Sport et civilisation: la violence maîtrisée
Rapports de Stage : Sport et civilisation: la violence maîtrisée. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ESMatahari • 12 Avril 2013 • 1 727 Mots (7 Pages) • 1 786 Vues
Sport et civilisation: la violence maîtrisée
Norbert Elias & Eric Dunning
La quête du plaisir dans les loisirs
_ On cherche dans les loisirs un certain type d'excitation agréable qui tend à être de plus en plus inhibé dans nos sociétés industrielles et modernes. Il s'est construit progressivement des institutions de contrôle et d'autocontrôle des passions humaines. Par exemple, les crises publiques ont un caractère plus impersonnel de nos jours: alors que les famines ou les violences directes (guerres civiles ou ethniques) déclenchaient des mouvements d'excitation spontanés, nos crises économiques modernes n'entraînent au plus que de longues & amples fluctuations de sentiments bien plus modérés (d'une impression de bien-être et de prospérité à la mélancolie et le desespoir par exemple). L'important est que les individus s'autocontrôle de manière automatique : "Ce contrôle, en partie, n'est plus sous leur contrôle; il fait partie intégrante de la structure de leur personalité"
_ Les activités de loisirs constituent alors une sorte d'enclave où l'excitation, la spontanéité s'expriment. Ce besoin d'expression s'observe dans toute société: c'était la fonction des fêtes dionysiaques chez les Grecs (enthousiasme d'Artistote), des carnavals dans les communautés chrétiennes du Moyen-Age ... La religion exercait souvent cette fonction exutoire. Aujourd'hui, le sport à revêtu ce rôle comme l'atteste l'affaissement des contraintes sociales au sein de nos loisirs.
"classe mimétique" ?
_ Topos de la polarisation loisir/travail qui n'a pourtant rien d'évident. Selon un ensemble de valeurs héritées et de traditions, le travail est un devoir pénible mais moral à accomplir, quand le loisir est déprécié comme l'assouvissement de plaisirs oisifs. L'opinion commune oppose fondamentalement et strictement ces deux valeurs (cf Kant affirmant que le travail cesse d'être moral dès lors qu'il devient agréable) qui deviennent alors complémentaires.
_ En vérité, les deux notions se chevauchent, n'ont rien d'objectif et de fixe. Elias & Dunning distinguent 5
Activités et jeux mimétiques sphères du temps libre, qui n'est pas comme on pourrait le croire directement assimilable au loisir
Travail privé et gestion familiale
Repos
Sociabilité
Besoins biologiques
_ ...
Les loisirs dans le spectre du temps libre
La genèse du sport
_ Beaucoup proviennent d'Angleterre "berceau et mère spirituelle du sport" et se sont répandus principalement à la fin du XIX° et au début du XX° siècle: football (soccer), course de chevaux, lutte, boxe, tennis, chasse au renard, aviron, croquet, athlétisme ... A tel point qu'il semble à un commentateur allemand en 1936 que "les termes techniques anglais se rapportant à ce domaine pourraient devenir le bien commun de toutes les nations, de la même manière que les termes techniques italiens en matière de musique"
> Historique
Sur le sport et la violence
_ Definition du sport
Le football populaire dans l'Angleterre médiévale et prémoderne
La dynamique des groupes sportifs
_ Un sport est une "structure" ou un "schéma" que des êtres humains interdépendants construisent. Comme une micro configuration sociale puisque c'est d'abord un équilibre de tensions et de polarités qui sont organisés et controlés (arbitres, spectateurs, société) autant que regardés et pratiqués.
La dynamique du sport moderne: la recherche de la performance et la valeur sociale du sport
_ Erosion progressive de l'amateurisme en faveur d'une montée du professionalisme. Dans certaine société, le sport acquiert une position centrale voir quasi religieuse: il est source d'identification, de sens et de plaisir.
_ Le concept de "solidarité organique" était clairement utopique. Durkheim supposait un effacement des antagonismes et des conflits entre les individus du fait du niveau élevé des interactions et des liens d'interdépendance imposés par la division du travail.
En vérité, le processus d'élargissement du tissu d'interdépendance social a conduit à une égalisation, ou du moins un amoindrissement des différences de pouvoir entre les individus (entre sexes, classes sociales, générations...). Plutôt que d'apaiser les tensions, l'interdépendance a engendré un processus de "contrôle multipolaire" ou les groupes se soumettent entre eux à des pressions multiples.
De ce fait, ces sociétés sont caractérisés par la fréquence des interactions sportives qui permettent une stratification interne, un classement hiérarchique des sportifs et des équipes.
C'est cette exigence du sport qui agit comme valorisateur d'une entité (club, ville, région) à travers un individu (le sportif de haut niveau), qui ne permet plus au sport d'être simplement un amusement. L'ethique amateur s'efface derriere une ethique de la performance sportive.
Il existe un besoin universel de "dé-routinisation", a fortriori dans les sociétés industrielles urbaines où les pressions quotidennes sont les plus fortes. Les sociétés dites "civilisées", qu'on pourrait qualifier d'"hypersociales" sont celles qui ont le plus recours à l'enclave sociale que constitue le sport.
Ainsi, le sport revet une dimension sacrée. On peut appliquer le concept durkheimien "d'effervescence collective" qui caractérisait les cérémonies religieuses d'aborigènes au sport lui
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