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Analyse De texte: Aurore de Nietzshe

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Par   •  6 Janvier 2013  •  712 Mots (3 Pages)  •  2 718 Vues

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Texte de Nietzsche sur le travail.

« Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous :à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, ce qu’on sent aujourd’hui, à la vue du travail – on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, qu’un tel travail constitue la meilleure des polices, qu’il tient chacun en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l’amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l’on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l’on adore aujourd’hui la sécurité comme la divinité suprême. – Et puis ! épouvante ! Le « travailleur », justement, est devenu dangereux ! Le monde fourmille d’ « individus dangereux » ! Et derrière eux, le danger des dangers – l’individuum!

(…) Etes-vous complices de la folie actuelle des nations qui ne pensent qu’à produire le plus possible et à s’enrichir le plus possible ? Votre tâche serait de leur présenter l’addition négative : quelles énormes sommes de valeur intérieure sont gaspillées pour une fin aussi extérieure ! Mais qu’est devenue votre valeur intérieure si vous ne savez plus ce que c’est que respirer librement ? si vous n’avez même pas un minimum de maîtrise de vous-même ? »

Nietzsche. .Aurores (1881), Livre III, § 173 et § 206, trad. J. Hervier, Gallimard, 1970.

Eléments d’analyse du texte

Ce texte de Nietzsche, extrait de son livre Aurore et rédigé en 1881, n’est pas une critique du travail lui-même en tant que tel, en tant que nécessité vitale pour l’homme, mais il s’agit d’une critique de la glorification du travail, c’est-à-dire de l’idéologie qui tend à en faire une valeur supérieure aux autres et qui conduit les Nations modernes à une recherche toujours plus grande de la croissance économique, du productivisme. En ce sens, si le texte nous conduit bien à une réflexion sur le thème de la valeur du travail pour nos sociétés modernes, ce qui est clairement visé ici est la survalorisation du travail qui touche les sociétés industrielles du 19 ème siècle en période de croissance industrielle et qui conduit les individus à se soumettre toujours plus au dur labeur des usines. La question est donc de savoir quelle valeur accorder à cette idéologie productiviste des « temps modernes » qui glorifie le travail. Selon Nietzsche, cette survalorisation du travail a pour finalité secrète de conditionner les individus et de les soumettre à la discipline collective, à l’ordre social : la glorification du travail serait donc l’expression d’une volonté politique de canaliser les individus et d’étouffer leur capacité individuelle de révolte et d’épanouissement: le travail serait au fond « la meilleure des polices ». La soumission des individus

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