Faut-il laisser les riches s'enrichir sans limites ?

Faut-il laisser les riches s’enrichir sans limites ?

        Nous entendons souvent « les riches sont toujours plus riches tandis que les pauvres restent dans la misère ». Il est vrai que les inégalités ont augmenté ces dernières décennies. Dès lors, les sentiments d’injustice et d’immoralité règnent dans l’opinion publique au point qu’une haine virulente soit exprimée envers les riches. En effet, comment ne pas être furieux lorsque l’on voit dans les journaux tous les scandales de fraudes fiscales, d’évasion fiscale, et j’en passe.

        Cependant, nous pouvons constater, en se plongeant mûrement dans une réflexion plus objective, que cette analyse de la situation des riches et de cette fureur présente contre eux n’est pas justifié. Nous ne prenons pas en compte une donnée importante lorsque nous évoquons ce problème : Que serions-nous sans les riches ? En effet, n’ont-ils pas un rôle important dans le système économique ?

        De ce fait, après réflexion concernant ces deux questions, nous pouvons nous rendre compte qu’il est préférable de laisser les riches s’enrichir sans aucune limite, dans la perspective d’un futur économique et sociale plus sain pour tout le monde.

        Pour justifier ce propos, nous allons voir tout d’abord que cet enrichissement sans limite est un principe même du système capitaliste dans lequel on vit aujourd’hui, en s’appuyant sur la moralité que cela implique de priver un individu de sa richesse, mais aussi à travers la théorie du ruissellement, soulignant qu’il est préférable économiquement de laisser les riches s’enrichir. Ensuite, nous verrons que pour combattre le problème de pauvreté, auquel l’opinion publique pense éradicable en empêchant l’enrichissement des plus riches, n’est pas traité de manière optimale et que ce ne sont pas les riches qu’il faut viser par des mesures extrêmes. Enfin, nous expliquerons en quoi le réinvestissement de la richesse des riches dans le système économique doit se faire de leur gré et non de politiques contraignantes pour qu’il soit bénéfique, et qu’il n’y a donc aucune raison de contraindre leur enrichissement.

        Le capitalisme est le système économique que nous avons choisi de poursuivre au cours de ces dernières années et il est celui qui a permis l’enrichissement et le développement de notre société. Or, le capitalisme prône le fait de laisser les riches s’enrichir sans aucune limite, et que chacun doit rechercher son enrichissement personnel.

        Tout d’abord, il serait tout simplement moralement injuste d’empêcher les individus d’enrichir leur propriété privée, au sens où nous ne pouvons pas empêcher une personne de rechercher son bonheur personnel, son bien-être, et donc l’augmentation de son patrimoine. Nous retrouvons cela dans la définition même du capitalisme, souvent reprise par David Ricardo dans son ouvrage Principles of Political Economy and Taxation (1817), basé sur la propriété privée, le libre échange et la libre concurrence. Le concept de liberté est donc très présent dans le capitalisme, et empêcher les riches de s’enrichir serait ainsi une contrainte à cette liberté que dispose chaque être humain dans notre société. De cette liberté découle également le choix que nous disposons concernant la dépense de nos revenus. En effet, le capitalisme repose sur l’échange marchand, c’est-à-dire sur l’accord passé entre deux partis pour un bien moyennant un autre bien. Appuyons-nous sur les travaux de Robert Nozick pour argumenter ce propos. Ce dernier défendit dit l’idée que les inégalités pouvaient se creuser avec une personne riche voyant sa fortune s’agrandir sans que cela pose le moindre souci aux plus démunis. Pour cela, il prit l’exemple du basketteur Wilt Chamberlain qui percevait 25 cents du prix des billets d’entrée pour les matchs de son équipe. R. Nozick montre que les personnes de l’époque savait qu’elles donnaient une partie de leur revenu directement à Chamberlain et que ce dernier agrandissait sa fortune considérablement, mais qu’ils choisissaient quand même de lui donner pour le plaisir que cela leur procurait de le voir jouer. Ainsi, un riche qui s’enrichissant encore plus n’est pas forcément basé sur un système d’exploitation qu’il faut absolument couper, il peut également être le fruit d’un accord entre deux partis.

        Plus encore, il est, selon certains économistes, bon de laisser les riches s’enrichir en se basant sur la « théorie du ruissellement ». Les thuriféraires de cette théorie affirment que « la richesse entraine la richesse », et qu’il serait ainsi inconcevable d’empêcher l’augmentation de cette richesse. La théorie du ruissellement repose sur le fait que l’enrichissement des plus riches permettrait l’enrichissement des moins riches par le biais d’une redistribution dans la consommation, à travers la nourriture, les bijoux et autres produits marchands ; ou alors par l’investissement qui serait ainsi placé sur les marchés boursiers par exemple, et qui permettrait ainsi de financer l’activité économique. Dans tous les cas, pour les partisans de cette théorie, il faut laisser les riches s’enrichir sans limite. Cette théorie a notamment été un point d’appui pour Ronald Reagan lorsqu’il fut président des Etats-Unis de 1981 à 1989. Le taux marginal d’imposition est passé de 70% à 28%, ce qui a entraîné une hausse des inégalités certes, mais surtout une baisse du chômage, et donc une amélioration du bien-être pour les personnes qui souffraient de cette situation.

        De ce fait, nous avons pu constater que laisser les riches s’enrichir sans limite était un principe même du capitalisme et qu’il était nécessaire, notamment à travers la théorie du ruissellement, que cela reste ainsi.

        Maintenant, nous allons voir que la véritable cause de la pauvreté n’est pas l’enrichissement des plus riches, mais que le problème réside plutôt ailleurs.

        Le problème n’est pas que les riches s’enrichissent, mais plutôt que la façon dont le problème de la pauvreté est traité n’est pas efficace.

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