Arjun Appadurai, Après Le Colonialisme: Les Conséquences Culturelles De La Globalisation
Commentaires Composés : Arjun Appadurai, Après Le Colonialisme: Les Conséquences Culturelles De La Globalisation. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 11 Février 2013 • 1 835 Mots (8 Pages) • 2 782 Vues
LE ROY
Marion
N°2111428
L1 Sociologie-Anthropologie
COMMENTAIRE DE TEXTE
ARJUN APPADURAI, Après le colonialisme. Les conséquences culturelles de la globalisation, 2005, Paris, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", [éd. brochée 2001 ; 1re éd. Modernity at Large: Cultural Dimensions of Globalization, 1996]
Arjun Appadurai est né en 1949 en Inde. Il a étudié les Arts, l’Histoire et reçu un doctorat de « pensée sociale » en 1973. De 1981 à 1987, il est professeur d’Anthropologie à l’Université de Pennsylvanie et jusqu’en 1992, en tant que professeur titulaire d’anthropologie et conservateur-conseil à la section Asie du musée de l’université. Depuis 1992, Appadurai est professeur à Chicago.
Il se définit comme culturaliste et s’est spécialisé dans l’anthropologie socio-culturelle et plus particulièrement sur le phénomène de mondialisation au travers des médias, de la consommation…et des enjeux culturels que cela implique. Il critique le culturalisme, pour lequel la « culture » est une réalité observable, vu comme la base parfois figée de toute société. Or, Appadurai préfère utiliser l’adjectif « culturel », puisque cela permet de rendre compte des différences et des contrastes possibles. De plus, la culture serait un instrument des groupes culturels pour se sentir faire corps avec son Etat ou à l’inverse pour s’en démarquer.
La mondialisation est « un phénomène qui tend à accroître l'interdépendance des économies dans un système de marché à dimension mondiale. Elle affecte la sphère réelle de l'économie, c'est-à-dire la production et la consommation des biens et des services, de même que la sphère financière (monnaies et capitaux)»1. Cette mondialisation entraîne une augmentation des processus de contact entre les individus, à l’instar du colonialisme, et fait rentrer les cultures en mouvement. Appadurai va alors employer le terme d’ « économie culturelle globale » puisque la mondialisation se caractérise par l’imbrication de plusieurs paramètres.
C’est à ce moment de la réflexion que l’on peut penser à l’anthropologique dynamique d’Herskovitz et à son phénomène d’ « acculturation ». Selon lui, un trait culturel peut être emprunté à une autre culture et être ajoutée seulement, ou bien il peut être réinterprété et se fondre dans la culture. Il y alors un processus créatif, où le rapport de domination n’existe pas car il y a de l’interdépendance. Cependant, comme nous le verrons dans cet extrait, une mauvaise interprétation peut être source de conflit.
Lorsque l’on parle de mondialisation, cela fait souvent référence à une homogénéisation de la culture, c’est-à-dire à une tendance vers une culture unique mondiale. Une multitude de phénomènes circule et s’ « indigénise », se réinterprète. L’américanisation est la première qui nous vienne à l’esprit, c’est l’exportation d’un modèle de vie, de marchandises, de médias, de musique…des Etats-Unis vers le reste du monde. Or, comme nous le fait remarquer Appadurai, c’est un phénomène qui dépend du contexte, puisque les Coréens par exemple, ont peur de voir « une absorption culturelle » par les Japonais, chaque pays à un potentiel « ennemi » culturel. Cette crainte peut être utilisée pour rallier la population d’un Etat-Nation en son sein ; avoir un ennemi extérieur commun (capitalisme, communisme…) semble atténuer la possibilité de rebellions contre le pouvoir en place, et est alors une meilleure manière de fonder un véritable Etat-Nation uni.
Cependant, l’Etat-Nation est en crise, et l’économie culturelle globale ne répond plus aux modèles simples préexistants. Par exemple, le « capitalisme organisé » du marxiste Hilferding, où l’Etat était en étroite collaboration avec les grandes firmes a été remplacé par le « capitalisme désorganisé » de Scott Lash & John Urry, qui montrent la désintégration de ce lien par l’émancipation et la domination des marchés financiers et des multinationales. On ne peut alors pas expliquer l’état actuel des choses par un seul phénomène, il faut plutôt prendre en compte les « disjonctions fondamentales entre économie, culture et politique » puisqu’elles dépendent toutes l’une de l’autre. Appadurai nous révèle alors leurs relations grâce à cinq « flux culturels globaux : les ethnoscapes, les médiascapes, les technoscapes, les financescapes et les idéoscapes. ». Le suffixe « scape » (paysage en anglais) tente de renseigner le caractère flou des limites de la perception de ces catégories, elles sont perméables et dépendent de l’endroit où l’on se trouve et de l’acteur qui les perçoit. A la manière des théories de Benedict Anderson, ces scapes sont les « briques » qui permettent la construction de « mondes imaginés », chacun se fait une image du monde tel qu’il le perçoit, en fonction de son histoire, ses expériences et des influences des mondes extérieurs. Aujourd’hui chacun est dignitaire de l’imagination, c’est à lui de se faire une idée car on ne parle pas de communautés imaginés, mais de mondes imaginés, les individus peuvent donc contester l’imaginaire collectif s’il est en désaccord avec lui.
Les ethnoscapes désignent le mouvement des individus, ils correspondent au tourisme, aux migrations du travail, aux regroupements familiaux, aux réfugiés… Ces ethnoscapes perturbent les réseaux dits stables comme la parenté, les amitiés, le voisinage… et peuvent alors les modifier. Ils se déplacent par désir de voyager ou par contrainte. Les moyens de transports étant de plus en plus rapides, il est alors plus facile et faisable de s’imaginer vivre à l’autre bout de la planète. Ce sont majoritairement les politiques qui créent ces mouvements, en demandant par exemple de la main-d’œuvre supplémentaire comme pendant l’après-guerre ou bien au contraire en barrant la route à l’immigration.
Les technoscapes sont la « configuration globale et toujours fluide de la technologie », c’est-à-dire les agencements qui permettent les déplacements et la communication. Notre époque connaît une accélération de ces phénomènes et ils deviennent alors
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