Liberté Et éducation

Dans le Gorgias, Platon fait parler ainsi Calliclès : « Accomplir tous ses désirs, voilà ce qui est beau et juste de nature ». La liberté est ici comprise comme une indépendance naturelle que l'obéissance à la moindre règle ferait disparaître. L'éducation, en ce qu'elle soumet l'individu à des règles, s'oppose à la liberté. Tel est le sentiment de tous ceux qui, du tout petit enfant à l'élève scolarisé, subissent les contraintes de l'éducation: ils ne sont pas libres car on leur interdit de faire ce qui leur plaît. Toutefois, un homme sans éducation, n'ayant ni appris à résister à ses envies immédiates ni cultivé son intelligence, n'est-il pas complètement asservi à la nature ainsi qu'aux autres hommes ? Conformément à ce que nous indique l'étymologie, l'éducation conduit l'individu hors de sa nature première, impulsive et servile. Elle discipline et instruit, déliant l'homme de sa servitude pulsionnelle et de son ignorance. En ce sens, ne le rend-elle pas libre en lui donnant la possibilité de se conduire par lui-même ? Ne le délivre-t-elle pas d'une pseudo-liberté, celle de l'impulsivité non réglée, pour le conduire à une liberté véritable : l'autonomie ? L'éducation est-elle alors un obstacle à la liberté ?

[...] Un homme totalement ignorant des lois de la nature est l'esclave de cette dernière car il ne peut l'utiliser à son profit. L'éducation nous donne au contraire un pouvoir qui nous permet de ne pas tomber dans les filets de ces derniers. La liberté n'est ainsi pas première, elle s'acquiert et se maintient par un exercice constant. Loin de nous priver de liberté, l'éducation nous rend libres car elle nous permet de devenir maîtres de nous, libres du point de vue de la pensée, et affranchis des contraintes extérieures. Pourtant, nous avons vu en première partie que l'éducation impose des contraintes. [...]

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