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Louis Wirth, "introduction" & "La signification sociologique du ghetto", in Le Ghetto, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2006, pp. 17-23 et pp. 235-240

Commentaire de texte : Louis Wirth, "introduction" & "La signification sociologique du ghetto", in Le Ghetto, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2006, pp. 17-23 et pp. 235-240. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  12 Février 2023  •  Commentaire de texte  •  1 821 Mots (8 Pages)  •  308 Vues

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Fontaine Liberman Nicolas  

Commentaire de texte :  

Louis Wirth, "introduction" & "La signification sociologique du ghetto", in Le Ghetto, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2006, pp. 17-23 et pp. 235-240

 

Louis Wirth est un sociologue américain faisant parti de l’école de Chicago. Né en 1897 en Allemagne dans une famille juive, il émigre à 14 ans aux Etats-Unis où il va faire ses études à l’Université de Chicago. Or, à partir des années 1910, cette Université fut un centre d’innovation en termes méthodologiques et de production de données sociologiques. Etant le lieu de naissance de la première école de Chicago qui s’est poursuivit jusqu’au milieu du 20ème siècle, ce mouvement de pensée se démarque tout d’abord par ses objets d’études. Ceux-ci concernent par exemple la déviance, les minorités raciales et ethnique ou encore les migrants et les marginaux qui sont considérés comme des problèmes sociaux. Ensuite, cette école se démarque par sa méthode appelée inductive partant du terrain et qui privilégie les enquêtes longues et immersives afin d’en tirer des conclusions et produire de la doctrine. C’est dans ce contexte théorique que L. Wirth écrit en 1925 sa thèse publié trois ans plus tard intitulé, The Ghetto, qui va être reconnu comme un classique de la sociologie américaine. Formé par les têtes pensantes de la première école de Chicago tel que William Thomas, Robert Park ou encore Ernest Burgess, L. Wirth va très vite s’imposer comme l’un des principaux acteurs de l’école de l’« écologie urbaine ». Fondé par R. Park, cette école pense la ville comme un écosystème qui fonctionne comme un tout organique qui aurait sa propre dynamique et dans lequel l’ensemble des faits sociaux qui s’y produisent sont en interdépendance. Etant un chercheur engagé, Wirth va militer tout au long de sa carrière pour la défense des minorités et l’amélioration de leur conditions de vie. Lui-même immigré et issue d’une minorité religieuse stigmatisé, sa thèse, The Ghetto, dont l’introduction et le chapitre sur « La signification sociologique du ghetto » feront l’objet de notre analyse dans ce commentaire, est le reflet de cet engagement militant. Consacrée à l’étude de la communauté juive de l’Ouest de Chicago, elle cherche à dévoiler et expliquer un type d’organisation encore tabou mais nécessaire dans le processus d’assimilation. En plus de porter les valeurs de son école de pensée en s’intéressant à la migration et des populations marginales, son passé appuie son analyse qui va rendre sa thèse d’autant impactante. L. Wirth va dans ce travail faire une étude sociologique des ghettos. Pour ce faire, il retracera dans un premier temps l’étymologie et l’histoire des ghettos (I) afin d’approfondir dans un second temps les enjeux et les mécanismes d’une telle organisation sociale (II).  

 

Wirth introduit sa thèse en définissant le concept de « ghetto ». Seulement, le sociologue se confronte à un premier problème qu’est le floue épistémologique du terme et de ses différentes définitions en fonction des pays et ses déclinaisons. En effet, plusieurs définitions s’affrontent, les Italiens l’utilisaient pour définir l’acte de divorce (« Guetto ») tandis que pour les Allemands cela désignait une cage (« Gitter »). D’après Wirth, c’est une autre définition italienne aurait l’origine la plus plausible avec le mot « Gietto » qui désignait la fonderie de canons de Venise près de laquelle était installé la première communauté juive. Ainsi, l’origine du mot ghetto illustrait le quartier juif d’une ville. Cette thèse est d’autant plus plausible que d’un point de vue historique, dans l’Europe médiévale, les juifs étaient stigmatisés et de nombreux termes étaient utilisés pour qualifier les quartiers juifs de l’époque en fonction des pays tel que le mot « Juiverie » qui était utilisé en France. En effet, L. Wirth appuie le fait que les espaces étaient très délimités, presque cartographiés sur où se trouvaient les juifs. Cette délimitation géographique se retrouve dans la Russie du 18ème siècle dans laquelle les juifs étaient parqués afin d’avoir l’ascendant sur eux et de les empêcher de se « propager » dans le pays. Ces quartiers sont alors réellement des lieux de stigmatisation et de confinement d’une population marginalisé, à l’origine juive, qui a pour but de mettre à l’écart et d’empêcher tout brassage ethnique avec la population locale. Cette analyse peut sembler en contradiction avec cette idée de « transition » dans un but d’assimilation futur. On peut d’ailleurs ici mettre en parallèle l’objectif originel du ghetto qui sert à mettre à l’écart et d’empêcher toute « propagation » des juifs traité comme on traite une maladie. Avec l’idée de dépravation des mœurs porté par des intellectuels américains de la fin du 19ème et début du 20ème siècle qui, en réaction à de fortes vagues migratoires internes et externes aux Etats-Unis qui transforment les villes, veulent défendre la morale sociale en enraillant les « pathologies » apportées par les populations pauvres tel que l’alcoolisme, le divorce, la prostitution, etc… Par la suite, Wirth s’intéresse à la signification du ghetto à son époque qui désigne toujours une aire géographique mais qui n’est plus caractérisée par la présence de juifs mais par la présence de populations nouvellement immigrées : « Dans nos villes américaines, le ghetto désigne plus particulièrement l’aire de première résidence, c’est-à-dire ces secteurs de la ville où l’immigrant vient s’établir peu après son arrivé en Amérique » (Louis Wirth, « Introduction », The Ghetto, Presse universitaire de Grenoble, 2006, page 19). C’est une observation partagée par ses enseignants R. Park et E. Burgess qui qualifient cet espace de « Vice Slum », lieu où se situent les ghettos, entre le centre-ville appelé « Loop » et le « second immigrant settlement », qui est une zone principalement peuplée d’ouvriers, dans leur article de presse universitaire intitulé The City publié en 1925. Seulement, l’objectif de ces quartiers restent le même : « du point de vue administratif, le ghetto a servi d’instrument de contrôle » (ibid, page 20). Cette vision sécuritaire persiste qui sert donc d’outils d’analyse et de concentration de populations marginales. Néanmoins, L. Wirth tend à montrer l’intérêt sociologique du ghetto qui « est le résultat des efforts accomplis par un peuple pour s’ajuster, du moins en apparence, à une population étrangère au milieu de laquelle il s’est établit » (ibid.). Le ghetto serait donc une étape dans l’intégration des populations immigrés dans l’objectif de s’assimiler à celle-ci. Ainsi, le ghetto est un moyen de définir le regroupement d’une population ciblé dans un environnement urbain, qui, en plus, est un moyen pour ces populations de perdurer dans le temps en gardant leur héritage et leur histoire mais tout en s’intégrant au milieu urbain qui se développe : « le ghetto révèle comment, de manière subtile, cette communauté culturelle se transforme peu à peu jusqu’à se fondre dans la communauté environnante, tout en réapparaissant sous diverses formes plus ou moins altérées de son aspect primitif, mais encore nettement identifiables » (ibid.).  

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