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Theorie et concept des relations internationales

Analyse sectorielle : Theorie et concept des relations internationales. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  6 Août 2014  •  Analyse sectorielle  •  2 757 Mots (12 Pages)  •  1 337 Vues

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I. PREMIERE PARTIE : THEORIES ET CONCEPTS DES RELATIONS INTERNATIONALES

CHAPITRE I : QU’EST QU’UNE THEORIE ET UN CONCEPT DES RELATIONS INTERNATIONALES ?

1. Les Relations Internationales, une discipline « carrefour » : selon une pensée originale de Raymond Aron.

Une des caractéristiques principales de la pensée de Raymond Aron réside, comme nous l’avons vu dans l’introduction, dans sa vision personnelle des Relations Internationales.

Pour lui le champ des Relations entre Etats est avant tout marqué par la pluralité de ses composantes. Contrairement aux auteurs anglo-saxons qui considèrent la science politique comme une discipline à part entière, Raymond Aron affirme que la théorie des Relations Internationales peut seulement être analysée sous le prisme des autres disciplines. En effet l’auteur souligne que « toute étude concrète des Relations Internationales est donc une étude sociologique et historique puisque le calcul des forces renvoie » à des causes diverses et variées. Le dialogue entre Etats, au sein de leurs rapports de force, est donc lié « au nombre, à l’espace, aux ressources ou encore aux régimes militaires, économique, politique et sociaux ». Ainsi on ne peut dégager une sorte d’unicité théorique, une théorie qu’à la manière d’Aron nous qualifierons de « pure ». Mais nous y reviendrons en détails dans cet exposé.

Ce qui paraît nécessaire de signaler est la spécificité du discours aronien qui consiste à affirmer que la réelle théorie des Relations Internationales ne peut être comprise que par la connaissance du terrain. Seule la maîtrise des différents phénomènes, des différentes actions peuvent amener le lecteur ou le spécialiste à penser réellement les Relations Internationales. Ce sont tous ces phénomènes qui sont susceptibles de tendre vers l’impossibilité d’une théorie globale des Relations Internationales. C’est l’idée qu’avance Aron lorsqu’il évoque « que ce que la théorie de l’action est en mesure d’apporter, c’est la compréhension des diverses idéologies ». Aron fait ici preuve d’une véritable innovation en créant un terme, la « praxéologie » ou la théorie de la pratique, qui a pour ambition de penser toutes les idéologies inhérente au Relations Internationales et de « circonscrire la portée de chacune d’elles ». Cette limitation permet en fait la prise de recul pour cerner tous les éléments nécessaires à la compréhension des Relations Internationales.

Reprenant la théorie de Max Weber, Raymond Aron insiste sur « la prudente épistémologie de l’interprétation » selon les termes de Bertrand Badie, chercheur en sciences sociales. Confirmant l’intuition aronienne évoquée précédemment, Bertrand Badie remarque également qu’Aron « insiste notamment sur plusieurs particularités des Relations Internationales qui n’ont ni objet unique, ni cause instituée ». L’Histoire, la Géographie ou encore la Sociologie peuvent donc êtres utilisés pour penser les Relations Internationales. « Le cours des Relations Internationales est suprêmement historique » souligne Aron. En constante évolution, les Relations Internationales ne pourraient être « catégorisées ».

Les réflexions, la pensée, le raisonnement d’Aron, comme le remarque Frédéric Ramel, auraient tendance à se fondre plus spécifiquement dans la sociologie que dans la théorie. En réfutant toute prétention à la connaissance pure et en élargissant le champ d’analyse, Raymond Aron apparaît comme un philosophe iconoclaste.

Après avoir éclairci ce premier point, essayons de mieux comprendre comment peut-on affirmer que la pensée d’Aron est avant tout autonome.

2. La recherche d’une autonomie de pensée

Nées tardivement, les Relations Internationales n’existent pas en France comme une discipline autonome tant elles sont intégrées à la science politique, et ce d’autant plus que cette dernière a eu elle-même du mal à s’autonomiser de la philosophie, du droit, de l’histoire ou encore de la sociologie. Cela explique pour une part la spécificité de la pensée française et notamment celle de Raymond Aron dans le traitement de l’objet que constitue les Relations Internationales. En effet, force est de constater que le « réalisme aronien » fait preuve d’une relative indépendance intellectuelle vis-à-vis du réalisme anglo-saxon.

Aron semble proche du modèle réaliste dans la mesure où il considère la dialectique paix/guerre comme le moteur des Relations Internationales. Pourtant, il n’est pas pour autant un réaliste stricto sensu et ce principalement pour trois raisons.

En premier lieu, Hans Morgenthau considère que la bellicosité du système international s’explique par la nature humaine tandis que pour Kenneth Waltz cet état de guerre provient essentiellement de la structure anarchique du système international. Aron se situe entre les deux auteurs en prenant en compte les causes relatives à l’individu en même temps que celles relatives au système. Par ailleurs, lorsqu’il affirme qu’un système international est fonction de la nature interne des unités qui le composent, Aron établit aussi une passerelle entre les approches réalistes et libérales. Ensuite, Aron se montre critique vis-à-vis du concept réaliste d’intérêt national, lequel pour les réalistes, déterminerait à lui seul la politique étrangère des Etats. Pour Aron, il existe trois types d’objectifs poursuivis par les Etats dans la conduite de leurs rapports entre eux : d’abord des « objectifs abstraits » comme la sécurité, la puissance ou la gloire ; ensuite des « objectifs concrets » relatifs aux espaces et aux hommes ; enfin des « objectifs platoniciens » faisant référence au corps, au cœur et à l’esprit. Ainsi, contrairement aux auteurs réalistes, Aron ne distingue pas morale et politique et affirme même qu’« être réaliste c’est prendre en considération le rôle des idées, des idéologies et des croyances dans l’étude des Relations Internationales ». Enfin, à la différence du modèle réaliste, Aron reconnaît l’existence d’une « société transnationale », laquelle serait constituée par les échanges commerciaux, les migrations de personnes, les croyances communes ou encore les organisations internationales. Toutefois, Aron conclut en la « relative autonomie de l’ordre interétatique par rapport au contexte de la société transnationale ».

Malgré cela, Aron rejoint Morgenthau et Waltz lorsqu’il soutient l’idée de l’autonomie des Relations Internationales autour du concept de l’Etat comme acteur central.

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