Dans quelle mesure l’intervention publique est- elle essentielle pour favoriser l’innovation ?
Dissertation : Dans quelle mesure l’intervention publique est- elle essentielle pour favoriser l’innovation ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Raphaëlle Sauer • 22 Novembre 2017 • Dissertation • 2 394 Mots (10 Pages) • 884 Vues
Introduction :
Si je vous dis innovation, peut-être allez-vous penser aux nouvelles technologies, plus précisément à la Silicon Valley et ses entrepreneurs et inventeurs à la Steve Jobs. L’innovation serait-elle alors uniquement affaire d’un génie particulier et de firmes privées ? Dans son ouvrage L’Etat entrepreneur, Mariana Mazzucato, professeure d’économie de l’innovation à l’Université du Sussex, montre à quel point ce mythe de la Silicon Valley propage une vision faussée des rôles respectifs de l’Etat et des firmes privées dans le processus d’innovation. Elle nous rappelle que les produits novateurs qui font la renommée et la richesse d’Apple et de la Silicon Valley reposent en général sur des innovations faites dans des laboratoires publics et que leur développement a le plus souvent été financé, entièrement ou en partie, par des aides publiques. L’Etat se veut financeur, innovateur, créateur de marchés, incitateur. Mais ce phénomène est déjà ancien. Le nucléaire, l’informatique, internet, les biotechnologies sont autant d’innovations pour lesquels l’impulsion initiale a été donnée par l’Etat et non par le secteur privé. Le secret de l’innovation se tiendrait donc dans la collaboration entre l’Etat et le secteur privé.
L’innovation est, comme nous l’avons vu, une notion-clef de la pensée économique.
Selon D. Guellec, elle se définit comme un dispositif nouveau, un produit, un procédé, un service ou un mode d’organisation effectivement vendu ou mis en œuvre. Elle est au cœur de la stratégie des firmes, des structures de marché, de la croissance des nations, des changements dans la demande de travail et la répartition du revenu, de la globalisation et des crises. Ainsi, en influant sur les mécanismes économiques, l’innovation fait partie des priorités des Etats.
L’intitulé du sujet « Favoriser l’innovation » nous amène à nous demander pourquoi et comment favoriser l’innovation. Le premier exposé permet de répondre à la première question, nous allons donc nous concentrer sur la seconde. Il existe différents acteurs capables d’innover, mais très vite il s’avère que de nombreux freins existent, en particulier pour les entreprises privées. Pour favoriser l’innovation il faut donc avant tout lutter contre ces freins. C’est à l’Etat de mettre en place des mesures pour y parvenir.
Ainsi, nous pouvons nous demander dans quelle mesure l’intervention publique est-elle essentielle pour favoriser l’innovation ?
Pour répondre à cette question, nous allons justifier l’intervention de l’Etat et étudier les moyens dont il dispose. Dans une première partie nous aborderons l’investissement financier de l’Etat, puis nous expliquerons dans une seconde partie les instruments légaux dont dispose l’Etat.
I. L’incitation par l’investissement de l’Etat
1) Les freins financiers à l’innovation qui justifient l’intervention de l’Etat
Tout d’abord, il est à souligner que soit une entreprise prend le risque d’innover et par la suite échoue ou réussit, soit une entreprise n’investit pas dans l’innovation, parce qu’elle ne le souhaite pas ou qu’elle rencontre trop d’obstacles. L’innovation étant nécessaire au progrès, l’Etat est là pour surmonter ces obstacles.
D’une part, le terme de « risque d’innover » est important car l’investissement en innovation, c’est-à-dire les dépenses réalisées pour la recherche et développement peuvent être très coûteuses sans pour autant être sûr d’avoir un retour sur investissement. Certes, le coût de l’innovation est fixe, car quel que soit l’issue de la recherche (succès commercialisable ou échec), les dépenses sont les mêmes. Mais les entreprises peuvent être freinées par cette incertitude. De plus, l’investissement est conditionné par la taille et l’organisation interne de l’entreprise, ce sont alors souvent les petites entreprises qui sont touchées. En effet, celles-ci ont encore plus peur de prendre des risques qu’elles ont du mal à s’autofinancer et donc à innover.
Mais ces petites entreprises rencontrent encore un autre obstacle : l’asymétrie informationnelle. Cela arrive lorsque l’entreprise est confrontée à un dilemme : pour financer son projet, elle peut faire appel à des investisseurs externes mais soit elle en dit trop sur son projet d’innovation et risque de se faire voler son idée ; soit elle n’en dit pas assez mais alors risque de ne pas intéresser l’investisseur.
Le rôle de l’Etat est alors d’aider financièrement les entreprises par divers moyens que nous développerons toute-à-l’heure.
D’autre part, comme les entreprises voient en l’innovation une possible source de profit, elles ne chercheront à investir que dans des domaines « rentables » après étude de la structure de la demande et de l’élasticité-prix du domaine. Seuls les programmes demandés et faisables aboutiraient alors à des innovations. L’Etat doit donc prendre en charge lui-même certains domaines de l’innovation comme la recherche fondamentale.
I.2) Les instruments et leurs limites
Tout d’abord l’État a son propre système de recherche publique. Ce système s’organise tout d’abord avec la création d’organismes spécialisés recevant une dotation budgétaire et choisissant eux-mêmes leurs thèmes de recherche. En France il s’agit du CNRS, le centre national de recherche scientifique, qui compte aujourd’hui plus de 25000 chercheurs et ingénieurs. Cette logique permet de donner aux chercheurs une plus grande liberté, en ayant la possibilité de faire leur propres choix.
Mais l’Etat peut aussi choisir de réaliser des appels d’offres. Dans ce cas, des équipes de recherche répondent à des appels d'offres. Leurs projets sont ainsi évalués par des jurys composés de scientifiques qui choisissent de les financer ou non. Ce système permet un meilleur contrôle de l’Etat sur ces projets et tend à s'étendre peu à peu en France.
Toutefois l’Etat peut difficilement vérifier si les projets financés bénéficient à la société. Pour remédier à cela un système d’incitation indirecte à été mis en place par la communauté scientifique. Il s’agit de la diffusion des travaux d’un chercheur par ses pairs, ce qui traduit une forte reconnaissance du travail du chercheur et l’incite à continuer.
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