Synthèse "La guerre et la construction de l'Etat en tant que crime organisé", Charles Tilly
Fiche de lecture : Synthèse "La guerre et la construction de l'Etat en tant que crime organisé", Charles Tilly. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar airdroit • 6 Novembre 2024 • Fiche de lecture • 790 Mots (4 Pages) • 10 Vues
La guerre et la construction de l'Etat en tant que crime organisé est un article rédigé par le sociologue interactionniste américain Charles Tilly. L’ouvrage publié en 2000 dans la revue scientifique Politix constitue un travail historique cherchant à comprendre la formation des Etats européens durant les XVIe et XVIIe siècles, processus déterminé par la violence.
Un État désigne une autorité souveraine s'exerçant sur un peuple et un territoire déterminés.
L’auteur examine ainsi les analogies existantes entre la guerre et la construction de l'Etat, entité massive de “crime organisé” exerçant le “racket”, c’est-à-dire l’extorsion d'argent par intimidation ou violence en échange de protection. Tilly démontre ainsi que la guerre fait l'État. Assurément, le processus de construction étatique résulte de la monopolisation des moyens de contraintes aux mains du pouvoir, et est également renforcé par le capitalisme marchand.
Premièrement, l’auteur soutient que le processus de construction étatique résulte de la concentration des moyens de violence par un pouvoir sur un territoire donné.
Selon Tilly, l'État est fondé sur le racket. En effet, dans la mesure où il “produit à la fois le danger et la défense, payante, contre celui-ci”, il s’éloigne du concept de “protecteur légitime”, qui lui, est incapable de maitriser l’apparition du danger. En assurant la protection d’une population contre un hypothétique-danger qu’il produit et contrôle lui-même, l’Etat a acquis le monopole de la violence organisée, qui paraît comme “légitime” puisqu'elle s’exerce sur une échelle considérable et efficace. De plus, ce monopole octroie à l’Etat son autorité.
Cette monopolisation de la violence s’est faite progressivement. Tilly rappelle qu’au début de la construction étatique, la frontière entre violence légitime et illégitime était incertaine puisque plusieurs groupes pouvaient recourir à la violence, comme les mercenaires qui jouissaient de la protection de l’Etat. Il faut ainsi attendre l’unification des forces armées étatiques grâce au développement d’une force de police et le désarmement populaire, pour que le contrôle total de la violence par l’Etat s’inscrive dans la réalité.
En outre, Tilly souligne le rôle de la guerre dans la formation de l’Etat: “La guerre fait les Etats” même si ce n’est que involontairement. Effectivement, la guerre est à la base un moyen de dominer ses opposants politiques. Cependant, afin de la rendre plus efficace, les gouvernants ont dû trouver du capital, notamment à travers la conquête, la taxation, et la relation avec les capitalistes. Ainsi, c’est “l'interaction de la guerre, du prélèvement de ressources et de l'accumulation du capital [qui] a influé sur la construction de l'Etat européen”. Ce processus à finalement développé pour l’Etat un “intérêt durable pour l'organisation de l'accumulation du capital”.
Ainsi, le monopole de la violence ne saurait expliquer entièrement la formation des Etats. En réalité, le processus de construction étatique est déterminé par l’accumulation du capital, qui conditionne la possibilité de faire la guerre, et donc la création des Etats-nations.
Le monopole étatique de la force acquis par la pacification des rivaux du souverain s’inscrit historiquement dans une logique expansionniste de l’Etat, qui prend part au commerce de la vente de protection. De ce marché découle le profit (tribut) revenant aux détenteurs des moyens de production de la protection, et les bénéfices de sa location revenant aux “consommateurs”. Ces deux notions varient selon le régime politique mis en place, et ses priorités. Cette automatisation du marché favorise l’essor du capitalisme, ainsi qu’une “croissance économique durable”. Il y a donc une coïncidence entre la construction étatique et l’accumulation du capital.
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