La démocratie Représentative : Une Contradiction Dans Les Termes

La démocratie représentative : une contradiction dans les termes ?

Traditionnellement, la définition de la démocratie que l’on retient est celle d’Abraham Lincoln qui la définit comme « le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple ».

La démocratie vient du grec « demos » « Cratos » qui signifie le pouvoir du peuple. Il s’agit d’une forme de gouvernement qui repose sur le principe selon lequel le pouvoir appartient au peuple et est exercé par lui.

C’est un terme polysémique qui a évolué et que l’on retrouve aujourd’hui sous différentes formes : la démocratie directe, représentative ou bien semi-représentative.

La démocratie représentative est une forme de gouvernement dans laquelle le pouvoir appartient au peuple qui l’exerce à travers des représentants élus : la volonté des citoyens s’exprime par l’expression d’individus sélectionnés au sein du peuple. Ces derniers agissent au nom des citoyens qui leur ont délégué tous leurs pouvoirs.

Mais si la démocratie n’est conforme à son principe que si le peuple gouverne, la démocratie représentative, dans laquelle le peuple gouverne mais indirectement, serait alors une contradiction du principe idéal démocratie directe.

Dans l'entre-deux-guerres, Carré de Malberg considère encore que l'introduction de la représentation entraîne la « captation » de la démocratie, une oligarchie élective se substituant au peuple souverain

Il convient alors de se demander si le caractère représentatif de la démocratie limite-t-il l’exercice de celle-ci ?

Afin de répondre à cette question, il convient tout d’abord d’étudier le système de démocratie directe (I), puis dans un second temps d’aborder le système représentatif et ses limites au principe démocratique (II).

I. La démocratie directe : un idéal de la souveraineté du peuple rarement mis en pratique

C’est un mode de gouvernement qui a été principalement théorisé par Rousseau comme un système idéal (A), mais qui comporte des limites indéniables (B) rendant difficile sa mise en œuvre.

A. Un mode de gouvernement assurant la souveraineté du peuple

- On considère souvent que la démocratie directe est l’idéal de toute démocratie, puisqu’elle proclame la souveraineté populaire à son point le plus haut : le peuple exerce le pouvoir par lui-même, sans avoir besoin de représentants.

- Les réflexions de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) ont largement marqué les esprits au sujet de la démocratie directe. Il estime que la démocratie ne peut être que directe en se fondant sur les droits naturels des êtres humains et sur le pacte social qui les unit. Dans tout régime démocratique, les citoyens devraient incarner le pouvoir politique et agir directement ainsi que le laisse entrevoir sa théorie de la souveraineté populaire.

- c’est le principe de la démocratie idéale : une absence de distinction entre le peuple et les représentants. Il s’agit de l’idéal de la démocratie dans laquelle le peuple gouverne en adoptant des lois lui-même de telle sorte que tout le monde participe au pouvoir

- le peuple obéit à sa propre volonté : empêche les rébellions.

- Bien que la démocratie directe soit souvent rattachée aux travaux de Rousseau avec sa théorie de la souveraineté populaire, il n'en fut pas le seul instigateur.

Il n’y a pas de représentants mais souvent un leader peut apparaître. Par exemple, c’est Périclès qui, à Athènes, s’est démarqué comme le plus capable d’exprimer à un moment donné les aspirations du peuple dans la démocratie grecque, fondatrice de la démocratie directe.

B. Un système utopique

Ainsi définie, la démocratie directe apparaît comme un mythe dont la mise en œuvre concrète est impossible. Même Rousseau reconnaissait qu’il était inapplicable en pratique.

Il existe des risques à la pratique de la démocratie directe. En effet, en voulant assurer la participation de tous au pouvoir, le risque de tyrannie de la majorité s’accroit. Si les citoyens ne sont soumis qu’à leur propre volonté, alors les conflits et désaccords augmentent.

Aussi, la taille de l’Etat est un élément justifiant l’utopie qui caractérise la démocratie directe. En effet à l'époque de la Grèce antique, certaines cités adoptaient

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