Comment peut-on expliquer l’engagement politique ?
Dissertation : Comment peut-on expliquer l’engagement politique ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ploufragan.vgx • 6 Décembre 2022 • Dissertation • 2 256 Mots (10 Pages) • 688 Vues
Comment peut-on expliquer l’engagement politique ?
Plusieurs actions collectives et politiques ont marqué l’histoire de notre pays. Dernièrement, le mouvement des Gilets Jaunes en 2018/2019 ou encore la grève contre la réforme des retraites fin 2020, ont permis de souligner l’importance de l’engagement politique dans notre société. Celui-ci peut se définir comme le fait, pour un individu, de prendre parti sur des problèmes politiques par son action ou ses discours. Mais pourquoi se mobiliser quand d’autres peuvent le faire à notre place et pour les mêmes résultats ? C’est le paradoxe d’Olson qui soulève la contradiction entre l’intérêt commun que les individus peuvent avoir à se mobiliser entre eux et leur intérêt individuel à laisser les autres agir pour ne pas supporter les coûts de l’engagement. Mais alors, qu’est-ce qui pousse les individus à s’engager ? Comment peut-on expliquer l’engagement politique de nos jours ? Dans un premier temps, nous verrons quelles sont les formes de l’engagement politique, puis les causes de ce dernier et enfin les différentes variables de l’engagement.
Les formes de l’engagement politique sont diverses et sont liées à des causes sociales et collectives.
L’engagement politique peut prendre des formes individuelles comme le vote, action que l’on peut définir comme la manifestation de volonté, individuelle ou globale, à l’occasion d’une élection ou d’une prise de décision. Il peut en revanche être considéré comme la forme minimale d’engagement politique individuel et est classé dans la case de l’engagement conventionnel.
Une autre forme d’engagement individuel est la consommation engagée. Cette dernière peut être définie comme le vaste ensemble de mobilisation qui ont en commun de faire de la consommation un mode d’expression de choix politiques. Cela peut passer par l’achat de produits plus éthiques (bio, respectueux de l’environnement) au boycott de marques qui le sont moins (polluantes). On utilise donc le marché pour contester ou mettre en avant certaines positions politiques. Cette forme d’engagement est plus originale que les autres puisqu’elle cherche à influencer des phénomènes sociaux et économiques sans passer par l’action politique traditionnelle. Cet argument peut-être illustré par le document 4, un extrait d’un livre de Philip Balsiger, La consommation engagée, paru en 2017. Dans cet extrait, Philip Balsiger nous fait comprendre que la consommation engagée a un réel intérêt politique avec le boycott et le buycott et son étude permet de comprendre l’économie et les grandes entreprises. La consommation engagée, qui peut amener à des changements réels sur les marchés, permet également des transformations dans le mode de vie de ses pratiquants, souvent en l’améliorant.
L’engagement politique peut, au même titre, prendre des formes collectives comme le militantisme. Ce dernier désigne l’activité d’une personne qui lutte activement pour une cause, et qui peut prendre notamment la forme d’une adhésion à un parti politique, à une association ou encore à un syndicat... Le militant se distingue du simple adhérent, car il prend part activement aux activités de l’organisation pour laquelle il milite : participation aux réunions, assemblées générales, manifestations organisées par l’organisation ; participation à des actions de communication. De plus son engagement est durable, ce qui amène souvent à une transformation de son mode de vie, contrairement à l’adhérent qui lui est simple membre et souvent peu actif.
Une autre forme est celle de l’engagement associatif. On peut le définir comme le fait d’être membre d’une association, ce qui peut prendre différentes formes comme le bénévolat, des dons.... En revanche, toutes les formes d’engagement associatif ne sont pas des engagements politiques. On peut parler d’engagement associatif pour les bénévoles des Restos du cœur qui distribuent des colis alimentaires aux personnes dans le besoin mais pas d’engagement politique. Pour qu’ils soient considérés comme politiquement engagé, il faudrait que ce bénévole s’engage dans une campagne pour inciter des représentants politiques à prendre des mesures contre la pauvreté. On parlera alors bien d’engagement politique puisque le but de l’action aura bien en effet été de chercher à influencer les responsables politiques pour défendre une cause.
Il y a donc différentes formes et façons de s’engager. Mais si on rappelle le paradoxe d’Olson, les individus, s’ils sont rationnels, n’ont parfois pas intérêt à se mobiliser. En effet, ils peuvent profiter de l’action des autres (amélioration des conditions de travail) sans supporter individuellement le coût d’une mobilisation (perte de salaire liée à un jour de grève). Dès lors, quelles sont les causes, les raisons de cet engagement ?
Il y a 3 causes principales de l’engagement et qui permettent de dépasser le paradoxe de l’action collective.
La première est celle des incitations sélectives. On peut les définir comme le mécanisme par lequel une organisation diminue le coût de la participation, ou augmente le coût de la non-participation, à une action collective afin d’augmenter le nombre de participants à celle-ci. Si les incitation peuvent être positives (avec par exemple une prise en charge du coût de la grève), elles peuvent aussi être négatives lorsqu’il s’agit de sanctionner l’individu qui ne souhaite pas s’engager (par exemple en l’isolant du reste du groupe). Ainsi, les organisations collectives vont utiliser des incitations sélectives positives afin d’inciter les personnes à se mobiliser en leur accordant des avantages ou en diminuant les coûts de leur participation. En effet ces derniers sont souvent des freins à la participation active des adhérents d’une cause. Elles peuvent aussi chercher à pénaliser les personnes qui n’y participent pas par des incitations sélectives négatives. Elles réduisent alors leurs avantages en cas de succès de l’action collective, ou augmentent les coûts de la non-participation. Les incitations sélectives sont donc une des causes de l’engagement politique et elles permettent donc bien de dépasser le paradoxe d’Olson.
Les récompenses que les individus retirent de l’engagement politique ne se résument pas à des récompenses matérielles. La deuxième cause est donc celle des rétributions symboliques, que l’on peut définir comme les récompenses non-matérielles que reçoivent les individus per leur implication dans l’action collective. Les individus trouvent des avantages sociaux et psychologiques à se mobiliser comme le sentiment d’unité, des liens d’amitiés ou encore la mise en valeur de soi. Ces rétributions fonctionnent comme des récompenses qui permettent de compenser le coût individuel de l’engagement politique. On peut illustrer ce propos à l’aide du document 2, un compte-rendu d’un sondage visant à établir les différentes raisons de l’engagement des jeunes dans les associations en 2018. On observe que pour 37% d’entre eux, une des raisons de cet engagement est « Être utile à la société et agir pour les autres ». Parmi eux, 14% considèrent cette raison comme la plus importante. En revanche, seuls 8% le font pour la raison suivante : « Vous pensez que c’est bien vu par les écoles et les employeurs », soit une différence de 29 points de % entre ces deux raisons. Se sentir utile, qui est une satisfaction et récompense non-matérielle, est donc une réelle cause de l’engagement politique. Les rétributions symboliques permettent donc de dépasser le paradoxe d’Olson.
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