Contrôle Exécutif, Cognition Sociale, émotions Et métacognition
Recherche de Documents : Contrôle Exécutif, Cognition Sociale, émotions Et métacognition. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar najoua.neuropsy • 3 Janvier 2013 • 9 153 Mots (37 Pages) • 1 428 Vues
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Contrôle exécutif, cognition sociale, émotions et métacognition
Revue de neuropsychologie. Volume 1, Numéro 1, 24-33, mars 2009, Article de synthèse
DOI : 10.1684/nrp.2009.0004
Résumé Summary
Auteur(s) : Didier Le Gall, Jérémy Besnard, Valérie Havet, Karine Pinon, Philippe Allain , Département de neurologie, unité de neuropsychologie, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 09, France, Laboratoire de psychologie (UPRES EA 2646), université d’Angers, 10, boulevard Victor-Beaussier, 49000 Angers, France, Centre régional de rééducation et de réadaptation fonctionnelle, rue des Capucins, 49000 Angers, France, Mutualité française Anjou-Mayenne, UEROS Arceau Anjou, 4, rue de l’Abbé-Frémond, 49000 Angers, France.
Résumé : Cette synthèse aborde la question de la cognition sociale (théorie de l’esprit en particulier), du traitement des émotions et de la métacognition dans une perspective de neuropsychologie clinique. Nous nous attardons sur les études examinant les relations qu’entretiennent ces différents aspects du comportement humain avec les fonctions exécutives et les structures frontales. Les résultats rapportés montrent que les liens potentiels entre la théorie de l’esprit et le fonctionnement exécutif font encore beaucoup débat, et que l’étude des relations entre théorie de l’esprit et lobe frontal mérite d’être affinée. Les lésions frontales perturbent le traitement des émotions, mais les relations entre perturbation des fonctions exécutives et troubles du traitement des émotions restent inexplorées. La métacognition a été peu étudiée chez les patients dysexécutifs par lésions frontales, si ce n’est au travers de quelques études sur la métamémoire qui montrent que les patients frontaux ont globalement tendance à surestimer leurs performances. Cette surestimation ne semble pas nécessairement procéder d’un déficit exécutif, d’une incapacité de jugement, ni d’une méconnaissance du fonctionnement mnésique normal et pathologique. Il ne s’agit pas non plus d’une difficulté d’utilisation de connaissances. De plus, les différentes mesures métamnésiques obtenues chez les patients frontaux corrèlent peu entre elles, indiquant qu’elles engagent probablement des processus du contrôle métamnésique relativement indépendants qu’il conviendrait de spécifier. Enfin, il faudra aussi vérifier, avec des malades porteurs de lésions frontales et/ou de syndromes dysexécutifs, les propositions théoriques les plus récentes voulant que les concepts de théorie de l’esprit et de métacognition soient finalement assez proches.
Mots-clés : fonctions exécutives, théorie de l’esprit, perception des émotions, métacognition
ARTICLE
Auteur(s) : Didier Le Gall1,2, Jérémy Besnard1,2, Valérie Havet2, Karine Pinon2,3,4, Philippe Allain1,2
1Département de neurologie, unité de neuropsychologie, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 09, France
2Laboratoire de psychologie (UPRES EA 2646), université d’Angers, 10, boulevard Victor-Beaussier, 49000 Angers, France
3Centre régional de rééducation et de réadaptation fonctionnelle, rue des Capucins, 49000 Angers, France
4Mutualité française Anjou-Mayenne, UEROS Arceau Anjou, 4, rue de l’Abbé-Frémond, 49000 Angers, France
L’interprétation des troubles comportementaux et cognitifs liés à la pathologie frontale a conduit à individualiser l’atteinte préférentielle des fonctions de contrôle exécutif, intervenant principalement dans les situations nécessitant une articulation des actions ou pensées dirigées vers un but finalisé, situations souvent complexes et/ou nouvelles. L’intervention privilégiée de la mémoire de travail a également fortement influencé les approches conceptuelles dominées par les modèles de Shallice [1] et de Baddeley [2]. Néanmoins, des cas cliniques célèbres, devenus historiques, illustrent parfaitement le décalage possible entre des capacités cognitives préservées et, a contrario, un mauvais ajustement du comportement en situation d’interaction sociale ou lors de prise de décision personnelle et interpersonnelle [3]. Ces observations ont permis de pointer les limites des approches exclusivement centrées sur une appréciation des habiletés cognitives et ont favorisé l’introduction de nouveaux champs d’exploration.
Deux notions nous semblent ici particulièrement centrales tant d’un point de vue historique que conceptuel : la métacognition et l’approche pragmatique ou interactionniste. Quel que soit le modèle, le concept de métacognition englobe à la fois la connaissance et la régulation de l’activité cognitive [4]. Quant à celui de pragmatique, il souligne que la perception et la connaissance d’autrui sont au service de l’action. Dans les deux cas, il est fait référence aux activités permettant de guider et de réguler l’apprentissage et le fonctionnement cognitif dans des situations de résolution de problème ou, plus spécifiquement, lors des interactions sociales.
En quelques années, les travaux réalisés dans le domaine des neurosciences sociales se sont particulièrement développés. Easton et Emery [5] relèvent que de moins de 20 publications, en 1999, on est passé à plus de 100 en 2003. Dans le même ordre d’idée, Lieberman [6] indique que d’une cinquantaine de références sur Internet en 2001, on est passé à plus de 30 000 en 2007. Ajoutons à cela que, depuis 2000, deux revues internationales dévolues à ces questions ont été créées (Social Neuroscience, Social Cognition et Affective Neuroscience).
Sur cette courte décennie et de façon très synthétique, suite à la publication de Premack et Woodruff [7], la grande majorité des travaux se sont intéressés aux compétences sociales des animaux, en particulier les primates non humains ainsi qu’à l’acquisition de l’intelligence sociale chez l’enfant. Parallèlement, les travaux faits en clinique se sont surtout concentrés sur les maladies psychiatriques (autisme et schizophrénie). De nombreuses études en imagerie cérébrale, surtout fonctionnelle, ont aussi
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