« La vision de Galbraith d’une économie dominée par les grands groupes industriels décrit-elle avec réalisme la situation actuelle des structures économiques des pays développées ? »
Dissertation : « La vision de Galbraith d’une économie dominée par les grands groupes industriels décrit-elle avec réalisme la situation actuelle des structures économiques des pays développées ? ». Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar secnemelc • 19 Septembre 2020 • Dissertation • 1 779 Mots (8 Pages) • 576 Vues
Sujet : « La vision de Galbraith d’une économie dominée par les grands groupes industriels décrit-elle avec réalisme la situation actuelle des structures économiques des pays développées ? »
Un groupe industriel est un regroupement d’entreprises autour d’une organisation financière unique dans le secteur de l’industrie. Néanmoins, il est nécessaire pour traiter ce sujet de s’interroger sur les critères qui vont faire de certains groupes des « grands » groupes industriels. En effet, plusieurs peuvent être utilisés : il est possible de désigner un grand groupe par le nombre de salariés que compte le groupe, son chiffre d’affaire, sa rentabilité. Par exemple en France, les grandes entreprises sont celles qui ont plus de 5000 salariés et un chiffre d’affaire supérieur à 1,5 milliard d’euros, on pourrait donc appliquer ces mêmes mesure aux groupes industriels. Le terme de domination sous entend quant à lui que certains acteurs peuvent avoir de l’influence sur d’autres. Il est donc nécessaire de se poser la question du pouvoir des grands groupes industriels. Les structures économiques des pays développées désignent l’économie dans une grande aire géographique.
Il apparaîtrait que les structures économiques des pays développés ne peuvent pas être réduites à une seule dominance des grands groupes industriels. Il y a une coexistence forte entre les grandes firmes qui cherchent à accroître leur taille et les Petites et Moyennes Entreprises (PME) qui sont très dynamiques et innovantes. La perspective historique laisse tout de même penser à un mouvement de croissance inéluctable de la taille des entreprises et à une dominance importante des grands groupes sur les petites entreprises. La structure productive répond à une organisation complexe qui articule des entreprises de taille très diverses qui ne sont pas forcément toujours organisées sous la tutelle d’un grand groupe mais qui en dépendent toujours indirectement d’une façon ou d’une autre.
Ainsi, nous verrons que la structure actuelle des pays développés semble pousser les entreprises à se réunir dans des groupes de plus en plus grands (I) mais que la grande taille ne débouche pas nécessairement sur l’efficacité, les grands groupes gardant tout de même une influence sur les PME (II).
Les entreprises sont donc poussées vers la recherche de la grande taille. En effet, elles essaient de faire du profit, pour cela il est nécessaire de chercher à maîtriser et réduire les coûts. Or l’innovation et le gain de productivité ne sont pas toujours faciles à obtenir dans un monde industriel où cela semble se faire par les grandes vagues successives que sont les Révolutions Industrielles. La solution est alors d’augmenter la taille de l’entreprise et donc de rejoindre un groupe industriel qui permet de réaliser des économies d’échelles. En effet, les coûts moyens baissent quand la production augmente. En liant des entreprises on donne aussi la possibilité à celles-ci de mutualiser certaines dépenses comme celles de recherche et développement. De plus, l’industrie est un domaine qui demande une grande quantité de capital fixe ; regrouper des entreprises offre la possibilité d’augmenter ce capital plus facilement et donc de créer des groupes de plus en plus grands. Plus de capital signifie plus de production et de recherche donc plus de profits et ainsi le groupe peut le réinvestir pour grossir encore plus. Le groupe prend donc la place d’un monopole, ou d’une oligopole car il devient trop gros pour laisser la place à d’autres entreprises et est donc en mesure de fixer les prix sur le marché et a donc un grand pouvoir.
À la logique de réduction des coûts s’ajoute celle du contrôle du marché. Celui-ci devient de plus en plus grand depuis les années 1980 et le phénomène de mondialisation. En effet, les concurrents sont dorénavant internationaux il est donc nécessaire que les groupes renforcent leur dominance afin de pouvoir accéder aux nouveaux marchés par exemple les marchés des pays émergents. Pour cela une logique de concentration est mise en place, elle incite les grands groupes à grossir toujours plus. La croissance de la taille de l’entreprise a un impact sur sa structure, la « révolution managériale » définie par Galbraith est en pleine essor, ce qui mène à une évolution de ce qu’il appelle la technostructure. Celle-ci correspond à une mutation de la gouvernance des entreprises. Les grandes entreprises sont souvent des Sociétés anonymes c’est-à-dire des sociétés par actions, or ces dernières sont en général détenues par des petits actionnaires qui ne veulent pas s’occuper de la gouvernance de l’entreprise. Des managers qui sont des professionnels salariés vont donc gouverner ; néanmoins à la différence des actionnaires ils ne sont pas à la recherche de dividendes mais plutôt d’une manière d’augmenter leur salaire en impressionnant les assemblées d’actionnaires. Galbraith montre donc qu’ils ont tendance pour cela à accroître la taille de l’entreprise ce qui peut pousser à la constitution de grands groupes industriels.
Pourtant, cette volonté d’extension permanente peut faire apparaître des paradoxes. D’abord, Marx a remis indirectement en cause cette logique de croissance permanente à travers sa critique du capitalisme : pour lui, la recherche constante de croissance pousse la classe dirigeante à supprimer des emplois. Or ainsi l’entreprise réalise en effet des réductions du coût, les usines sont même plus productives car les machines sont souvent plus efficaces que les hommes, mais les employés licenciés ont perdu leur pouvoir d’achat et ne peuvent pas consommer les produits réalisés grâce à cette croissance de l’entreprise. Les entreprises s’autodétruiraient donc en fonctionnant avec une logique permanente d’agrandissement. De même, pour Schumpeter l’accroissement de la taille des entreprises pourrait avoir une conséquence néfaste sur les innovations et donc sur la prospérité économique de entreprises. En effet, pour lui la bureaucratisation et la professionnalisation de la recherche brimeraient la créativité. Plus les entreprises sont grandes plus leur pôle de développement est grand et donc moins propice aux prises de risques et aux découvertes. Or ce sont pour lui les innovations qui dynamisent le système. La constitution de ce dernier par uniquement des grands groupes industriels ne serait donc pas viable.
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