L'économie informelle
Dissertation : L'économie informelle. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 30 Juin 2014 • 5 318 Mots (22 Pages) • 1 661 Vues
Rapport Afrique de l’Ouest 2007-2008 Décembre 2008
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2.3.2. ÉCONOMIE INFORMELLE
Le secteur informel est officiellement défini comme « un ensemble d’unités produisant des biens et des services en vue principalement de créer des emplois et des revenus pour les personnes concernées. Ces unités, ayant un faible niveau d’organisation, opèrent à petite échelle et de manière spécifique, avec peu ou pas de division entre le travail et le capital en tant que facteurs de production. Les relations de travail, lorsqu’elles existent, sont surtout fondées sur l’emploi occasionnel, les relations de parenté ou les relations personnelles et sociales plutôt que sur des accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme» (BIT, 1993).
D'un côté, les petits producteurs appartiennent à des réseaux caractérisés par des relations interpersonnelles de confiance et de coopération et liés aux unités domestiques (non dissociation des budgets domestiques et productifs, utilisation de la main-d'œuvre familiale, dilution du surplus au sein des familles). Mais, de l'autre, ils sont insérés au marché et subissent la concurrence.
L’économie informelle traduit les capacités de résilience de sociétés à faible productivité face aux chocs extérieurs8. A bien des égards, son développement peut être considéré comme la réponse apportée au défi de la croissance de la population, donc de la demande d’emplois souvent au détriment de l’accumulation du capital. Le secteur informel est devenu depuis 1980 le principal pourvoyeur d'emploi urbain, même si les entreprises modernes assurent encore 80 % de la valeur ajoutée non-agricole, et il devrait le rester à l'avenir.
L’informel a été, de fait, le principal moteur de la construction des villes et de l’animation de la vie urbaine. En dehors des quartiers « modernes », la ville ouest-africaine d’aujourd’hui est le fruit du travail de l’économie populaire qui bâtit les maisons, fabrique les meubles, crée et transforme les produits agricoles, répare les automobiles, anime les marchés, organise l’épargne, distrait (restaurants, buvettes, troupes théâtrales et musicales) et même soigne (tradipraticiens).
L’informel au cœur de la société
Une ressource au niveau national
Le secteur informel n’est certes pas une spécificité des économies africaines. Il représente entre un quart et un tiers du PIB dans les pays d’Asie ou d’Amérique latine (cf. tableau 2.8). Cette proportion atteint 16 % du PIB pour les pays de l’OCDE9. Néanmoins, les caractéristiques et l’importance économique et sociale de ce secteur en Afrique lui confèrent un caractère singulier.
8 Si l’économie « informelle » concerne aussi l’insertion à une économie maffieuse internationale favorisée par la décomposition des États et un « monde sans loi », cette forme n’est pas traitée ici. 9 Données évaluées à partir d’un échantillon de 21 pays de l’OCDE. Cf. Schneider F., Klinglmair R. (2004): Shadow economy around the World: What do we know?
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Tableau 2.8. Place du secteur informel dans le monde
Part du secteur informel dans le PIB
Part du secteur informel (hors agriculture) dans le PIB Afrique subsaharienne 54,7 % 23,7 % Afrique du Nord 37,7 % 26,3 % Asie 23.9 % 21,5 % Amérique latine 30.6 % 23,4 % Caraïbes 22,2 % 19,7 % Économies en transition 21,7 % 11,8 % Source : Charmes, J. (2000)
En dépit des efforts croissants déployés en vue d’analyser l’économie informelle, les activités correspondantes demeurent insuffisamment mesurées voire non enregistrées dans les comptes nationaux. Au niveau national, on estime que l’économie informelle représente aujourd’hui entre 40 % et 75 % du PIB. Hors agriculture, cette proportion varie de 20 à 37 % selon les pays (cf. tableau 2.9). Ce secteur emploie par ailleurs entre 50 % et 80 % de la main-d’œuvre disponible.
Tableau 2.9. Poids de l’économie informelle dans quelques pays d’Afrique de l’Ouest
Source : Charmes J. (2000)
Une ressource au niveau urbain
Également qualifiée d’économie populaire, l’économie informelle constitue un mode de vie, voire de survie, de la population urbaine, pour laquelle elle permet la satisfaction de besoins fondamentaux : se nourrir, se loger, se vêtir, se former, se soigner, se déplacer. Elle concerne différentes activités alimentaires (distribution, préparation, restauration), de services personnels, de réparation, récupération et recyclage. Le commerce et la distribution représentent la majeure partie de ces activités. Au niveau des principales villes de l’UEMOA (Cotonou, Ouagadougou, Abidjan, Bamako, Niamey, Dakar et Lomé), trois quarts des unités informelles comptent un seul employé et seules 7 % emploient plus de trois personnes, la taille moyenne d’une unité informelle étant de 1,5 personne.
L’informel participe au processus d'urbanisation, en offrant des emplois et de modestes rémunérations à un flux de nouveaux urbains, au prix d'une productivité faible et quasi stagnante. Il est le principal pourvoyeur d’emplois, regroupant entre 65 % et 80 % de l’emploi urbain (cf. tableau 2.10). Au niveau des villes côtières, les unités du secteur informel contribuent à 37 % du Produit Local Brut (PLB)10. Pour la ville sahélienne type, cette contribution est même évaluée à la moitié du PLB (cf. encadré 2.29). 10 Produit Local Brut (PLB) : mesure la valeur des biens et services produits par les unités résidentes et qui sont disponibles pour les emplois finaux (consommation, investissement, etc.).
Année la plus récente
Part du secteur informel total dans le PIB
Part du secteur informel (hors agriculture) dans le PIB (1999/2000) Bénin 71,6 33,6 Burkina Faso 55,8 21,7 Côte d’Ivoire 43,4 24 Guinée- Bissau 58,8 17,5 Mali 61,6 24,2 Niger 76,6 37 Sénégal 51,5 35,1 Togo 72,5 32,2
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Ce secteur contribue en revanche
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