Les Besoins Nutritionnels De L'homme Et Les Facteurs De Variabilité De Ces Besoins
Rapports de Stage : Les Besoins Nutritionnels De L'homme Et Les Facteurs De Variabilité De Ces Besoins. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar smartmoney • 10 Mars 2013 • 12 234 Mots (49 Pages) • 3 499 Vues
Publié le : 29 septembre 2004
Publication antérieure :
29 avril 2004
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Auteur :
Dominique Dupagne
Dépistage du cancer de la prostate
Des sons de cloches bien différents suivant les acteurs pour un problème de santé publique majeur.
Il faut dépister, "prendre à temps". La médecine préventive et la lutte contre le cancer sont à la mode, encouragées par notre cher Président. Mais maîtrisons nous vraiment nos actions ? Le primum non nocere n’a-t-il pas été enterré un peu vite sous des intérêts commerciaux ?
Ajout du 23 mars 2009
Certains aspects de cet article sont obsolètes du fait de l’actualité scientifique. Consultez cette mise à jour http://www.atoute.org/n/article117.html et cette décision de la HAS sur le dépistage du cancer de la prostate.
Il existe peu de sujets aussi controversés que le dépistage du cancer de la prostate. En effet, on attend toujours la preuve de l’efficacité de ce dépistage, c’est à dire la preuve que les hommes dépistés par le toucher rectal ou le dosage des PSA vivent plus vieux ou en meilleure santé que ceux que l’on laisse tranquille.
La raison en est double :
- les traitements curatifs sont peu efficaces, c’est à dire qu’ils modifient peu la probabilité de mourir d’un cancer de la prostate.
- la présence de cellules cancéreuses dans la prostate d’un homme de 60 ans est très fréquente (un homme sur trois) alors qu’une très faible proportion de ces cellules cancéreuses va aboutir à un vrai cancer.
Rechercher ces cellules, c’est risquer de les trouver, sans savoir ce que l’on va en faire... Cette dure réalité a conduit l’ANAES, agence française d’évaluation en santé, à ne pas recommander le dépistage de ce cancer
En effet, le traitement du cancer de la prostate dépisté est tout sauf anodin : prostatectomie radicale ou radiothérapie, avec à la clé une impuissance très fréquente, et parfois une incontinence définitive. Il est rare en France que la patient soit prévenu de la possibilité de cette issue au moment du dosage des PSA.
Les suisses, pour qui l’information du patient est fondamentale (contrairement à un certain dogmatisme français) insistent sur ce point
Une étude récente, très attendue, est venue confirmer l’intérêt anecdotique de ce dépistage : http://content.nejm.org/cgi/content/short/347/11/781
Grosso modo, on sauve quelques hommes en les dépistant, on en tue d’autres, et le bilan global ne montre pas de différence significative en terme de mortalité.
Bref, s’il y a un sujet difficile, dans lequel nous ne savons pas si notre action est utile, c’est bien le dépistage du cancer de la prostate. Or au milieu de tout cela, comme d’autres associations anglosaxonnes, l’Association Française d’Urologie (AFU) notamment par la voix de son Président, clame un peu partout qu’il faut dépister à tout va dès 50 ans par le toucher rectal et le dosage des PSA.
Aussi bien dans la presse professionnelle que grand-public, le dépistage du cancer de la prostate est présenté par l’AFU et ses représentants comme un enjeu de santé publique, une réalité prouvée et incontournable.
Sur son site http://www.urofrance.org, l’AFU présente notamment une plaquette destinée aux patients dans laquelle il n’est nulle part fait mention d’un doute quand à l’efficacité du traitement curatif :http://www.urofrance.org/pdf/AFU_prostate_tract_a5.pdf
La plaquette destinée aux médecins généralistes, ne vaut guère mieux. On y lit notamment "Un cancer de la prostate, diagnostiqué avant 65 ans, tue 3 fois sur 4 s’il n’est pas traité." Cette phrase laisse entendre que le diagnostic et le traitement vont sauver 3 personnes sur 4 ; elle correspond à de la manipulation de données. http://www.urofrance.org/pdf/AFU_prostate_depliant_mg.pdf
Dans le même ton, on peut lire sous la plume du Dr Philippe Mangin, président de l’AFU : "Les urologues de l’AFU espèrent sensibiliser les praticiens et les particulièrement les médecins traitants à ce sujet d’actualité sur lequel se penche déjà un groupe de travail de l’ANAES, mais nous savons qu’il y aura des objections à la fois financières et culturelles" [1].
En d’autres termes : les médecins traitants manquent un peu de culture et sont radins, comme les experts de l’ANAES, alors que nous les urologues de l’AFU, ne songeons qu’au bien être de nos patients ...
Il est intéressant de se pencher sur les recommandations de l’AFU http://www.urofrance.org/lienbiblio.php ?ref=C2-2002-00120029type=HTMLlang=fra
Ce long document comporte une phrase clé : "Le dépistage du cancer de prostate par dosage du PSA a pour objectif la détection d’un cancer prostatique à un stade précoce et asymptomatique. Plus le diagnostic du cancer est fait à un stade précoce, plus les chances de guérison du patient sont élevées (2, 3, 4, 5, 6, 7)."
Ceux qui iront consulter les références 2 à 7 pourront constater qu’aucune de ces références ne saurait étayer cette affirmation, d’ailleurs ambiguë (guérir ou sauver le patient ?). En revanche, bien que la mise en ligne de ces recommandations date de décembre 2002, le travail fondamental déjà cité (http://content.nejm.org/cgi/content/short/347/11/781) n’est pas mentionné.
En bref, on est dans de l’avis d’expert, bonne vieille méthode franchouillarde, et on continue à mutiler tous les ans des milliers d’hommes sans savoir si cela sert à quelque chose ou pas [2].
La forte distorsion qui existe entre les recommandations de l’AFU et celles d’autres sociétés savantes ne devrait-elle pas conduire les pouvoirs publics à s’interroger sur les causes de ces différences ?
Un moratoire sur ce dépistage contestable s’impose. Il y a là un beau gisement d’économie potentiel pour la sécurité sociale.
Une bibliographie francophone en ligne de qualité est disponible sur le site du CHU de Rouen
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