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La Zone Euro

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Par   •  17 Mars 2013  •  2 591 Mots (11 Pages)  •  994 Vues

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La zone euro est une Union Economique et Monétaire créée en 1999 par 11 des 15 pays que comptait alors l’Union Européenne . Par définition, une UEM est « un groupe de pays qui ont adopté une monnaie unique et ouverts leurs marchés économiques pour former une zone de libre-échange » .

La création de la zone euro est l’aboutissement d’une volonté commune d’échapper au triangle des incompatibilités, décrit par Robert Mundell en 1961, selon lequel il est impossible de maintenir des parités de changes fixes quand les capitaux sont mobiles et que les pays mènent des politiques monétaires autonomes . Dés lors, le cadre politique posé par l’adoption de la monnaie unique devait permettre, tout à fait naturellement, de surmonter les hétérogénéités de développements entre les pays de la zone euro, grâce à la parfaite mobilité des facteurs de production ( Acte Unique de 1986 ) et par la flexibilité des prix et des salaires . Les marchés eux-mêmes soutenaient cette optimiste hypothèse de convergence des économies nationales. Or, passée la première décennie d’existence de la zone euro, force est de constater que cet objectif fondamental est loin d’être atteint et qu’il existe de fortes divergences macro économiques entre les 17 Etats membres composants aujourd’hui l’Union Economique et Monétaire. Ces divergences macro économiques correspondent à de fortes hétérogénéités en termes de performances économiques et peuvent être exprimées par l’analyse de différents agrégats ( taux d’intérêt, chômage, inflation, Produit Intérieur Brut… ).

Quelle est la nature de l’hétérogénéité des performances économiques au sein de la zone euro ? En d’autres termes, cette hétérogénéité est - elle liée à des perturbations exogènes ou endogènes à la construction et au fonctionnement de la monnaie unique ?

Notre propos aura tout d’abord pour objet de définir quelles sont les divergences macro économiques en jeu au sein de la zone euro et quels en sont les mécanismes sous-jacents afin de pouvoir préciser la nature de ces écarts de développements. Nous aurons alors l’occasion d’analyser le lien de cause à effet entre les divergences macro économiques en présence et la crise de la zone euro telle que nous la connaissons aujourd’hui. Dans cette perspective, l’enjeu sera alors d’étudier les moyens et l’efficacité avec laquelle la zone euro tente d’y faire face.

I) Une Union monétaire asymétrique

1.1 La création de la monnaie unique ou le renforcement des déséquilibres macro économiques au sein de la zone euro.

La prise en compte de l’évolution des taux d’intérêt réels longs sur les trois dernières décennies souligne des disparités durables entre les pays du Nord et du Sud de l’Union. En effet, l’instauration, par le Traité de Maastricht de taux d’intérêt nominaux identiques pour tous les pays de la zone euro n’a pas engendré de convergence à long terme des taux d’intérêt réels. En cause : les différentiels de taux d’inflation entre pays du Nord et pays du Sud de l’Eurozone . Ainsi, si l’on se focalise uniquement sur la première décennie d’existence de la monnaie unique, des pays comme la France, l’Allemagne, la Belgique ou encore l’Autriche affichent des taux d’intérêt réels longs parmi les plus élevés de l’Union ( de 2 à 2.5% par an en moyenne ) du fait de taux d’inflation bas ( de 1.5 à 2% par an en moyenne ) . A l’inverse, sur la même période, les pays du Sud de la zone euro, à savoir l’Espagne, la Grèce et le Portugal enregistrent des taux d’intérêt plus bas voire même négatifs ( de 0.5 à 1.5% par an en moyenne ) du fait de taux d’inflation plus élevés qu’en Allemagne ou qu’en France. Mécaniquement, ces hétérogénéités de taux d’intérêt réels longs ont donné lieu à d’autres divergences, notamment observables à travers l’analyse des comptes courants.

Tout d’abord, les pays de la zone Sud ont connu une croissance soutenue à partir de leur intégration au sein de l’Union Economique et Monétaire ( l’UEM ). Des taux d’intérêt réels très bas et la libéralisation des mouvements de capitaux leur ont permis d’accéder plus facilement au crédit. Dés lors, les investissements, tirés par une forte demande intérieure, ont connu une croissance exceptionnelle ( +10% environ pour l’Espagne entre entre 2003 et 2005 ) . En conséquence, le secteur privé s’est fortement endetté et les déficits courants se sont creusés.

Ensuite, les déficits courants des pays du Sud de la zone euro ont été aggravés à cause de la spirale inflationiste. En effet, la croissance des coûts salariaux a été excessive dans les pays du Sud de l’Union car complètement déconnectée de leurs gains de productivité . Pour exemple, en Italie et en Espagne, les coûts salariaux unitaires dans l’industrie ont été de 30% supérieurs à ceux de l’Allemagne sur la première décennie d’existence de l’euro, alors que les gains de productivité moyens dans l’industrie de ces deux pays sur la même période étaient de 65% ( pour l’Espagne ) à 83% ( pour l’Italie ) inférieurs à ceux de l’Allemagne . Les pays de la zone Nord ( excepté l’Irlande ) ont connu quant à eux une croissance globalement plus harmonieuse. Des taux d’intérêt réels plus élevés ont certes contraigné leur expansion économique mais ils ont su profiter d’une compétitivité prix soutenue par des taux d’inflation plus bas que dans le reste de la zone euro . En conséquence, ces différences de compétitivité prix ont conduit à une relocalisation des activités industrielles au sein de la zone euro : on parle alors de spécialisation productive. Nous verrons comment celle-ci a conduit à terme à l’apparition d’un choc commun dans la zone euro.

1.2 Des divergences macro économiques à la crise de la zone euro

Notons tout d’abord que la spécialisation productive est un processus naturel dans une Union monétaire car la suppression du risque de change entraîne l’exploitation des avantages comparatifs, à savoir les techniques de production disponibles. Outre, l’optimisation de l’utilisation des avantages comparatifs, la spécialisation productive d’un pays se réalise aussi en fonction des dotations en facteurs de production ( capital, travail, qualité de la main d’œuvre, nouvelles technologies… ) . Ainsi, l’intégration économique a mené à une concentration des activités industrielles dans le Nord de l’Union grâce à une main d’œuvre plus qualifiée, un effort d’innovation plus conséquent et, comme nous venons de le voir, une compétitivité

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