Kronos et la séparation

Tout d'abord, il semble important de distinguer CHRONOS, dieux du temps dont on entend parler dans les traditions orphiques et KRONOS dont il s'agit ici.

Cette légende, comme bien d'autres, est une représentation imagée et littéraire. Elle est la traduction d'un état d'esprit au moment où elle a été créée. En l'occurrence, elle traite d'une certaine cosmogonie. Ce qui peut être intéressant pour nous est de dépasser les représentations grotesques que l'on peut y voir à priori pour y pressentir une vision plus globale de la pensée de l'époque, et de l'origine du monde. Et pour cela, faire preuve d'une certaine sensibilité plutôt que de systématiquement s'orienter vers une étude strictement rationnelle.

En effet, les légendes, si on les considère comme des symboles peuvent transmettre une large vérité.

Leur lecture révèle un sentiment immédiat qui relève en grande partie de l'intuition. La force de leur message tient du fait de la perception très personnelle que chacun peut en éprouver. Leur profondeur vient donc du réveil intime de chaque lecteur.

La conception de l'origine des temps dans la pensée grecque de l’antiquité, s'apparente à un vaste et obscur abîme. Il y règne un certain désordre. Une nuit profonde où le chaos est partout et où l'espace est dénué de tout repère.

Puis intervient la naissance de Gaia, la terre. C'est un élément solide dont on peut appréhender les formes. Elle constitue une sorte de base, un socle à partir duquel d'autres éléments pourront se construire.

Arrive ensuite la naissance d’Éros, puis Ouranos qui représente le ciel. Ce dernier, par sa position enveloppante, n'entretient d'activité qu' uniquement sexuelle et exerce, à l'endroit de Gaia, une sorte d'étreinte omniprésente.

Une chape si enveloppante que la terre ne peut enfanter et refoule ses nouvelles progénitures en son sein.

Kronos, un de ces enfants, décide alors, sur les directives de sa mère, de la libérer. Il émascule donc Ouranos par l’intérieur ; celui-ci dégage alors sa prise. « Ouranos, au moment où il est châtré pousse un hurlement de douleur et s’éloigne vivement de Gaïa pour se fixer tout en haut du monde ». 

Kronos est donc le principal acteur de la séparation du principe mâle et femelle.

Cette vision de la création est proche des principes de l'alchimie: En effet le grand mystère, la fusion anarchique du début est déjà composé de deux éléments. L'un actif, male et spirituel. L'autre femelle, passive et matérielle. Le cosmos naît de la fécondation entre les deux principes. Il est une entité ordonnée dont chaque partie est à l'image du tout. Similitude dans sa structure entre microcosme et macrocosme.

Ouranos représentant le ciel et Gaia la terre, on peut dire qu'il peut aussi s'agir de la séparation entre la matière et l'esprit ; entre l'équerre et le compas.

Cette séparation, que nous décrit la mythologie, peut être considérée comme un axiome. Une chose établie. Un point de départ. On pressent son avènement comme antérieure à une quelconque action possible de l'homme. Ceci pour deux raisons:

D’une part, elle est décrite comme étant survenue immédiatement après le chaos originel.

D’autre part, parce que notre action la plus récurrente est la réparation de cet évènement. Ce qui sous entend qu'elle intervient à posteriori.

Cependant, il est tentant de rapprocher cette séparation avec la mort d'Hiram. La séparation entre les

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