d’intermédiaire des échanges, c’est-à-dire de monnaie.
Pour le comprendre, imaginons une économie composée de trois agents : A, B et C et trois types de
biens d’égale valeur : 1, 2 et 3. A détient des quantités de biens 1 et 2 mais ne souhaite pas détenir
de biens 3. B détient des quantités de biens 2 et 3 mais ne
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