Responsabilité Societal D' Entreprise
Rapports de Stage : Responsabilité Societal D' Entreprise. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mluc001 • 7 Juillet 2014 • 3 141 Mots (13 Pages) • 868 Vues
Quand les managers veulent faire le bien :
Un fabricant de chaussures qui contraint ses sous-traitants à respecter des normes en matière de travail des enfants ou de salaires; un fabricant de trains qui s’engage à réduire les émissions de CO2 de ses produits et de ses processus de production; un groupe de distribution qui cesse l’achat de diamants dans un pays où ce commerce profite au régime despotique en place…Toutes ces actions relèvent de ce que l’on appelle désormais la responsabilité sociale (ou sociétale) de l’entreprise (RSE). Parmi les nombreuses définitions existantes, l’une des plus souvent citées est celle donnée par l’Union européenne, qui entend par RSE «l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes».
Deux termes sont particulièrement importants:
• Parties prenantes. Dans la vision développée par la RSE, l’entreprise est une entité située au cœur de la société. Elle n’a donc pas pour seul partenaire de dialogue ses actionnaires (shareholders), mais tous ceux qui peuvent être concernés ou affectés par l’activité de production: salariés bien entendu, mais aussi consommateurs, riverains d’une usine, ONG, sous-traitants, puissance publique…L’entreprise se doit donc de nouer des relations suivies avec l’ensemble de ces parties prenantes (stakeholders) pour définir la manière dont elle peut et doit intégrer des préoccupations sociales et/ou environnementales.
• Volontaire. La RSE ne se conçoit qu’à l’initiative des entreprises, qui intègrent en dehors de toute injonction des visées autres que celle de la recherche du profit. Si elle peut amener à signer des engagements ou des chartes de bonne conduite, la démarche suppose ainsi le refus de toute contrainte légale.
Le capitalisme en quête de légitimité :
Le capitalisme n’a évidemment pas attendu la RSE pour parfois intégrer des objectifs sociaux ou environnementaux au processus de production. Les diverses formes de paternalisme économique qui apparaissent au cours du XIXe siècle (offre de logements, de services d’éducation ou de santé pour les employés) en sont un exemple. Reste que la RSE vise moins à encadrer les salariés qu’à moraliser l’entreprise elle-même.
C’est dans les années 1950, aux États-Unis, qu’émerge la notion. On attribue généralement l’invention de l’expression corporate social responsibility, dont la traduction a donné responsabilité sociale de l’entreprise, à l’économiste Howard R. Bowen, qui en 1953 publie The Social Responsibility of the Businessman. Dans un contexte où les rapports entre business et éthique sont fortement marqués par la religion et l’individualisme, il est l’un des premiers à suggérer la nécessité de créer de nouveaux outils formels pour que cette responsabilité sociale ait une véritable efficacité: développement d’audits sociaux des entreprises, création d’instances de négociation avec les parties prenantes, réforme de l’enseignement de gestion…
Mais c’est dans les années 1990 que la RSE va connaître un véritable essor. Après la fin du «compromis fordiste» (protection de l’emploi et progression des salaires contre gain de productivité) des trente glorieuses, les entreprises, et le capitalisme dans son ensemble, connaissent alors une crise de légitimité (1). La hausse continue du chômage, les délocalisations et le développement de la sous-traitance fragilisent la condition salariale. Sur le plan environnemental se produit une série de catastrophes liées à l’industrie (Seveso en 1976, Bhopal en 1984, marées noires…) sur fond d’inquiétude montante sur l’avenir de la planète.
La puissance publique se révèle de plus en plus souvent impuissante à réguler cette société du risque, comme la décrit le sociologue allemand Ulrich Beck en 1987, notamment parce que les problèmes qu’elle pose dépassent de loin le cadre des États-nations. C’est pourquoi les grandes entreprises internationales, dont l’image était plutôt bonne jusque dans les années 1970, sont alors régulièrement prises à partie par des citoyens et des ONG, qui mènent des campagnes de dénonciation de leurs «mauvaises conduites» et parfois de boycott. En 1995, suite aux actions spectaculaires de Greenpeace et au boycott de ses stations, la compagnie pétrolière Shell doit revenir sur sa décision de couler la plateforme pétrolière Brent-Spar en mer du Nord. En 1997, c’est l’industriel américain du vêtement Nike qui se voit accusé de faire fabriquer ses chaussures en Indonésie par des enfants, ou pour des salaires de misère.
La RSE a pris son essor à ce moment où les entreprises jouent un rôle de plus en plus important dans le cours des événements alors que leur image est profondément dégradée (cf.également les récents scandales liés au salaire des patrons, des tradersou au fonctionnement des marchés financiers). Elle est «susceptible d’apporter ce “supplément d’âme”, cette justification qui rend l’entreprise acceptable aux yeux de la société civile», et de conférer ainsi aux (grandes) firmes la «légitimité sans laquelle elles ne disposent pas du droit moral et symbolique d’exercer leurs activités»(2).
NOTES
(1) Thibault Daudigeos et Bertrand Valiorgue, «Les limites du traitement marchand de la responsabilité sociale de l’entreprise», Revue française de socioéconomie, n° 6, 2nd semestre 2010.
(2) Michel Capron et Françoise Quairel-Lanoizelée, La Responsabilité sociale d’entreprise, La Découverte, coll. «Repères», 2010.
Des pratiques "responsables"?
En l’absence de définition partagée de la RSE, et même si un processus de formalisation est en cours, il n’existe pas de critères permettant de définir ce qui en relève et ce qui n’en relève pas. Néanmoins, distinguons quelques grands types d’action revendiqués comme exercice de leur responsabilité sociale par les entreprises.
• Sur le plan social, au sein même des firmes, l’une des formes les plus courantes d’action RSE consiste à «promouvoir la diversité», c’est-à-dire lutter contre toutes les formes de discrimination, qu’elles soient liées aux origines, au genre, à l’âge…Autre type de dispositif: les «alertes éthiques», qui consistent à permettre aux salariés de signaler les irrégularités
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