Existe-t-il Un Modèle Allemand De L'emploi
Dissertation : Existe-t-il Un Modèle Allemand De L'emploi. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar manue • 4 Novembre 2013 • 3 744 Mots (15 Pages) • 1 073 Vues
Introduction :
Le miracle économique allemand a de quoi impressionner le reste de la zone euro :3% de croissance en 2011, un chômage inférieur à 7% contre 10 % en France, une industrie qui représente 29% du PIB alors qu’elle a chuté à 14 % dans l’Hexagone, des exportations et une compétitivité qui donnent envie .
Est-ce à dire que l’Allemagne a des leçons à donner? Est-ce un modèle applicable Outre-Rhin?
En 2003 encore, de nombreux commentateurs surnommaient l’Allemagne la « grande malade » de l’Europe, car elle pâtissait depuis plus d’une décennie d’une croissance amorphe et d’un chômage élevé ( 4millions de chômeurs). Aujourd’hui, elle est redevenue le moteur économique de l’Europe et a vécu durant la récession de 2008-2009 ce que bon nombre appellent un miracle de l’emploi...Les réformes structurelles du marché du travail mises en œuvre en Allemagne à partir de 2003 laissent donc rarement indifférent. Elles sont encensées par les uns,elles sont décriées par les autres. Elles représentent toutefois une expérience cardinale pour le débat économique et politique, en Allemagne bien sûr, mais également à l’étranger et tout spécialement en France .
Selon, Jean-Louis Thieriot,et Bernard de Montferrand, auteurs de « France-Allemagne, l'heure de vérité » (ed. Tallandier), la France pourrait avoir des bénéfices à s’inspirer du modèle allemand en considérant les résultats d’un marché du travail qui a été fluidifié pour l’emploi.
Il s'agit donc de se poser plusieurs questions :
les réformes du marché de l'emploi en Allemagne ont-elles été efficaces et positives ?
Les réformes entreprises peuvent-elles être transposables à d'autres pays ?
Peut-on dans ce cas parler d'un véritable « modèle » allemand de l'emploi ?
I. Le marché du travail allemand avant les grandes réformes des années 2000.
A. Les caractéristiques traditionnelles du marché de l'emploi allemand.
Le modèle allemand, fondé sur l'économie sociale de marché, tire ses origines de l'analyse de la crise de 1929 et s'est construit au sortir de la seconde guerre mondiale en réponse aux modèles totalitaires nazi et communiste. Il place les entreprises au cœur de la stratégie économique et de l'intégration sociale.
Une notion indispensable à la situation économique de l'Allemagne est le Mittelstand.
Cette notion floue, signifie littéralement « classe moyenne », et représente le tissu d'entreprises compétitives de taille moyenne, tournées vers des stratégies de long terme. On peut inclure dans cette catégorie les entreprises jusqu’à 5000 employés. Les PME allemandes sont plus grandes et plus solides financièrement que celles des autres pays européens. Ces sociétés ne sont pas cotées en bourse. Christan Stoffaës, directeur du Conseil d’analyse franco-allemand parle de «l’alchimie du Mittelstand» : les grands groupes allemands ont tendance à considérer leurs sous-traitants ou leurs fournisseurs plus petits comme de véritables partenaires.
L'économie et le marché de l'emploi est marquée le capitalisme familial.
Ces entreprises appartiennent à leurs familles fondatrices depuis plusieurs générations ; elles poursuivent des objectifs d’accumulation financière leur conférant une très grande robustesse. Les salariés détiennent un savoir-faire accumulé au sein de l’entreprise, ce qui rend leurs licenciements plus difficile. En effet, les licencier représenterait un risque important pour l’entreprise: la disparition d'un savoir-faire précieux. La garantie de cet optimum économique et social résidait dans la capacité de l’entreprise à préserver une structure financière la mettant à l’abri de chocs conjoncturels.
La modération salariale et préservation à long terme de l’emploi sont les leviers puissants du modèle économique et social qui gouverne la vie des entreprises et les salariés se plient à ces mesures. Cette configuration assure ainsi une grande capacité à préserver les emplois, notamment en temps de crise.
L'Allemagne possède un système de valeurs issu du christianisme social.
Le modèle allemand de l’entreprise, bien que largement globalisé reste fortement empreint des valeurs d’une société marquée par la pensée éthique et sociale du protestantisme fondée sur une notion de responsabilité, individuelle et collective à la fois, qui est source de prospérité pour les entreprises familiale. Ces valeurs contribuent ainsi à la compétitivité industrielle ou plus généralement économique de l’Allemagne.
Le principe de cogestion est caractéristique de l'économie allemande et de ce fait, du marché allemand de l'emploi.
La loi sur la cogestion le 9 avril 1976, approuvée par le Bundesrat, rend effective la participation des salariés.
- Elle prévoit pour les sociétés de diverses natures mais disposant de 2000 employés que leur conseil de surveillance soit composé pour moitié par des représentants des salariés. En cas de partage des voix, le président du conseil de surveillance, qui peut être un représentant des salariés a voix prépondérante.
- « La loi sur la participation du tiers » prévoit la présence des salariés dans les conseils de surveillance des entreprises employant entre 500 et 2 000 personnes, à hauteur du tiers de ses membres.
La participation des salariés et leur consultation seraient considérées comme des fondements du modèle social allemand et comme des atouts pour la cohésion des entreprises. La perception de l'efficacité de ce modèle a été renforcée en 2009 lors de la crise et a été l'objet de bonne presse de la part du patronat comme de la part des syndicats, comme une des raisons de la bonne résistance des entreprises et de l'emploi.
Les relations entre les PME et leurs banques locales demeurent extrêmement importantes en Allemagne.
Des économistes de la Deutsche Bank écrivaient en 2009 qu' «environ 80% des PME obtiennent les financements de leur banque et 70% des sociétés effectuent la plupart de leurs opérations
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