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Le rôle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)

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Par   •  15 Avril 2014  •  Commentaire de texte  •  3 567 Mots (15 Pages)  •  939 Vues

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Le rôle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)

Source : La documentation française

Philippe Copinschi, docteur en science politique, consultant sur les questions pétrolières internationales et maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, explique le rôle de l'OPEP pour Questions internationales. Il est notamment l’auteur de l'article « Rente pétrolière, géopolitique et conflits », in Questions internationales n° 2 « Le pétrole : ordre ou désordre mondial » (La Documentation française, juillet-août 2003, épuisé) et de l’article « Privatisations et dérégulations : les nouvelles logiques du marché pétrolier », in Questions internationales n° 24 « La bataille de l’énergie » (La Documentation française, mars-avril 2007).

« L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a été fondée en septembre 1960 dans le but de « coordonner et unifier les politiques pétrolières des États membres et de déterminer les meilleurs moyens de sauvegarder leurs intérêts, individuellement et collectivement ». Les pays suivants en sont membres : Arabie saoudite, Irak, Iran, Koweït, Venezuela (membres fondateurs), Qatar (adhésion en 1961), Indonésie (1962), Libye (1962), Émirats arabes unis (1967), Algérie (1969), Nigeria (1971), Équateur (1973) et Angola (2007). L'Équateur a suspendu sa participation entre 1992 et 2008 ; le Gabon en a été membre de 1975 à 1996 ; l’Indonésie, qui est devenue importatrice nette de pétrole, a annoncé en mai 2008 sa sortie de l'organisation.

Naissance de l’OPEP

La création de l’OPEP est intervenue dans un contexte d’exacerbation de la concurrence entre compagnies pétrolières et, par voie de conséquence, de fortes pressions à la baisse sur le prix du pétrole. À cette époque en effet, la production de pétrole était principalement prise en charge par les grandes compagnies, majoritairement anglo-saxonnes. L’industrie pétrolière était encore verticalement intégrée dans la mesure où ces compagnies s’occupaient à la fois de produire le pétrole brut, de le raffiner et de vendre les produits raffinés (carburants, etc.) au consommateur final. Ainsi, le prix du brut, qui était fixé de manière unilatérale par les compagnies pétrolières, ne servait qu’à établir la base de calcul des royalties que ces compagnies devaient verser aux États dans lesquels elles opéraient. C’est en réaction directe aux diminutions de prix imposées par les compagnies en 1959 que les gouvernements des principaux États producteurs de l’époque décidèrent de se regrouper au sein d’un cartel.

Pendant dix ans, les prix restèrent stables. Ce n’est qu’à partir de 1970 que les premières augmentations eurent lieu sous la pression des membres les plus militants du cartel comme la Libye, l’Algérie et le Venezuela. Mais c’est en 1973 que l’OPEP donna la mesure de sa puissance en imposant une hausse massive du prix du brut à l’occasion de la guerre du Kippour. Ce fut le premier choc pétrolier durant lequel le prix du pétrole quadrupla en quelques mois. Depuis lors, l’OPEP est perçue comme disposant d’une capacité de contrôle quasi hégémonique sur le prix du pétrole, ce qui n’est aujourd’hui plus vrai.

L’OPEP et le prix du pétrole

Cette vision relève en effet en grande partie du mythe. L’interprétation du choc pétrolier de 1973, mettant en avant le rôle politique de l’OPEP, tend à négliger le fait qu’au cours des années 1960, la demande pétrolière avait connu une croissance phénoménale, de plus de 7 % par an, et qu’à ce rythme, il fallait, pour continuer à couvrir la demande, découvrir l’équivalent d’une nouvelle Libye tous les ans ! Le choc de 1973 résulte plus de cette arithmétique que de la supposée ambition politique de l'OPEP. La guerre du Kippour fut plus le prétexte politique que la cause profonde d'un choc pétrolier qui, selon toute vraisemblance, aurait eu lieu tôt ou tard : le rythme de la croissance économique mondiale de l’époque, basée sur une consommation effrénée de pétrole, n'était simplement pas soutenable !

La vraie force de l'OPEP s'est plutôt révélée au début des années 1980 lorsque le prix est resté élevé alors que la demande diminuait ou stagnait en raison de la crise économique mondiale, et que l’offre augmentait sensiblement avec la mise en exploitation massive des réserves hors OPEP (en mer du Nord, en Amérique du Nord, en Afrique, etc.). Durant toute cette période, l’OPEP a agi comme le frein à la baisse des cours : elle n’empêcha pas la retombée des prix, mais la retarda considérablement grâce à l’introduction de quotas de production.

L’OPEP et le contrôle de la production

Les analyses du rôle de l’OPEP tendent généralement à se concentrer sur les chocs pétroliers et ses politiques de prix. Or, c’est surtout la nationalisation progressive des actifs pétroliers dans la plupart des pays membres de l'OPEP au cours des années 1970 qui consacra la prise de contrôle effective de la production par les gouvernements des États producteurs. Rupture radicale dans l'évolution de l'industrie pétrolière, ces nationalisations des activités pétrolières eurent lieu dans l’ensemble des grands pays producteurs. L'Algérie, l'Arabie saoudite, l'Irak, l'Iran, le Koweït et le Venezuela instaurèrent, à l'occasion des nationalisations, un monopole d'État complet. La Libye, l'Indonésie, le Nigeria et les Émirats arabes unis restèrent partiellement ouverts aux capitaux étrangers.

Ces nationalisations provoquèrent une véritable déstructuration de l'industrie pétrolière. En quelques années, les compagnies internationales, jadis omnipotentes, se retrouvèrent amputées de toutes leurs activités d’exploration et de production dans la plupart des pays de l’OPEP, c’est-à-dire de la presque totalité des réserves mondiales. À une industrie verticalement intégrée du puits à la pompe succéda un système dans lequel la production (assurée par les compagnies nationales des États producteurs), d’un côté, et le raffinage et la distribution (par les compagnies pétrolières internationales), de l’autre, étaient subitement découplés en deux pôles distincts. Le marché financier pétrolier est ainsi né du besoin de faire se rencontrer l’offre et la demande, c’est-à-dire les vendeurs (les producteurs) et les acheteurs (les raffineurs) de pétrole.

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