Média et Attitudes électorales
Dissertation : Média et Attitudes électorales. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Maxine Mai • 7 Octobre 2020 • Dissertation • 1 737 Mots (7 Pages) • 380 Vues
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), fondé en 1989, est l'autorité française de régulation de l'audiovisuel. Si cette autorité administrative est avant tout garante de l’exercice de la liberté de communication par le biais de la radio et de la télévisions, le CSA a aussi le rôle de « gendarme de l’audiovisuel » notamment durant les périodes électorales. Il est en effet chargé de veiller à la régulation de la communication et de la propagande à des fins électorales notamment à travers le décompte du temps de parole ou encore par la lutte contre la désinformation. L’existence d’un tel organe est révélatrice du poids des médias en démocratie et des effets qu’ils peuvent avoir sur le comportement des électeurs. Si les médias désignent l'ensemble des moyens de diffusion de l'information, en tant que sources principales d'accès à celle-ci, ils participent nécessairement à la formation des représentations politiques. Du fait d'une forte audience auprès des électeurs potentiels, ils sont au cœur des campagnes électorales. Ainsi, quel rôle jouent finalement les médias dans la détermination des attitudes politiques ? Si les médias semblent jouer un rôle déterminant dans le choix des électeurs, leur influence restent à relativiser, les effets paraissent en effet plus indirects qu’aux premiers abords.
L'expression « quatrième pouvoir » qui désigne la presse et les médias illustre l’importance et le caractère essentiel des canaux d’informations en démocratie. Il apparaît donc souvent que les médias jouent un rôle déterminant dans le choix des électeurs. En effet, ils ne peuvent diffuser un ensemble neutre d’informations, ils traitent et imposent certaines informations et questions. Dès lors, les médias participent à la socialisation politique des individus, ils permettent un conditionnement des attitudes et des opinions politiques. Les personnalités politiques peuvent donc chercher à s'en servir comme d'une ressource au service de la diffusion de leurs idées. Ainsi, en 2017, le Centre de recherches politiques de Sciences Po publie un tableau recensant le vote des téléspectateurs des principaux journaux télévisés aux élections présidentielles et législatives de la même année. Cette enquête illustre ainsi le lien marqué entre le vote d’un électeur et son canal d’information privilégié. Ainsi 33 % des électeurs déclarant regarder principalement le 13h de TF1 ont voté pour Marine le Pen au premier tour de l’élection présidentielle, alors que seulement 9 % des téléspectateurs visionnant principalement le 20heures de France2 ont voté pour la candidate. De même, 17 % des électeurs déclarant regarder principalement le JT de M6 ont voté pour Les Républicains au premier tour des législatives, soit près de moitié moins que parmi les téléspectateurs du 20h de TF1 qui étaient 27 % à exprimer un suffrage pour le parti. Cela est également le cas de la presse écrite, puisque selon un sondage du CSA en 2007, 54% des lecteurs du Figaro votaient Nicolas Sarkozy quand 47% des amateurs de Libération choisissaient Ségolène Royal. La thèse d’un influence des médias dans les comportements politiques est avancée dès les 1927 par Harold LASSWELL dans son ouvrage Propaganda technique in world war. Il y développe notamment le modèle de la seringue hypodermique ; le pouvoir et la puissance des médias leur permet de manipuler les populations en suscitant des attitudes politiques. Il est ainsi aisé pour les médias d’influencer des comportements électoraux en délivrant ponctuellement des messages orientés. Pour Marshall MC LUHAN, dans la Galaxie Gutemberg, certains médias dit « chauds » diffusent par nature un message propagandiste. En effet, la presse, la radio ou encore le cinéma fournissent une forte quantité d’informations, et apparaissent alors comme exhaustif. Il favorise alors la passivité de l’audience qui devient alors « consommatrice » de l’information. Sans nécessité apparente de compléter l’information, le message transmit est donc intégré et a donc une répercussion sur les opinions politiques des électeurs. Serge HALLIMI, dans son ouvrage les nouveau chien de gardes dénonce, lui, l’idée d’un trop grande proximité entre les pouvoirs médiatiques, politiques et économiques. Leurs séparations n’étant que fictives, leurs rapports les uns aux autres ne peuvent qu’être partiaux et complaisants. Pierre Bourdieu a, de son côté, montré que la télévision diffuse, par le format de ses émissions, une vision déformée de la réalité. Sa thèse, comme celle d’Halimi est que les médias empêchent une réelle politisation des citoyens puisque que le « fait divers fait diversion ». En effet, il ne faut oublier que les différents canaux de communications sont avant tout des entreprises qui recherchent le profit en proposant des contenus plus vendeurs. Ainsi, les médias tendent souvent à personnifier les problèmes politiques, et à renforcer la mise en scène de l'image des candidats en tant que personnes au détriment de l'analyse de leurs idées. Les médias paraissent alors avoir une grande influence sur le comportement des électeurs, ils sont en effet des instances de socialisations politiques de masse qui semblent loin d’être neutres dans leur traitement de l’information.
Cependant, les effets des médias sur les électeurs restent à relativiser. Ainsi, dès 1940, dans son ouvrage The Public’s Choice, Paul LAZARSFELD souligne qu'il faut minimiser la crainte d'une influence trop forte, voire d'une manipulation de l'opinion de la part des médias. En effet, les récepteurs du message sélectionnent dans les information diffusées celles qui viennent alimenter leurs positions politiques
...