Les variations de l'euro ont-elles un impact sur l'économie française ?

Les variations de l’euro ont-elles un impact sur l’économie française ?

Cette correction est un résumé des principaux points attendus, tant sur la forme que le fond.

Thème d’accroche : l’euro est souvent accusé de tous les maux : vie trop chère, déficit commercial, frein au tourisme… mais certaines statistiques de l’OCDE (institution internationale indépendante de l’Etat français) contredisent en grande partie ces accusations. Pour le moins cet aspect polémique mérite que l’on s’intéresse au sujet.

Définitions :

• l’euro est la monnaie unique de 18 pays de l’UE ; elle a été mise en circulation le 1er janvier 2002 sous sa forme fiduciaire, mais elle est en usage depuis 1999, et elle succédait à l’European Currency Unit (ECU), soit « l’unité de compte européenne », mise en service en 1979 ; aujourd’hui l'euro est la deuxième monnaie au monde pour les transactions et comme réserve (27, 9% en 2009), derrière le dollar américain, et depuis octobre 2006, la première monnaie pour la quantité de billets en circulation ;

• comme toute monnaie, l’euro connait des variations, c’est-à-dire que sa valeur s’apprécie ou se déprécie par rapport aux devises étrangères ; ces variations ont lieu en fonction de l’offre et de la demande sur le marché international des changes.

Problématique : il ne s’agit pas tant de savoir si les variations de cours de l’euro ont un impact sur l’économie française que de cerner précisément les conséquences de ces variations ?

Si la monnaie est un bien économique soumis à la loi du marché, elle a aussi la particularité d’être un instrument facilitant les échanges, notamment internationaux, et donc les effets directs des variations de l’euro se font d’abord ressentir sur la balance commerciale ; ceci étant, les variations de l’euro ont aussi des effets indirects plus difficiles à cerner car plus contrastés sur l’ensemble de la performance économique de la zone concernée.

Annonce du plan proposé : I. Les effets directs des variations de l’euro sur la balance commerciale française ; II. Les effets indirects des variations de l’euro sur la croissance économique française.

1. Les effets directs des variations de l’euro sur la balance commerciale française

Rappeler que l’euro a été créé pour faciliter les échanges entre pays membres de la zone euro par la suppression des risques de change, et il est vrai aujourd’hui que les principaux partenaires commerciaux des pays membres sont les autres pays membres ; pour autant, les variations de l’euro ne seront pas sans effet sur la balance commerciale française, car, sur les marchés des pays membres, les produits français sont aussi en concurrence avec les produits importés.

Rappeler aussi que ce qui compte pour la balance commerciale ce n’est pas l’évolution du taux de change nominal, mais celle du taux de change réel, c’est-à-dire compte tenu du différentiel d’inflation dans les deux pays concernés.

Annonce des sous-parties : A. Les effets opposés de l’appréciation ou de la dépréciation de l’euro sur la balance commerciale française. B. Les effets relatifs selon la nature de la production.

1. Les effets opposés de l’appréciation ou de la dépréciation de l’euro sur la balance commerciale française

Effets d’une appréciation de l’euro :

• elle entraine la baisse du prix des produits importés, ce qui permet aux entreprises de baisser leurs coûts de production, notamment en terme énergétique et de matières premières (biens de consommation intermédiaire), et donc d’améliorer leur compétitivité-prix intérieure comme extérieure, et la balance commerciale devrait s’améliorer ; cependant, si les prix des produits importés baissent pour les entreprises, ils baissent aussi pour les ménages qui vont avoir tendance à en consommer davantage au détriment des produits français (et plus largement européens), cela améliore donc le pouvoir d’achat des ménages, mais a un impact négatif sur la balance commerciale ; et surtout, la hausse de l’euro rend plus chers les produits français et européens sur le marché mondial, ce qui se traduit par une perte de compétitivité-prix et une baisse des exportations, et à terme une dégradation de la balance commerciale ;

Effets d’une dépréciation de l’euro :

• bien sûr, les effets sont inverses ; tout d’abord, la hausse du prix des produits importés renchérit les coûts de production rendant moins compétitifs les produits exportés creusant le déficit commercial ; mais la hausse des produits importés affaiblit à leur égard le pouvoir d’achat des ménages, et cela a généralement un impact positif sur la balance commerciale ; enfin et surtout, la baisse de l’euro rend moins chers les produits exportés qui deviennent plus compétitifs sur le marché mondial, ce qui à nouveau améliore la balance commerciale.

1. Des effets relatifs selon la nature de la production

Dans les deux cas, les effets sont contrastés, et tout dépend donc en réalité de la spécialisation du pays. Par exemple, avec un euro fort, l’Allemagne dégage des excédents commerciaux car elle exporte beaucoup de produits à haute valeur ajoutée et très demandés par les pays en forte croissance (par exemple des machines-outils, des automobiles haut de gamme), à l’inverse la France accumule les déficits commerciaux car elle exporte beaucoup de produits à moyenne valeur ajoutée et dont la sensibilité au prix est relativement forte sur les marchés mondiaux (par exemple des automobiles de moyenne gamme). De même, le pays qui se spécialise sur l’exportation d’un produit dont le coût de production ne dépend que faiblement des biens intermédiaires importés aura intérêt à un euro relativement faible, car ses prix sur le marché mondial seront compétitifs ; c’est le cas de la France pour sa viniculture, son agriculture et son industrie agroalimentaire. On devine aussi qu’en la matière, la question de la qualité et de l’image de marque des produits exportés est essentielle.

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