Le Champ Du Pouvoir En France

ntroduction

François Denord, Paul Lagenau-Ymonet et Sylvain Thine sont trois sociologues français du 21e siècle qui ont écrits « Le champ du pouvoir en France » publié en 2011. Pour écrire ce texte ces auteurs se sont basés sur deux ouvrages de célèbres sociologues : « L'élite au pouvoir » de Charles Wright Mills et « La distinction » de Pierre Bourdieu.

Née en 1916 et mort en 1962, Mills est une figure marquante de la sociologie critique américaine. Professeur en sociologie il estime que toute sociologie est fondamentalement politique et doit servir à combattre les idées de la société. Pour étudier le changement social il se tourna vers Marx et Weber.

Pour lui l'élite est un phénomène très diversifié qui ne doit pas être rangé dans les classes sociales. Il y a des élites de classe mais pas de classe d'élites. Cependant sans constituer une classe, les élites s'associent pour former une unité de pouvoir dominante dans la société sous trois secteurs : la politique, l'économie et militaire.

Ses deux principaux ouvrages sont : - Les cols blancs (1951)

- L'élite du pouvoir (1956)

L'élite est homogène sur le facteur social et psychologique, elle se caractérise par la même origine sociale et même milieu social ; même cursus scolaire dans les collèges privés,  modes de comportement et personnalité similaire («Type social homogène») mêmes valeurs et mêmes intérêts ; sentiments d'appartenance à la même classe sociale ; conscience de classe ; échange mutuel dans les postes et positions dirigeantes entre les membres des trois élites.

Né en 1930, fils de paysan béarnais, élève de l'école normale supérieure, agrégé de philosophie, Pierre Bourdieu est assistant à la Faculté de lettres d'Alger pendant la guerre de décolonisation qui dure pendant deux ans de 1958 à 1960. Ses premiers ouvrages ont trait à la sociologie et à l'ethnologie de ce pays.

Rentré en France, Bourdieu est professeur à l'école des Hautes Études en Sciences Sociales où il dirige un laboratoire de recherche : le Centre de sociologie européenne. Il va se faire connaître par plusieurs études sur le système d'enseignement, et d'autres sur les pratiques culturelles. En 1975, Bourdieu crée une revue Actes de la recherche en sciences sociales, qui est l'expression de son école sociologique. Ce courant est aujourd'hui parfaitement reconnu puisque Bourdieu a été élu en 1982 professeur au Collège de France, où il occupe la chaire de sociologie. En 1993, il a reçu la médaille d?or du CNRS, distinction très rarement donnée à un spécialiste des sciences sociale.

Pour Bourdieu, la sociologie, comme toute science, doit toujours garder un regard critique sur ses propres productions.

Dans « L'élite au pouvoir » Mills définit l'élite du pouvoir comme « l'ensemble des hommes qui prennent toutes les décisions importantes que l'on peut prendre ». Il la considère composée d'hommes qui occupent des « postes-clés » dans les grandes institutions de la société moderne et qui peuvent « prendre des décisions aux conséquences capitales » pour la vie des gens ordinaires. Les trois domaines principaux du pouvoir sont pour lui la politique, l'économie et le domaine militaire. Sa définition du pouvoir est d'inspiration wébérienne : « Par les puissants, nous entendons évidemment ceux qui peuvent réaliser leur volonté même si d'autres s'y opposent »

La source du pouvoir est l'accès aux institutions : « nul ne peut être vraiment puissant sil n'a pas accès à la direction des grandes institutions, car c'est sur ces moyens institutionnels de pouvoir que les hommes vraiment puissants exercent, en première instance, leur pouvoir ». Le pouvoir individuel se base sur le pouvoir institutionnel. L'accès aux capitaux, aux revenus, à la fortune comme au prestige est réglé par les institutions. Le pouvoir et la richesse ont un caractère cumulatif (plus on en a, plus il est facile d?en amasser).Il met en évidence une relation étroite entre pouvoir et positions institutionnelles : les puissants perdent leur pouvoir quand ils perdent leurs positions.

Dans « La distinction » Bourdieu classe les agents sociaux à l'intérieur d'un espace social des positions relatives. Cet espace est construit à partir d'une analyse statistique multidimensionnelle selon deux axes. Le premier représente le volume global de capital qu'un agent possède, tous capitaux confondus (capital social, capital culturel, capital économique). Il croît de bas en haut. Le second axe représente le rapport entre le capital culturel et le capital économique des agents.

L'espace social est défini dans cet ouvrage comme un champ de forces dans la mesure où les propriétés retenues pour le définir sont des propriétés agissantes.

Dans cet exposé nous nous poserons la question suivante : Si les élites ont une dimension plurielle, existe-t-il une hiérarchisation de celles-ci ? Comment sont-elles définies et existe-t-il des liens entre elles ?

Nous commencerons par donner une définition des élites afin de déterminer la façon dont elles sont choisies ; puis nous nous pencherons sur la méthodologie d'analyse et la présentation de la hiérarchie de l'Élite ; enfin nous clôturerons cet exposé par la présentation du Siècle, un exemple d'interconnexions des institutions.

I - Qui sont les élites ?

A – Définition

À l'origine, le statut d'élite n'est pas accordé par la détention du pouvoir, mais par l'autorité morale, c'est d'ailleurs pourquoi le terme est employé au singulier. L'élite finit par désigner l'occupation d'une position enviable. Aujourd'hui il est plus courant d'évoquer les élites au pluriel. C'est une expression construite par la sociologie contemporaine pour expliquer les transformations politiques des sociétés développées dans une perspective non marxiste.

Les élites ont une large communauté d'origines, de formation ou de lieux de sociabilité ainsi elle est constituée de patrons, de professeurs libéraux, de serviteurs de l'État, de responsables politiques, de journalistes, d'universitaires, d'intellectuels ou encore d'artistes. Toutes ces professions sont classées au sein des élites, ainsi on retrouve des élites politiques, économiques, administratives, juridiques intellectuelles, artistiques et médiatiques. Malgré le fait

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