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La place des anticipations dans le raisonnement économique

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Par   •  3 Mai 2017  •  Cours  •  1 424 Mots (6 Pages)  •  672 Vues

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La place des anticipations dans le raisonnement économique

        Avant Keynes, les anticipations n’avaient pas un rôle primordial au sein du raisonnement économique cependant elles s’avèrent être au cœur de l’analyse économique contemporaine (l’économie normative, le fait de déterminer ce que devrait être l’économie, prenant de l’ampleur). Les anticipations représentent des modèles de prévisions s’agissant des conséquences qu’entraineraient les agissements d’un ou plusieurs agents économiques. Il s’agit donc ici de se demander quelle place les anticipations occupent-elles dans les modèles économiques. De Keynes (I) à la Nouvelle Economie Classique (II), nous montrerons que les anticipations sont devenues prépondérantes dans l’établissement de modèle économiques contemporains.

I) L’approche keynésienne des anticipations

        J-M. Keynes a exercé une influence considérable tout au long du XXème siècle et ses idées dominent durant la période des Trente glorieuses. Il a publié de nombreux ouvrages et articles dont le principal est  La Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936). L'intérêt du modèle keynésien est de pouvoir schématiser le niveau en volume des variables finales du système, variables qui sont compatibles avec les objectifs de politiques économiques. Pour Keynes ce qui est au cœur de l'appréciation du climat des affaires, c'est l'incertitude. Cette incertitude est radicale, endogène et elle dépend du jeu produit par les anticipations. Il existe des conventions qui sont des estimations de ce qui peut se produire en fonction de ce qui s'est passé précédemment. Et c'est cette convention qui donne des points d'ancrage au système.

Pour Keynes, le marché du travail n'existe pas, la quantité de travail dépend la loi de l'offre et de la demande. Et il n'y a pas de raison pour que les décisions d'embauches des entrepreneurs qui sont fondées sur les anticipations de la demande de produit correspondent réellement à l'offre de travail, relation qui s'inscrit dans le mécanisme des anticipations. Les entrepreneurs adoptent des comportements spécifiques face à l'incertitude, ils se plient aux conventions et se soumettent à des comportements mimétiques. L'entrepreneur va anticiper les revenus qu'il va pouvoir dégager et grâce à cela va déterminer le nombre d'embauches qui lui sont nécessaires. De cette situation, chaque entrepreneur va offrir un volume d'emploi proportionnel à ce qui va pouvoir être acheté (soit dans une entreprise A et B, l'entreprise A va essayer de stimuler l'achat de ses produits par ses propres salariés mais aussi par les salariés de l'entreprise B et inversement pour l'entreprise B).

Cette situation conduit à une situation de sous-emploi créant une catégorie de chômeurs dits « involontaires » et abouti au fait que les pouvoirs publics devront mener une politique volontariste de réduction du chômage en effectuant une politique de relance de la demande. C'est donc la  demande anticipée (« effective demand ») qui détermine le niveau de l'emploi et c'est ce niveau d'emploi qui détermine le taux du salaire nominal. Les entrepreneurs faisant des anticipations pessimistes vont proposer peu d'embauches; il y aura donc peu de revenus et les anticipations néfastes vont se vérifier.

Dans son analyse, Keynes développe un autre point qu’est le rôle de la monnaie et l'importance des anticipations dans ce domaine. En effet, la monnaie sert de base aux anticipations puisqu'elle est une réserve de valeur, c'est donc une passerelle entre le présent et l'avenir. Ce que nous demandons pour nous séparer de la monnaie, le taux d'intérêt, est fonction de notre degré d'incertitude, de notre rapport à l'avenir. Un arbitrage entre placer et investir s'effectue en prenant compte de la valeur d'actualisation de manière simplificatrice (on calcul dans le présent nos liquidités futures tout en essayant d'anticiper l'inflation). Cette valeur d'actualisation permet donc de voir ce que les bénéfices du futur valent dans le présent, si le taux d'intérêt est élevé la situation est favorable aux placements et inversement si le taux d'intérêt est faible ; la situation est favorable aux investissements. De cette situation, on retrouve le climat des affaires qui découle des conventions c'est à dire des différences d'appréhension de l'économie selon que le marché soit pessimiste ou optimiste.

II) La place des anticipations dans le raisonnement néoclassique

Depuis les années 70, la théorie néoclassique a pris le pas sur celle apportée par Keynes. La fin des Trente Glorieuses est une période charnière, combinant ralentissement économique et un phénomène jusqu’alors inconnu qu’est la stagflation. Ceci va entrainer la mise en retrait du modèle de Keynes au profit des monétaristes et de la Nouvelle Ecole Classique (NEC) qui, remettant en cause l’ensemble de la théorie de Keynes (dont les anticipations), émettent de nouvelles théories anticipatives. Ces dernières s’avèrent plus précises que celles fondées par Keynes puisqu’elles ne s’appuient pas sur des termes abstraits (le climat des affaires est difficilement mesurable par exemple) mais s’appuient sur les évolutions de variables (telles que l’inflation ou les politiques économiques).

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