Vinons-nous un moment tocquevillien?
TD : Vinons-nous un moment tocquevillien?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Martin Ragot • 13 Mars 2023 • TD • 1 346 Mots (6 Pages) • 217 Vues
Sujet: Vivons-nous un moment tocquevillien ?
“La démocratie, à l'opposé de la monarchie, c'est la tyrannie de la majorité sur ses dirigeants.” Ici, Alexis de Tocqueville (1805-1859) annonce clairement la couleur et dénonce les menaces que peuvent engendrer la démocratie. Cette mise en garde se trouve dans son chef-d'œuvre de jeunesse, De la Démocratie en Amérique (1835-1840), une analyse profonde de la démocratie. Une mise en garde nécessaire puisque la démocratie reste tout de même un régime qui par son aspect est attrayant. Alexis de Tocqueville, un français, compte parmi les plus grands penseurs modernes et visionnaires qui ont entrevu les défis de l'ère industrielle et forgé notre perception du monde. L'œuvre de Alexis de Tocqueville demeure plus que jamais vivante et d'actualité, avec la crise de la démocratie que la plupart des peuples occidentaux traversent.
Cependant, le premier réflexe serait de se dire que cette analyse est dépassée et arriérée. C’est donc pour cela qu’une mise en relation entre son analyse et la situation actuelle en France s’impose. Afin de comprendre, pourquoi la crise démocratie française actuelle peut-elle être analysée par le prisme de la pensée d' Alexis de Tocqueville ?
Ainsi, il faut tout d’abord appréhender la vision de Alexis de Tocqueville sur la démocratie, grâce à son ouvrage De la Démocratie en Amérique. Puis une fois que cela est fait, mettre en relation sa pensée et la situation actuelle de la société démocratique française.
Pour Alexis de Tocqueville dans De la Démocratie en Amérique, la démocratie n’est pas seulement un régime politique mais aussi un état social c'est-à-dire un mode vie, un style de vie qui va faire charger la vie d’un Homme. Ce mode de vie s’appuie sur le processus inéluctable qu'est l’égalisation des conditions, concrètement le désir d'être toujours plus égaux avec les autres. Par conséquent, cela devient une passion pour l'égalité qui pour autant n'empêche pas les inégalités d’ordre économique de prospérer. L’important de ce régime est la croyance dans l’égalité au détriment des faits. Ainsi les citoyens, même s’ils ne sont pas dans le même degré d'échelle sociale, continuent à croire qu’ils sont tous égaux en raison d’un ascenseur social théoriquement très fluide s'additionnant à une égalité politique et civique.
Le processus d'égalisation conduit à l'atomisation sociale, puisque chaque citoyen est progressivement coupé de ses anciennes communautés d’appartenances. Cette coupure amène l’individu à se replier sur lui-même et finit par privilégier sa sphère privée et son bien matériel. Hors la démocratie à besoin de citoyens actifs qui s’intéressent à la chose politique. Alexis de Tocqueville nomme cela le “despotisme démocratique”, cette nouvelle forme de despotisme serait une tyrannie de la bienveillance.
Une tyrannie de la majorité, qui risque d'étouffer et de rendre suspects les voix minoritaires et conduire au conformisme des opinions par passion égalitaire. Cette Homogénéisation de l’opinion développe l’individualisme et donc le désengagement de la vie politique pour s’en remettre à la toute puissance de l’Etat.
L’Etat dans ce contexte, recherche moins l'intérêt général que l’encadrement du corps social dont il a la garde. Il a pour mission de maintenir l’égalité sociale, assurer la sécurité et promouvoir le confort matériel, l’Etat devient maternant.
La critique de Alexis de Tocqueville réside dans la passion de l'égalité conduisant à une uniformisation des modes de vie et ce au détriment des libertés individuelles. De plus, selon lui pour solutionner cela, il faudrait recréer des corps intermédiaires et développer la décentralisation pour faire en sorte que l’individu ne se retrouve pas seul face à l’Etat. Mais également, réunir les citoyens dans la vie publique par l’intermédiaire de l’éducation civique et par la religion, qui pour lui est un ciment social.
A présent, pour mener à bien la mise en relation entre la pensée tocquevillienne et la crise démocratique actuelle en France, il est nécessaire de comprendre l’esprit que voulait donner l’initiateur de notre régime actuel, le général De Gaulle. Il disait: “La démocratie se confond exactement, pour moi, avec la souveraineté nationale.” Au-delà de
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