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La construction sociale de l’individu chez Tarde et Durkheim

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Par   •  25 Avril 2014  •  Analyse sectorielle  •  4 368 Mots (18 Pages)  •  1 100 Vues

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La construction sociale de l’individu chez Tarde et Durkheim

ébutons en précisant que ce qui est notre thème ici c’est la religion en tant que fait psychologique, culturel, social. Il ne s’agit donc pas d’étudier comment que les philosophes se sont représentés le divin, les dieux ou Dieu, ou comment ils ont essayé d’en prouver l’existence. Il faut de plus avouer que cette tâche serait démesurée tant cette question a occupé la philosophie depuis ses origines. Même si l’on ne souscrit pas à la thèse de Heidegger selon laquelle toute la métaphysique est une onto-théologie, c’est-à-dire à la fois une ontologie (science de l’être en tant qu’être) et une théologie, on ne doit pas moins reconnaître que cette dernière a très fortement imprégné et même dirigé la pensée philosophique. Le Moyen-Âge est à ce titre particulièrement significatif. Mais il faut bien comprendre que si Dieu est posé comme principe premier de toutes les choses et fondement de la rationalité, il est très difficile d’interroger la religion comme un fait culturel car cela suppose une certaine forme d’autonomie du savoir à l’égard du fait religieux (autonomie à la formation de laquelle la science n’aura pas peu contribué). Tout au plus alors peut-on proposer une étude comparative et une histoire des religions dans lesquelles le christianisme n’est pas lui-même objet de l’étude mais la norme à l’aune de laquelle on mesure le degré de « perfection » des autres religions ; si l’on suppose que toutes les âmes humaines ont reçu un germe de la révélation, on se demandera alors comment celui-ci s’est développé ou comment au contraire il s’est corrompu (avec le polythéisme notamment). Quoi qu’il en soit on est encore bien loin de penser le fait religieux d’un point de vue extra-religieux (ce qui, faut-il le préciser, ne signifie aucunement anti-religieux). On peut penser que l’étude proprement scientifique, philosophique ou anthropologique naît au 18ème siècle, notamment avec Vico, Montesquieu, Rousseau ou encore Kant. Notre objectif ici sera de donner un bref aperçu des problèmes essentiels des réflexions ayant pris la religion comme objet, et cela en suivant non une démarche chronologique mais thématique.

Religion et politique

« Les dogmes de la religion civile doivent être simples, en petit nombre, énoncés avec précision, sans explications ni commentaires. L'existence de la Divinité puissante, intelligente, bienfaisante, prévoyante et pourvoyante, la vie à venir, le bonheur des justes, le châtiment des méchants, la sainteté du contrat social et des lois voilà les dogmes positifs. Quant aux dogmes négatifs, je les borne à un seul, c'est l'intolérance elle rentre dans les cultes que nous avons exclus. » Rousseau, Le contrat social.

Évoquons la figure de Montesquieu. Notons tout d’abord que dans L’esprit des lois, celui-ci n’explique pas les lois des pays en fonction d’une certaine providence, d’une lumière divine, etc ; autrement dit, la religion n’a pas de rôle explicatif. Ce qui l’intéresse, c’est de savoir en quoi une religion peut avoir un effet positif sur la société et un tel effet n’est en aucun cas lié à la vérité dont elle est porteuse. Il faut donc distinguer la fonction sociale de la religion de sa vérité. La religion la plus vraie pourrait avoir des effets désastreux tandis qu’une religion fausse pourrait appuyer une société bien organisée. Ce qui intéresse Montesquieu, c’est donc l’adaptation, le caractère approprié ou non d’une religion à un environnement ou à une forme de gouvernement donné. Ainsi juge-t-il que le protestantisme est adapté à une république, le catholicisme à une monarchie ou encore l’islamisme au despotisme. Ajoutons que pour Montesquieu, c’est une erreur de fonder les lois sur des principes religieux car la religion vise la perfection individuelle tandis que les lois visent le bien-être de la société. Enfin, Montesquieu a également cherché à penser les conditions d’existence d’une multiplicité de religions dans un même pays. Ce dernier, dit-il, doit tolérer la présence de cette diversité mais ceci à condition que chaque religion d’une part, ne perturbe pas le fonctionnement de l’État et, d’autre part, n’entre pas en conflit avec les autres religions.

Rousseau va distinguer quant à lui religion naturelle et religion civile. La religion naturelle, que Rousseau pense sur le modèle stoïcien, repose sur trois dogmes : l’existence d’une première cause qui est origine des mouvements physiques sans lui-même être matériel; l’intelligence de cette cause qui a agi en suivant des lois ; la croyance en l’immortalité de l’âme. Rousseau ajoute que cette religion naturelle, purement individuelle ou intérieure, est suffisante à l’accomplissement de l’homme. Venons-en à présent à la religion civile. Rousseau souligne dans Le contrat social que pour être bien constitué, un État doit posséder une religion qui soit commune à l’ensemble ou du moins au plus grand nombre des citoyens. Mais si l’on observe ce qu’ont réalisé les Anciens, on remarque que la « religion nationale » ne devient finalement rien d’autre qu’une défense acharnée de la Cité avant même tout souci de conservation. Les religions nationales se définissent ainsi par leur intolérance, elles outrepassent les limites de ce que permet la morale, s’opposent aux dogmes de celles-ci et par conséquent entrent en contradiction avec la religion naturelle que tout homme porte en lui. Pour éviter ce « drame », il faudra énoncer les règles d’une religion civile : chaque citoyen fera ainsi profession de foi civile qui devra permettre d’assurer la sociabilité, l’amour de l’autre, etc.

La connaissance de la religion

« La religion, pour entrer en possession de son bien propre, renonce à toute prétention sur tout ce qui appartient à la métaphysique et à la morale, et restitue tout ce qu'on lui a incorporé de force. Elle ne cherche pas à déterminer et expliquer l'univers d'après sa nature à lui comme fait la métaphysique ; elle ne cherche pas à le perfectionner et l'achever par le développement de la liberté et du divin libre arbitre de l'homme ainsi que fait la morale. En son essence, elle n'est ni pensée ni action, mais contemplation

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