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La contentions physique

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Par   •  23 Mars 2014  •  2 057 Mots (9 Pages)  •  1 083 Vues

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Première semaine à l’UHTCD (Unité de soins de très courte durée) aux urgences.

Arrivée en poste de matin, l’infirmier et moi-même prenons les transmissions du poste de nuit. Madame D, 75ans est arrivée cette nuit pour hyperthermie. L’infirmier de nuit nous transmet que ses constantes sont bonnes mais qu’il a mis en place des contentions dont il a parlé au médecin car Madame D a passé une nuit agitée et qu’il avait fallu reposer trois fois la voie veineuse périphérique car celle-ci l’avait arrachée. Madame D présente des troubles cognitifs.

Je me rends dans la chambre de Madame D vers 6h15, celle-ci me demande de lui enlever les contentions car elles lui font mal et qu’elle se sent traitée comme une moins que rien ici. Je replace les contentions de manières à ce qu’elles soient moins serrées et explique à la patiente le pourquoi de sa contention. Vers 7h00 je me rends à nouveau dans la chambre de Madame D car je dois lui faire une prise de sang. Je m’installe, j’enlève la première contention au bras droit de Madame D, elle me remercie et me dit que cela lui fait du bien. Je discute quelques instants avec elle et me rend compte que la patiente est calme, j’enlève alors l’autre contention au bras gauche. La patiente me sourit. Je continue la discussion, je reste calme. J’effectue mon soin sans rencontrer la moindre difficulté. La prise de sang terminée, Madame D commence à me parler de choses personnelles, de sa vie, de ce qu’elle a fait, de ces enfants. Je sors ensuite de la pièce sans remettre les contentions et en expliquant à la patiente qu’il faut qu’elle reste calme, qu’elle demande si elle désire ce lever car nous sommes à son entière disposition.

Je vais par la suite voir l’infirmier en service et lui explique que madame D a était très calme durant tout le soin et que je ne lui ai pas reposé les contentions. Il me répond qu’il faut que je les lui remette car elle risque de chuter ou de s’arracher la perfusion.

J’insiste en lui disant que je surveille la patiente, il me répond que je fais comme bon me semble et que si il arrive quelque chose je dois voir avec le médecin. En formation et devant la réaction de l’infirmier, je suis retourné dans la chambre poser à nouveau les contentions à Madame D. Celle-ci m’a demandé pourquoi j’agissais de la sorte ? Que j’étais comme les autres et que je ne comprenais pas qu’elle ne faisait rien de mal.

Cette situation ma blessée, je ne me suis pas senti dans une prise en charge optimale.

Je me suis demandais si c’était vraiment la peine de mettre des contentions à cette dame ? Si une autre prise en charge ne pouvait pas être mise en route?

Le fait que madame D se lève, risque de chuter ou de s’arracher la perfusion est- il un prétexte pour l’attacher ?

La contention physique, dite passive, se caractérise " par l'utilisation de tous moyens, méthodes, matériels ou vêtements qui empêchent ou limitent les capacités de mobilisation volontaire de tout ou partie du corps dans le seul but d'obtenir de la sécurité pour un patient qui présente un comportement estimé dangereux ou mal adapté ".

Il existe différents moyens de contentions physique comme les gilets et les sangles thoraciques, les ceintures, les attaches poignets et cheville, les sièges gériatriques et les barrières au lit.

Les contentions sont utilisées comme soins, le soignant veut éviter un risque au patient (notion de sécurité pour la personne, risque de chute…), seulement cette pratique apporte souvent aux patients un sentiment de punition. C’est ce que j’ai pu ressentir lors de cette situation avec Madame D.

D’après une évaluation de l’ANAES (Agence Nationale d’Accréditation et d’évaluation de santé ), « L’analyse de la littérature révèle que la crainte de chute chez la personne âgée représente le premier motif d’utilisation de contention. Cette pratique, qui devient une habitude, perdure car la plupart des soignants pensent que réduire la contention reviendrait à faire prendre des risques excessifs aux personnes âgées. Les troubles comportementaux tels que l’agitation et la déambulation correspondent aux autres motifs les plus souvent cités. »

« La décision de contention se fonde plus sur une impression de la présence d'un risque que sur une évaluation précise de ce risque. Cette perception est certainement confortée par le sentiment que l’absence de contention ferait courir un risque médico-légal au soignant. Prouver et convaincre que la réduction des contentions ne s’accompagne pas d’une majoration des chutes et des blessures est donc fondamental pour changer les représentations et les pratiques dans ce domaine. »

Dans la situation de Madame D , l’infirmier et moi-même n’avons pas pris le temps d’évaluer ce risque. En effet après les transmissions de l’infirmier en poste de nuit nous avons pensé que les contentions étaient ici un moyen de palier à l’agitation de Madame D, à son risque de chutes et au risque d’ablation de la voie veineuse et par conséquent du traitement par voie intraveineuse.

Paradoxalement en voulant bien faire le soignant entrave souvent la suite de la prise en charge.

Mr Palazzolo J , médecin psychiatre français spécialisé en psychopharmacologie et en thérapie cognitivo-comportementale , s’appuyant sur deux études, l’une de Shéridan et Al, l’autre de Strumpf et Evans, montre que « dans l’ensemble, les malades ont une opinion négative sur le fait d’être contenus. Ils expriment de la colère, de l’anxiété, une impuissance, se disent troublés, tristes, frustrés, ou éprouvent d’autres sentiments négatifs. »

De plus, les méthodes de contentions s’opposent à la charte de la personne âgée ( Article 1 : Toute personne âgée dépendante garde la liberté de choisir son mode de vie. Article 3 : Toute personne âgée dépendante doit conserver la liberté de communiquer, de se déplacer et de participer à la vie de la société.)

La mise en place de contentions est vécue de façon difficile par le patient mais également par certains soignants.

Deux auteurs Strumpf et Evans on analysés le vécu des infirmières concernant l'utilisation de contentions physiques chez des sujets âgés, ils rapportent que « celles-ci concilient difficilement la contention avec le respect de l'autonomie et de la dignité de ces patients. Pour autant et en cas d'absence de contention concernant notamment les personnes

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