Le maintien de la prohibition de l'inceste absolu
TD : Le maintien de la prohibition de l'inceste absolu. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar totorahill • 29 Octobre 2019 • TD • 1 618 Mots (7 Pages) • 1 170 Vues
Débat sur l’inceste absolu
« Faut-il réformer l’article 310-2 du Code civil relatif à la filiation de l’enfant né d’un inceste absolu ? »
Article 310-2 du Code civil : S'il existe entre les père et mère de l'enfant un des empêchements à mariage prévus par les articles 161 et 162 pour cause de parenté, la filiation étant déjà établie à l'égard de l'un, il est interdit d'établir la filiation à l'égard de l'autre par quelque moyen que ce soit.
Article 161 : En ligne directe, le mariage est prohibé entre tous les ascendants et descendants et les alliés dans la même ligne.
Article 162 : En ligne collatérale, le mariage est prohibé, entre le frère et la sœur, entre frères et entre sœurs
Point de vue à défendre : oui, il faut maintenir la prohibition
Accroche :
Il y a près d’un an, les scénaristes de « Plus belle la vie » déclenchaient une polémique en proposant aux fans de la série une scène d’inceste entre deux des personnages principaux (Océane et son demi-frère Jonas).
Les nombreuses réactions provoquées par cette scène, au-delà du cercle des habitués de la série, soulignent le caractère hautement immoral attribué à l’inceste dans notre société. La série à grand public « Game of thrones » a également, dès son premier épisode, fait susciter de pareilles réactions dans une scène d’inceste entre un frère et une sœur.
L’inceste apparaît ainsi comme un thème au centre de nombreuses fictions, et ce depuis des millénaires. Dans la mythologie grecque, c’est l’un des deux grands crimes d’Œdipe qui expliquent la malédiction de sa lignée, au côté du parricide. En effet, sans le savoir, Œdipe, fils de Laïos et de Jocaste abandonné à sa naissance en raison d’un oracle néfaste, tue son père et épouse sa mère après avoir résolu l’énigme du Sphinx.
Cette récurrence dans la fiction invite à s’interroger quant au caractère universel de l’interdit moral de l’inceste. Si l’inceste (entre majeurs consentants) fait l’objet d’un interdit et d’un tabou depuis des millénaires, un tel état de fait est-il justifié ?
Dans nos sociétés, c’est au droit qu’il revient d’édicter la règle de la prohibition de l’inceste, puisque toute règle que l’on veut voir respectée par l’ensemble des membres de la société passe nécessairement par le droit. Or, puisqu’il s’agit à l’origine d’une notion non juridique et dont les fondements sont ignorés de la réflexion juridique, comment le droit va-t-il pouvoir appréhender l’inceste ?
Je vais tenter de vous démontrer qu’il existe des justifications multiples à l’interdiction morale de l’inceste.
Argumentation :
• L’instinct
La première explication est sans doute la plus simple mais ne repose pas sur un socle argumentaire très solide. L’interdit de l’inceste reposerait sur le fait qu’il y ait une répulsion naturelle à avoir des relations sexuelles avec les membres de sa famille proche. Il s’agirait d’un instinct par lequel nous répugnons à toute relation de nature sexuelle avec son clan familial. Il s’agirait ainsi d’une loi naturelle, connu sous le nom d’effet de Westermarck, du nom de l’anthropologue finlandais principal auteur de cette théorie. Il s’agit d’une aversion naturelle à se marier aux personnes avec lesquelles l’on a grandi dans la petite enfance. L’explication n’est guère convaincante tant il évacue la construction culturelle de la prohibition de l’inceste, ce que soulignera son contemporain E. Durkheim.
• La biologie
L’inceste entraînerait une dégénérescence due à la consanguinité. La procréation serait ainsi dangereuse entre membre de la même famille au premier degré car provoquant des tares génétiques. De plus, le manque de diversité génétique serait nuisible pour la race humaine à long terme. L’argument scientifique est pertinent car effectivement, la consanguinité peut entraîner des problèmes génétiques et la diversification du patrimoine génétique doit être entretenue.
Si l’interdiction du mariage entre frères et sœurs, parents-enfants, oncles-tantes et nièces-neveux, en droit français, ainsi que l’absence de filiation avec le père en cas d’enfant né d’une relation incestueuse sont liées au problème de consanguinité, cela ne peut expliquer la totalité de l’interdiction de l’inceste. Enfin, l’interdiction morale est la même qu’il y ait procréation ou non: deux frères et sœurs ayant une relation sexuelle ne seront pas moins sévèrement jugés par la société pour avoir violé une règle éthique qu’ils aient utilisé une contraception ou non.
• L’impératif d’exogamie: la prohibition de l’inceste pour faire société
Ici réside sans doute l’explication la plus pertinente de la prohibition de l’inceste. L’idée ici est que le mariage doit lier deux familles, qu’il est un échange. Cet échange crée une troisième famille, qui liera ses enfants à d’autres familles créant ainsi de suite une multitude de familles. L’exogamie, c’est à dire se marier en dehors du cercle familial, permet de constituer la société. Cette argumentation est celle de Lévi-Strauss et de Durkheim avant lui. Il faut donc maintenir cet article 310-2 du code civil pour ne pas nuire à la
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