La place des actions infirmières dans la prise en charge de la douleur chronique
Mémoire : La place des actions infirmières dans la prise en charge de la douleur chronique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Claire Orefice • 27 Février 2022 • Mémoire • 24 032 Mots (97 Pages) • 505 Vues
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Introduction :
Au cours de mes années de formation en soins infirmiers, j'ai eu l'occasion de faire des stages dans différents services. Je me suis alors rendue compte que dans tous types de services, des patients souffrant de douleurs chroniques peuvent se présenter.
Ces patients « connaissent » leur douleur et leur fonctionnement, ils sont capables de les anticiper afin de mieux les gérer. Cependant, il m'a semblé que dans certains cas, le fait d'anticiper sa douleur ; par habitude, ou par peur qu'elle ne survienne empêche les soignants de savoir quand le patient à réellement mal et comment.
Il existe différentes échelles d'évaluation de la douleur. Durant mes stages, j’ai remarqué que l’on utilisait souvent deux échelles numériques à la fois : une évaluation faite par le patient et une autre faite par l'infirmier. Ainsi cela permet de ne pas laisser la subjectivité de l'un ou de l'autre "fausser" l'évaluation. Mais quelles sont les limites de cette évaluation ? Y a-t-il d'autres outils d'évaluation de la douleur ? En tant que future infirmière, il me semble indispensable d'être capable de pouvoir évaluer le plus justement la douleur.
La notion de douleur est subjective puisqu’elle peut être ressentie de façon extrêmement différente en fonction des individus mais aussi pour une même personne selon son environnement. Cette différence s’explique par le lien étroit entre la douleur et le contexte psycho-social. Ainsi, je pense qu'il est intéressant de se pencher sur cet aspect car c'est une composante qui influe sur le vécu cette douleur.
Il est évident que les traitements médicamenteux que l'on dispense aux patients douloureux sont indispensables à leur prise en charge, mais compte tenu des effets secondaires, et dans certains cas même leur toxicité, il est intéressant de se pencher sur les traitements non médicamenteux qui pourraient avoir un rôle de complément voire de substitut chez certains patients atteints de douleurs chroniques.
Dans ce mémoire de fin d’études, j’explore et étudie tous les aspects de la douleur, d’un point de vue médical, législatif, économique et social, psychologique. J’approfondirai ensuite mes recherche sur la douleur chronique et la prise en charge proposée en France, thème de ce travail.
Selon l'INSERM, 15 à 25% de la population souffre de douleur chronique. Cette douleur augmente avec l'âge. La douleur chronique peut engendrer un réel handicap dans la vie quotidienne. Ainsi la prise en charge de la douleur chronique a une importance socio- économique élevée car elle a un impact sur la qualité de vie et sur le système de santé publique.
Depuis 1994 la réflexion concernant l’amélioration de la prise en charge de la douleur est plus
présente. Le 4 Février 1995 la loi hospitalière1 est mise en place. Elle impose aux
établissements hospitaliers de mettre en oeuvre des moyens concrets à la prise en charge de la douleur de patients qu’ils accueillent. En 1998 le premier plan de lutte contre la douleur voit le jour. Trois autres plans de lutte se succéderont jusqu’en 2010.
Les professionnels soignants sont maintenant formés à la prise en charge de la douleur. Pour les infirmières, cette formation passe par une formation initiale qui commence dès l’institut de formation en soin infirmier. De cette première étape les infirmières ont a présent la possibilité de poursuivre cette formation en Master. Enfin, compte tenu de l’avancement rapide des techniques et connaissances dans le milieu de la santé, les infirmières ont aussi une obligation de formation continue faite directement dans les établissements de santé.
La prise en charge de la douleur est aujourd’hui un réel enjeux de santé notamment du fait du vieillissement de la population dont en découle un développement des soins palliatifs.
Loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé (n° 2002-303 du 4 Mars 2002)
« Toute personne a le droit de recevoir les soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit- être en toute circonstance prévenue, évaluée, prise en compte et traitée »
« Les professionnels de santé doivent mettre en oeuvre tous les moyens à leur disposition pour
assurer à chacun une vie digne jusqu’à la mort »
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1 Loi n°95-116 du 4 février 1995 : Introduit la notion d’obligation vis à vis de la prise en charge de la douleur pour les établissements hospitaliers.
Constat et questionnement.
Situation d'appel et questionnements :
Ma situation d'appel est tirée de mon stage en soins de suite et de réadaptation gériatrique, lors du semestre 4. Pour la distribution des traitements, j'accompagne l'infirmière.
Madame D est sous antalgiques, pour traiter des douleurs articulaires inflammatoires chroniques. Depuis 3 jours, la dose de son traitement a été diminué de moitié car Madame D est moins douloureuse. Ce matin, Madame D a évalué sa douleur à 0/10. A midi, en lui apportant son traitement, Madame D me sourit, puis elle porte son regard sur son petit pot de comprimés. Elle me demande alors pourquoi il lui manque un comprimé blanc. Je retourne voir la prescription pour vérifier qu’aucune erreur n’a été commise, et je reviens pour lui expliquer que son traitement antalgique a été diminué. Madame D se décompose en m'expliquant que, sans sa « dose habituelle », elle va avoir mal. Pourquoi Madame D. n’a-t- elle pas été informée de ce changement de prescription ?
J'essaie de la rassurer en lui disant que le médecin pense que cette dose est suffisante. De plus, la dose a déjà été diminuée depuis 3 jours et jusqu'à maintenant, tout va bien, les douleurs ne sont pas revenues. En donnant ces précisions à la patiente, je ne me sens pas très à l’aise car j’ai l’impression de « trahir » le médecin. Voulait-il tester la nécessité de donner des antalgiques à Mme D ? Dans la loi des Droits du malade, il est dit que le patient doit être informé des décisions qui sont prises pour lui. Pourquoi le médecin n’a-t-il pas prévenu Madame D ?
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