Cours UE 1.2 S2 IFSI - Cultures et Rites
Cours : Cours UE 1.2 S2 IFSI - Cultures et Rites. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Pseudo1994 • 28 Décembre 2022 • Cours • 5 462 Mots (22 Pages) • 398 Vues
Cultures et rites
I] Cultures: entre anthropologie et sociologie:
Il y a plusieurs approches de la culture en fonction de la discipline. De façon très classique, et schématique, l’anthropologie opposait à ses débuts la culture à la nature, la sociologie faisait de même mais avait une acception de plus de la culture: était culture tout ce qui se rapportait à l’art, aussi bien à sa production qu’à sa consommation ( Ogburn, Albion Small, Park).
Cette notion est apparue assez tardivement (après la seconde guerre mondiale) en sociologie contrairement à l’anthropologie, et les pères fondateurs du courant français, comme Durkheim, Comte, ne l’ont que très peu voire pas du tout employée ( Durkheim emploie le terme civilisation). Souvent les premiers travaux ont consisté à mettre en lumière les points d’opposition qu’il existait entre les diverses cultures, pour finir par s’intéresser au fil du temps aux divergences présentes au sein d’une même culture, ce qui a conduit les sociologues à parler en terme d’acculturation, de sous cultures etc… (Redfield R, Linton R, Herskovits, M.J, « Mémorandum pour l’étude de l’acculturation », In Américan Anthropologist, vol. 38, pp. 149-152; 1936).
La sociologie définit ensuite la culture de façon descriptive (Tylor propose davantage une description de la société et de la culture que leurs définitions , en mettant en lumière un ensemble de faits que l’on peut alors directement observés) et extensive c’est-dire très large, de cette dernière. Elle s’appuie sur les travaux de E. B. Tylor (1832-1917), publiés dans primitive culture (1871) (Tylor, E.B., Primitive Culture: Researches into the Development of Mythology, Philosophy, Religion, Art, and Custom. London: John Murray, 1871) qui est un des fondateurs de l'anthropologie en tant que discipline et le premier à être titulaire de la chaire d'anthropologie à Oxford qui a été créé pour lui. Il définit donc la culture de la façon suivante: « Culture et civilisation, pris dans son sens ethnographique large, est ce tout complexe qui comprend la connaissance, la croyance, l’art, la morale, le droit, la coutume et n'importe lesquelles des autres productions et manières de vivre nées de l'homme vivant en société. » donc pour lui culture et civilisation sont des synonymes (« Tout d'abord, on emploiera le terme civilisation pour désigner un ensemble de cultures particulières ayant entre elles des affinités ou des origines communes; on parlera en ce sens de la civilisation occidentale, dans laquelle on trouve les cultures française, anglaise, allemande, italienne, américaine, etc. […] On voit que la notion de culture est alors liée à une société donnée et identifiable, tandis que le terme civilisation sert à désigner des ensembles plus étendus, plus englobant dans l’espace et le temps. ») (Rocher G, «Culture, civilisation et idéologie», in Introduction à la sociologie générale, pp. 101-127. Montréal: Éditions Hurtubise HMH ltée, 1992, troisième édition. )
La définition de la culture de E.B. Tylor ,et bien qu’elle soit extensive présente deux intérêts, met en avant deux points essentiels dans la définition de la culture:
1- la culture est universelle: tout groupe social possède une culture et elle est partagée par diverses personnes. Cette idée qui peut paraître très logique est pourtant assez récente. On a de plus souvent opposé la « nature » à la « culture » (cf C.Levi-Strauss), or et P. Descola (La nature domestique,1986) l’a parfaitement démontré, ces deux catégories sont complémentaires et indissociables.
Ex: Le jardin des Achuar: ( Descola P, La Nature domestique. Symbolisme et praxis dans l’écologie des Achuar, Paris, Éditions de la MSH, 1986).Haute Amazonie, aux confins de l’Équateur et du Pérou, les Achuar, sont sous-ensemble des célèbres Jivaros étudiés par Levi-Strauss )
« Il est pensé comme le produit commun d’un ordre voulu par les humains et par des forces supra-humaines (que les femmes achuar sollicitent par leur magie), la forêt n’est pas un espace « naturel » qui s’opposerait à la culture, mais une sorte de grand jardin cultivé par la divinité tutélaire. (C’est bien entendu en fonction de ces représentations de ce que nous appelons la « nature » que les Achuar déploient leurs relations avec les entités censées la constituer ): si la « nature » est composée de sujets, alors ils ne peuvent avoir avec elle que des rapports de sujet à sujet, et « l’exploitation de la nature » ne peut y avoir cours » (L.Charlier. )
Si bien que les femmes Achuar traitent les plantes exactement de la même façon qu’elles traitent les enfants, les plantes étant considérées comme des consanguins. Les animaux sont considérés comme étant des beaux-frères, c’est une société qui n’est pas basée sur des instituions sociales, il n’y a pas de culte véritable, pas de chef, pas de référent, c’est le lien avec la nature, la conception de la nature, et son implication dans tout les champs du social qui leur permettre de faire société, de faire culture.
Nous le voyons clairement ces deux notions ou ce couple conceptuel, a de multiples façons d’être combiné, articulé, selon les groupes culturels.
2- la culture est acquise et transmise. On apprend à se comporter conformément aux codes et aux normes de sa culture. Il existe des attentes sociales et culturelles auxquelles les individus doivent répondre pour être inclus dans une société, un groupe etc. Toutes les activités humaines sont façonnées par la culture, aucune activité culturelle nous vient de la biologie ou du biologique. ( ne pas confondre hérédité et héritage social, donc biologie et culture). Cette acquisition et cette transmission ont des effets sur la culture. Elles contribuent à donner à la culture un sentiment « naturel » comme si nos pensées, nos façons d’être, de faire et de dire étaient naturelles, or c’est loin d’être le cas ( on ne se sert pas de son corps de la même façon en fonction de son appartenance à un groupe social et culturel), c’est ce que l’anthropologie et la sociologie nomment la naturalisation de la culture. On agit souvent sans y penser ( marcher, se laver, dormir, manger, se vêtir etc..)
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