Comment cette lettre de vengeance et de révélation fait-elle accéder Roxane au statut d’héroïne tragique sublime ?
Chronologie : Comment cette lettre de vengeance et de révélation fait-elle accéder Roxane au statut d’héroïne tragique sublime ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dffgdggd • 18 Octobre 2022 • Chronologie • 850 Mots (4 Pages) • 383 Vues
Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, est un penseur politique, précurseur de la sociologie, philosophe et écrivain français des Lumières. Son roman épistolaire, Les lettres persanes, publié en 1721 à Amsterdam souscrit à la mode de l’Orient du XVIIIème siècle. Dans cette lettre de révélation et de vengeance, Roxane fait le reportage en direct de sa mort. Comment cette lettre de vengeance et de révélation fait-elle accéder Roxane au statut d’héroïne tragique sublime ? Dans un premier temps, nous montrerons que cette lettre de révélation est conçue pour blesser son destinataire, puis, dans un second temps, nous prouverons que Roxane est un esprit à la fois libre et supérieur.
La lettre de Roxane est, de fait, par les révélations qu’elle comporte, rédigée pour blesser Usbek.
Tout d’abord, elle s’attache à gommer la distance spatiale pourtant immense entre Roxane, qui écrit « du sérail d'Ispahan » (l.28), et Usbek, qui réside « à Paris » (l.5). Pour ce faire, elle mime un dialogue au moyen des adverbes d’affirmation « Oui » (l.5) et « Non » (l.11) ; prend Usbek à témoin par le biais des interrogation rhétoriques qui jalonnent son discours (l. 6-7, 9-11) ; commente la réaction d’Usbek comme s’il était en face d’elle, ce que montre la phrase simple de la ligne 25 : « Ce langage te paraît nouveau ». De la même façon elle annule la distance temporelle qui la sépare de son seigneur par l’usage qu’elle fait du présent d’énonciation qui actualise sa mort, elle lui donne même à entendre le murmure de sa voix d’agonisante par l’allitération en [m]: « Mais c'en est fait, le poison me consume, ma force m'abandonne ; la plume me tombe des mains ; je sens affaiblir jusqu'à ma haine ; je me meurs. » (l.26-27) . Chacune de ses phrases empoisonnées se plantent au fur et à mesure dans sa victime, tandis qu’elle distille son fiel avec un malin plaisir dans le seul but de se venger.
On voit bien que cette lettre est une véritable arme pour Roxane : grâce à elle, Usbek, à portée de main, prend en pleine face les révélations toutes plus terribles les unes que les autres pendant que Roxane se moque de ses certitudes de maître du sérail aveuglé par sa suffisance et son arrogance.
En réalité, c’est elle, l’esprit libre et supérieur, la véritable héroïne du roman.
Une femme libre et indépendante
Une femme d’action, une réformatrice
Une héroïne tragique et sublime
D’abord parce qu’elle est une femme libre et indépendante, elle revendique son statut d’individu autonome: “j’ai pu vivre dans la servitude; mais j’ai toujours été libre” (l.8) notamment en discréditant le pouvoir d’Usbek sur Roxanne qui ne reposait que sur une illusion. Pour ce faire, elle utilise un conditionnel à valeur du présent: “Tu devrais me rendre grâce encore du sacrifice que je t’ai fait” (l.10) et utilise le champ lexical de l’illusion à la ligne 11: “jusqu’à te paraître fidèle”. Par ailleurs, le chiasme à la ligne 17 souligne cette illusion car Roxane révèle ses véritables sentiments et l’aveuglement d’Usbek: “tu me croyais trompée, je te trompais”.Leur union reposant sur un double mensonge: ... De plus, Roxane affirme encore une fois sa liberté en prouvant sa supériorité sur Usbek de par sa capacité à déposséder ce qui lui appartenait comme le montre le passage du déterminant possesif au déterminant indéfini à la ligne 2: “ton affreux sérail […] un lieu de délices”.
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