La sociologie électorale

I) La naissance de la sociologie électorale

La sociologie électorale « naît » en 1913 au moment de la publication de Tableau politique de la France de l’Ouest de A. Siegfried. A. Siegfried est le premier à s’intéresser au vote. Jusqu’à son travail, on ne s’intéressait pas au vote mais au résultat des élections. Siegfried opère une rupture dans l’analyse en proposant une étude en amont sur l’électeur et sur son choix. Ses travaux montrent que le vote est régulier et que les électeurs ont des choix relativement stables dans le temps.

Siegfried s’intéresse particulièrement à la Vendée et à la période 1870-1900 (début de la IIIème République). Il dépouille les résultats électoraux et confrontent les résultats à la population locale. Il s’aperçoit qu’en fonction des zones on vote toujours plus ou moins de la même manière.

Il parvient à identifier un clivage au sein de la Vendée : deux zones politiques : au Nord le vote est plus ancré à droite, au Sud le vote est plus ancré à gauche. Surprenant : ces zones politiques correspondent à deux zones géologiques. Au Nord le sol est composé de granite et au sud de calcaire : la Vendée est un département agricole et la nature de l’agriculture dépend des sols, on ne travaille pas les terres de la même manière en fonction de la nature du sol. Siegfried montre que ces deux zones géologiques ont une forte conséquences sur la nature de l’économie et sur la nature de la société : au Nord certains endroits ne sont ni cultivables ni constructibles, habitations espacées, les zones exploitables appartiennent le plus souvent à un propriétaire terrien. Celui met ses terres en location au près de plusieurs petits exploitants : société hiérarchisée. Les propriétaires détiennent donc une autorité économique mais aussi l’autorité politique et a donc une forte influence sur les populations locales. Zone faiblement émancipée économiquement et politiquement et fortement christianisée (curé influent)  vote plus conservateur, plus ancré à droite

Au Sud, il n’y a pas de monopolisation des terres, on observe une multitude de propriétaires terriens indépendants économiquement. Moindre christianisation, religion moins forte, figure du curé moins influente. Population plus émancipée économiquement, politiquement, religieusement  Vote moins conservateur

Ceci s’applique à la Vendée de la fin du 19ème mais ne peut plus s’appliquer aujourd’hui.

Le travail de Siegfried est le point de départ du travail sur le vote.

Analyse écologique : on réinscrit les individus dans leur environnement au sens large.

II) Le poids des variables sociologiques dans l’orientation politique

La sociologie électorale est née en France mais s’est beaucoup développée aux USA.

Travaux de l’université de Columbia avec le chercheur Paul Lazarsfeld, The People’s choice ( 1944). Etude qui date de 1941 (année de présidentielle). Ils voulaient étudier l’influence des médias sur le vote. Ils interrogent 600 électeurs de l’Ohio avant, pendant et après le scrutin. Conclusion principale : une personne pense politiquement comme elle est socialement. Les médias ont donc une faible influence sur le vote. 3 variables sont déterminantes (pour cette époque, ce pays et le système bipartique):

- l’enracinement géographique

- la religion

- la catégorie sociale

Quelques chiffres :

24% des électeurs ruraux protestants et issus de milieux favorisés votent démocrate.

86% des catholiques urbains de statut plus modeste votent démocrate.

Approche critiquée car elle remet en cause le mythe du citoyen éclairé et donne l’image d’un citoyen qui subit ce qu’il est socialement.

Une partie des étudiants de Lazarsfeld sont partis à l’université de Michigan. Ils élargissent l’analyse (mais restent dans la lignée de Lazarsfeld) et ont essayé de montrer que le vote est un geste social mais aussi une identification partisane dans The American Voter (1960). Le vote en plus d’être un acte social est la capacité à s’identifier à un parti. A remettre dans le contexte du système américain qui est composé de seulement deux partis.

III) L’électeur rationnel

Citoyen

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