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Comment peut-on expliquer l'engagement politique ?

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Par   •  26 Mars 2021  •  Dissertation  •  3 196 Mots (13 Pages)  •  5 598 Vues

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DISSERTATION ÉCONOMIE

                                Comment peut-on expliquer                                       l’engagement politique ?

L’engagement politique est une notion large, et ne se limite pas seulement au fait de voter ou de rejoindre un parti politique comme beaucoup le pensent. En réalité, ce terme désigne toutes les formes d’actions au sein de la société qui sont influencées par des valeurs politiques. D’autres formes d’engagement du citoyen existent alors telles que l’engagement associatif, la consommation engagée…et dépendent de variables socio-démographiques, de la socialisation politique… Mais dès lors, la véritable question est donc pourquoi les individus s’engagent-ils ?

Nous nous demanderons alors comment peut-on expliquer l’engagement politique ? En d’autres termes, quelles sont les raisons pour lesquelles un individu ou un groupe s’implique durablement dans des actions, défendant une cause politique ou ayant pour but de changer la société sur le plan des normes et des valeurs

Nous expliquerons donc tout d’abord les conditions de l’engagement politique avec ses différentes variables socio-démographiques, ainsi que le rôle de la socialisation politique ayant un impact sur les multiples formes d’engagement. Puis dans un deuxième temps nous verrons les motifs et les avantages de l’engagement politique, et donc pourquoi les individus s’engagent.

Plusieurs conditions existent pour s’engager politiquement. Cet engagement est une pratique sociale qui est différenciée selon les groupes sociaux. En effet, il dépend de nombreuses variables socio-démographiques. En fonction de leurs caractéristiques sociales, tous les individus n’ont pas la même probabilité, ou la même manière de s’engager dans la vie politique. Les deux variables ayant une lourde influence sont la catégorie socio-professionnelle et le niveau de diplôme. En effet, la position sociale des individus est déterminante pour comprendre pourquoi certains s’engagent, et d’autres non. L’appartenance à une catégorie socio-professionnelle défavorisée éloigne souvent du monde de l’engagement politique. Ce sont donc souvent les catégories les plus diplômées qui s’engagent politiquement. On remarque, d’après l’Insee Première, qu’en 2013, seulement 32% des ouvriers sont membres d’au moins une association, tandis qu’il y a 60% de cadres adhérant à une association ; soit donc une différence de pratiquement 30 points entre les deux PSC. La même différence du taux d’adhésion à une association s’observe avec le niveau de diplômes, où l’on observe une différence de plus de 30 points de pourcentage entre ceux n’ayant aucun diplôme, par rapport à ceux ayant un diplôme supérieur au baccalauréat. L’influence de ces deux caractéristiques sur l’engagement politique s’explique par un capital économique, social et culturel important. Par exemple, dans le domaine du vote, pour réaliser une campagne électorale, il faut des capitaux, mais aussi avoir un carnet d’adresses, c’est à dire avoir du relationnel. De plus, pour séduire des électeurs, il faut avoir une certaine aisance à l’oral, et avoir aussi une certaine démagogie, ce qui est généralement plus facile pour les personnes diplômées. De même, la corrélation entre le niveau de diplôme et l’engagement politique se comprend, car l’individu possédant un capital culturel élevé pourra plus facilement comprendre les enjeux de la société. Ainsi, plus l’individu est diplômé, plus il s’engage dans les différentes formes : vote davantage, s’engage plus dans une association ou un mouvement. En ce sens, les catégories populaires ont davantage un sentiment d’incompétence politique et vont, pour beaucoup, s’autocensurer et considérer qu’ils sont incompétents pour des actions politiques. C’est ce fait que Daniel Gaxie a expliqué dans son livre Le sens caché : l’engagement se révèle censitaire. La catégorie socioprofessionnelle et le niveau de diplôme sont donc des variables qui permettent d’expliquer le degré d’engagement des individus.

D’autres variables socio-démographiques ont également un impact sur l’engagement politique. Ainsi, les effets de l’âge et de la génération ont aussi une certaine influence. La génération influe surtout dans la forme de l’engagement politique, plutôt que dans l’engagement politique en tant que tel. C’est-à-dire que les jeunes d’aujourd’hui ont une manière de s’engager différente par rapport à leurs ainés. Mais cela ne témoigne pas pour autant, d’un désintérêt pour la politique. D’ailleurs, on constate d’après l’Insee Première, qu’en 2013, 36% des jeunes de 16 à 24 ans adhèrent au moins à une association. Un pourcentage qui ne comporte pas une grande différence par rapport aux 65 ans ou plus, leur taux étant de 43% d’adhésion à une association, soit une différence de seulement 7 points. Les jeunes ont donc juste tendance à opter pour d’autres formes de participation : ils sont moins souvent engagés dans les formes d’engagements conventionnelles, c’est à dire le militantisme au sein d’un parti politique ou d’un syndicat. Mais ils ne sont pas pour autant éloignés de la sphère de l’engagement, ils sont davantage présents au sein d’associations ou de mouvements. On parle donc « d’effet d’âge » : les jeunes vont plus s’investir politiquement, de manière ponctuelle, pour des causes diversifiées. Ainsi, d’après l’Observatoire des Jeunes et de l’Engagement, en juillet 2018, on remarque que les raisons les plus importantes pour lesquelles les jeunes s’engagent sont : pour défendre une cause ou des convictions (14%), pour être utile à la société et agir pour les autres (14% également), et aussi pour établir des relations avec les autres et rencontrer de nouvelles personnes (11%). Pour « l’effet de génération », il apparaît donc que les plus âgés vont davantage s’engager politiquement lors des élections, tandis que les jeunes vont plus le faire en utilisant les réseaux sociaux et les manifestations. Les jeunes s’engagent donc politiquement, mais différemment.

Le genre est également une autre caractéristique ayant un impact et influant  sur l’engagement politique. Les inégalités hommes-femmes persistent même dans le domaine de la politique. En effet, les femmes sont sous-représentées parmi les représentants politiques, et l’engagement masculin est plus important. Cependant, aujourd’hui, on observe un rapprochement des comportements. Par exemple, d’après l’Insee, entre 1983 et 2013, l’adhésion des femmes a augmenté passant de 34% à 40%, alors que le taux des hommes a, quant à lui, diminué, passant de 53% en 1983 à 44% en 2013, soit une baisse de pratiquement 10 points. Mais malgré ce rapprochement, les écarts entre sexe continuent : les hommes sont plus nombreux dans les organisations plus formalisées comme les partis politiques ou syndicats. En revanche, dans les associations locales et centrées sur des objectifs concrets d’utilité sociale comme la pauvreté, on constate une légère surreprésentation des femmes. Ces différences peuvent s’expliquer par le moindre temps qu’ont les femmes pour s’engager politiquement, en raison d’une inégalité de répartition des tâches domestiques au sein du couple. Ceci peut aussi s’expliquer par le fait que les femmes sont plus touchées par la précarité et le temps partiel subi, ce qui peut compliquer l’intégration dans une entreprise et justifier leur moindre implication syndicale. Ou encore, les hommes s’engagent dans un parti politique ou un syndicat, nécessitant davantage de contestations, valeur qui est moins transmise chez les femmes. La socialisation genrée incite donc moins les femmes à s’engager en politique, à cause de la moindre intériorisation des valeurs liées à la politique et à ses compétences. On remarque cette différence de genre, malgré un rapprochement des comportements, ainsi en 2013, l’adhésion des hommes à une association est de 44% alors que celui des femmes est inférieur de 4 points (40%). L’âge, la génération et le sexe sont donc à prendre également en compte pour comprendre pourquoi certains individus s’engagent et d’autres non, ainsi que pour rendre compte de la forme de leur engagement.

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