MISE EN OEUVRE D'UNE STRATEGIE DE PROSPECTION
Dissertation : MISE EN OEUVRE D'UNE STRATEGIE DE PROSPECTION. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar saraton • 9 Novembre 2017 • Dissertation • 3 689 Mots (15 Pages) • 780 Vues
Chapitre 2
La dictature des couts
Le cout du travail, coupable idéal ?
Pourquoi certaines entreprises délocalisent-elles leur activité ? la réponse semble évidente : en raison des écarts en termes de cout du travail, dont elles cherchent à tirer profit pour se positionner avantageusement dans la concurrence mondiale dont l’intensité est croissante.
Preuves indiscutables : en 2003, un salarié francais coute, par heure, 27,7£, et un salarié lituanien 3,1£ ( source : site d’Eurostat, 2004). Dans le premier cas, le rapport est de 1 à 5, dans le deuxième cas, de près de 1 à 9. L’écart est encore plus marqué si l’on élargit la comparaison à la chine et à l’inde : en 2011, le cout horaire dans l’industrie manufacturière est de 15,9$ en France, contre 0,4$ en Chine et 0,3$ en inde. Le rapport grimpe à près de 1 pour 40 avec la Chine, à plus de 1 pour 50 avec l’Inde…
Comment, dès lors, ne pas assister à des délocalisations ? Ou plutôt, devrait-on se demander, pourquoi reste-t-il encore des activités productives en France ?
Meme si l’on en reste à ce niveau d’analyse, l’origine du problème ( et donc les solutions que l’on peut y apporter) ne fait pas consensus : pour certains, c’est du coté des pays développés qu’il faut agir, le cout du travail y étant trop élevé. C’est la thèse, bien sur, de Serge Dassault et de nombre de représentants du Medef ; c’est aussi une partie de l’explication pour Nicolas Sarkozy lorsqu’il déclare « qu’on ne dise pas qu’en France on a deux fois plus de chomeurs que les autres parce qu’on a été trop libéraux. Non, c’est parce qu’on a été les seuls à se doter des 35 heures, parce qu’on a trop de dépenses publiques, trop d’impots, trop de prélèvement sociaux qui nuisent à notre compétitivité ». soit on parvient à flexibiliser le marché du travail pour réduire les écarts observés, coit on assistera irrémédiablement à une désindustrialisation de la France. Notons en passant que ce discours est parfaitement intériorisé par la majorité des salariés : il ressort d’un sondage que 74% des Français pensent que l’on peut faire quelque chose contre les délocalisations, 82% estimant que la mesure la plus efficace serait une « baisse des charges sociales sur les entreprises ».
Pour d’autres, le problème est avant tout lié aux pratiques de dumping social et fiscal des pays vers lesquels on délocalise : on estime ainsi qu’en 2004 le taux d’imposition sur les sociétés appliqué dans les dix nouveaux Etats membres est, en moyenne, de 10 points inférieur à celui observé dans les pays de l’Europe des 15 ( Commission européenne,2004). Des différences significatives existent cependant au sein des nouveaux Etats membres, puisque le poids de la fiscalité totale en Slovénie, Pologne et Hongrie est proche de la moyenne des 15, alors qu’il est de 12 points inférieur en Lituanie ; inversement ; la pression fiscaleen Irlande, dont la croissance économique a été et reste en partie tirée par une fiscalité avantageuse, est inférieure de 22 points à celle de la Suède, leader en la matière. Les pays en transition ou en voie de développement n’ont donc pas le monopole du dumping fiscal. C’est sur la base de tels constats que Laurent Fabius, parmi d’autres, plaide pour la définition, au niveau de l’Union Européenne, d’un niveau minimal de fiscalité, pour une harmonisation des salaires vers le haut, et pour un développement de l’aide aux nouveaux entrants.
Sans nier l’importance des réflexions sur le fonctionnement du marché du travail et sur les pratiques sociales et fiscales des Etats, se limiter à la comparaison des couts horaires du travail et sur les pratiques sociales et fiscales de l’Etat, se limiter à la comparaison des coutshoraires du travail est médiatiquement très efficace mais économiquement erroné : du point de vue de l’entreprise ( y compris celle(s) de Serge Dassault), tout dépend, en effet, de l’éfficacité de ces heures de travail, rapport entre les richesses créées et les ressources en travail mobilisées pour créer ces richesses.
Partons d’un exemple fictif :
Tableau 4.du cout salarial au cout salarial unique
Pays cout horaire productivité horaire cout salarial unitaire |
Pays A 100 10 100/10=10 |
Pays B 20 2 20/2=10 |
Supposons que le cout horaire de la main-d’œuvre est de 100 dans le pays A est de 20 dans le pays B, autrement dit dans un rapport de 1 à 5. Supposons maintenant que chaque heure travaillée en A permet de produire 10 unités d’un bien, contre 2 en B : la productivité en A est , sous cette hypothèse, 5 fois supérieure à celle observée en B. le cout salarial unitaire, qui est le rapport entre le cout salarial et la productivité du travail, est alors de 10£. Par unité produite, et ce dans les deux pays. Les différences de cout salarial sont, sous les hypothèses mentionnées, entièrement compensées par le différentiel de productivité. Logiquement, c’est le cout salarial unitaire que comparent les entreprises, et non pas le cout horaire de la main-d’œuvre. Que nous apprennent alors les statistiques ?
Tableau 5. Les différences de cout salarial unitaire dans l’Union Européenne
( indice 100= valeur observée dans l’UE à 25)
Cout horaire productivité cout salarial unitaire |
1996 2002 1996 2002 1996 2002 |
Danemark 140 141 103 103 136 137 |
Suède 144 139 105 103 137 135 |
Allemagne 151 132 109 102 139 129 |
France 139 130 123 121 113 107 |
Luxemburg 133 127 138 144 97 88 |
Pays-Bas 127 124 105 103 121 120 |
Royaume-Uni 89 122 103 109 87 112 |
Finlande 126 118 107 109 118 108 |
Moyenne1 131 129 112 112 118 117 |
Espagne 90 66 103 102 87 64 |
Grèce 58 60 85 96 68 63 |
Portugal 45 43 67 69 67 63 |
chypre 45 48 80 73 56 65 |
Moyenne2 59 54 84 85 70 64 |
Slovénie 46 47 64 73 72 64 |
tchèquie 17 26 59 61 29 43 |
Pologne 18 25 45 51 41 50 |
Hongrie 18 24 58 67 31 35 |
Estonie 12 18 35 47 33 37 |
Slovaquie 13 17 48 60 28 29 |
Lituanie 8 14 32 46 26 31 |
Lettonie 10 12 33 41 29 29 |
moyenne 3 18 23 47 56 36 40 |
Moyenne 72 72 80 84 76 76 Tous pays |
Ecart type 55 50 32 29 41 38 Tous pays |
UE (15 pays) 119 114 110 108 109 105 |
Zone euro 128 110 113 108 113 102 |
UE (25 pays) 100 100 100 100 100 100 |
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