Encaisser ! Enquête et immersion dans la grande distribution
Dissertation : Encaisser ! Enquête et immersion dans la grande distribution. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar vietnamien • 28 Septembre 2016 • Dissertation • 3 645 Mots (15 Pages) • 890 Vues
UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE LOUVAIN |
Encaisser |
Travail de lecture sur un ouvrage sociologique |
Vo Tri Trung – 7304-11-00 |
22/05/2014 |
Une synthèse écrite dans le cadre du cours de Théorie et Concepts en sociologique du professeur Marc Zune. (LPOLS1234) |
Dans le cadre du cours de théorie et concept en sociologie, j’ai rédigé une synthèse argumentée à la lecture d’un ouvrage sociologique au choix. Pour ce deuxième travail, j’ai trouvé intéressant de lire Encaisser de Marlène Benquet. Cette synthèse est structurée en deux parties. Dans un premier temps, nous aborderons la thèse défendue par Marlène Benquet qui sera appuyée par des idées et argumentations. Ensuite, la deuxième partie fera l’objet d’un approfondissement de deux concepts vus dans la partie argumentation. Nous continuerons dans cette synthèse par l’influence et la pérennité de l’œuvre. Enfin, nous conclurons en plaçant le livre dans un des grands courants de la sociologie.
L’ouvrage de Marlène Benquet, Encaisser ! Enquête et immersion dans la grande distribution porte bien son nom. Ce livre permet au lecteur de s’immerger dans le monde de la grande distribution française. Par la méthode de l’observation participante, Marlène Benquet nous fait voyager au sein d’une entreprise, anonymisée Batax, à diffèrent échelons. Son enquête se déroule en quatre phases : comme stagiaire auprès de la direction des ressources humaines, en tant que caissière à temps partiel, un stage dans l’organisation syndicale Force Ouvrière majoritaire de l’entreprise et en tant que spectateur auprès d’une personne en charge des interviews de mesure du climat social. À la lecture, nous reconnaissons aisément que l’entreprise nommée à l’occasion Batax est en réalité le groupe Carrefour. Encaisser, issue de sa thèse en sociologie, Marlène Benquet a voulu comprendre les problématiques d’une ancienne entreprise familiale, devenue en quelques décennies, le numéro 1 en Europe et le numéro 2 au niveau mondial dans le secteur de la grande distribution.
À travers ses observations, Marlène Benquet tente de répondre à la question : « pourquoi ne se révolte-t-on pas davantage dans le nouveau capitalisme financier ? », alors que ce secteur et ces conditions de travail se dégradent fortement. Il faut d’abord comprendre l’histoire du groupe où il y a eu des changements dans la gestion. De plus, Benquet remarque un hiatus entre les anciens et nouveaux cadres dû au bouleversement de gestion. Alors qu’en bas, les caissières sont là « par défaut » ou sont « coincées » à cause de leur situation familiale. Entre deux, il y a le syndicat qui fait figure de « circuit de refroidissement ». N’importe la position dans la hiérarchie du groupe, les individus ne sont pas convaincus du fonctionnement de Batax mais sont coincés dans ce nouveau capitalisme actionnarial. Chacun fait ce qu’il a à faire pour maintenir la paix sociale.
Pour comprendre pourquoi les ouvriers et employés continuent à s’investir dans leur travail tandis que leur rémunération et leurs conditions de travail se dégradent. Marlène Benquet retrace le fil qui relie une décision de profit imposée par une actionnaire à la centaine de milliers de caissières. Je vais rependre ci-dessous les différents dysfonctionnements à chaque strate du groupe Batax.
Premièrement, je vais replacer le contexte historique. Comme citer ci-dessus, le groupe Carrefour a subi des grands changements ses dernières années. Entre les années 70 et la moitié des années 80, les directeurs des magasins et les chefs de rayon avaient la possibilité de faire le choix des produits à la centrale d’approvisionnement. Mais petit à petit, en 1980, le siège social commençait à prendre du pouvoir et la logistique se perfectionnait. Sous la directive de la direction, les centrales d’approvisionnement deviennent des centrales d’achat ce qui limitent la marge de manœuvre des chefs de magasins et de rayons. Après les années 2000, le peu de pouvoir qui leur rester s’envole dû à des nouvelles politiques de centralisation, d’économie des couts et de produits qui ont été instaurées de façon unique à l’ensemble des magasins du groupe. En 2008, ayant besoin d’une financiarisation, Carrefour passe dans les mains d’un fonds d’investissement formé par Arnault Bernard et Colony Capital ce qui entraine une politique drastique de réduction des couts et une restructuration. En quelques années, l’ancienne entreprise familiale a basculé d’une gestion décentralisée et paternaliste à une gestion hypercentralisée et financière.
Au niveau du « haut », le changement de direction a un impact sur le fonctionnement de l’entreprise. Une logique de financiarisée a pris place au sein de l’entreprise. De plus, l’auteure soulève un hiatus entre les anciens cadres et la nouvelle génération de cadre. Cette dernière est nettement plus tracassée à satisfaire les actionnaires et met en place un type de management plus axé sur de nouvelles méthodes de communications et l’utilisation de nouveaux outils. Cependant, on souligne un autre problème à cela. Le cas du département des ressources humaines l’illustre parfaitement. Elle ne répond plus à sa fonction première, car son objectif est de « faire passer » les décisions prises par le comité d’exécution auprès des salariés. Cependant, la tâche est complexe, car la marge de manœuvre du département est fortement limitée et celle-ci n’est pas toujours informée totalement sur l’implication des stratégies et objectifs. En bref, la mission du directeur des relations sociales est de faire légitimer les objectifs du groupe Carrefour, cela sans pouvoir et ni information.
On peut rajouter que même si ceux-ci se trouvent en haut de la hiérarchie, que ça soit l’élite des directeurs ou le PDG du groupe, ceux-ci sont sous la surveillance des actionnaires. Il n’y a pas que le département des ressources humaines qui est limité dans sa marge de manœuvre. L’ensemble des cadres supérieurs n’est qu’un ensemble d’individus qui sont en concurrence les uns et les autres et qui sont partiellement informés. Cela est causé notamment par le placement de nouveaux cadres à des postes à responsabilités. Ces nouveaux individus, ne partageant pas la vision des anciens, sont confrontés au même problème de communication. Ce qui en résulte que chacun ne croit plus, ou pas, à ce qu’il fait. Ne sachant pas très bien ce qu’il peut faire, l’individu fait son travail dans le brouillard afin de ne pas être exclu du circuit.
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