La Démocratie est-elle une tyrannie de la majorité ?
Dissertation : La Démocratie est-elle une tyrannie de la majorité ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar djamsss • 23 Décembre 2021 • Dissertation • 2 515 Mots (11 Pages) • 758 Vues
BEKKAL Djamila
La démocratie est-elle une tyrannie de la majorité ?
Serge Lapisse, écrivain, philosophe et poète docteur en droit écrit que « la démocratie passe par le respect de toutes les minorités : c’est là le talent de la démocratie participative ». En un sens, la notion de démocratie vient du grec, démos cratos, qui signifie que le pouvoir appartient au peuple. Le sens usuel de cette notion est le fait de préserver les libertés individuelles, les droits de l’Homme. La démocratie libérale veut un pouvoir politique limité et qui a pour but la préservation des droits individuels. Au contraire, un pouvoir absolu dans l’intérêt égoïste des dirigeants est une tyrannie, forme de dictature. En Grèce antique cette notion vient du terme tyrannos qui signifie un pouvoir venu par la violence, par un coup d’état, même si on pourrait admettre qu’un pouvoir a été pris par la violence mais dans l’intérêt de tous. Dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen du 26 août 1789, à l’article 6 : la loi est l’expression de la volonté générale (phrase inspirée de Jean-Jacques Rousseau qui a inspiré la Révolution française). En effet, la démocratie, doit faire apparaître des droits qui permettent à tous de s’exprimer, d’exprimer son vote aux élections afin de choisir son représentant. Si ces droits n’existaient pas, il n’y aurait pas une certaine sécurité envers la minorité. La tyrannie de la majorité fait partie des conséquences indésirables de la démocratie qui favorise la majorité au détriment de la minorité, en l’absence de droits fondamentaux. Il sera essentiel d’aborder la réflexion de l’auteur Alexis de Tocqueville dans son ouvrage « De la démocratie en Amérique ». Historiquement, la légitimité du pouvoir a été caractérisée de divine : le roi est légitime car son pouvoir provient de Dieu. La légitimité repose aussi sur une capacité particulière à gouverner. Finalement, depuis la fin du 18e et du 19e, l’idée du pouvoir qui s’est imposé est l’idée selon laquelle le pouvoir appartient au peuple c’est pour ça qu’il est jugé légitime. Abraham Lincoln, 16ème président des Etats-Unis : « la démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » est une formule reprise par l’article 2 de la Constitution de la Vème République du 4 octobre 1958 :« la devise de la république est Liberté, Egalité, Fraternité » « son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple, et pour le peuple ». La démocratie est cependant menacée par le danger de la tyrannie de la majorité. D’où provient cette contradiction ? Comment résoudre ce problème ? Par définition, le régime démocratique signifie-t-il obligatoirement une tyrannie de la majorité ou en est-ce seulement une conséquence inévitable ? Il sera donc important de parler de l’ouvrage de Tocqueville et sa réflexion sur la tyrannie de la majorité (I) ainsi que de faire un parallèle avec cette notion dans la démocratie contemporaine (II)
De la Démocratie en Amérique par l’auteur Alexis de Tocqueville est un ouvrage qui met bien en avant la tyrannie de la majorité à travers le système représentatif et le vote (A) ainsi que les pensées et opinions majoritaires (B)
« Il y a plus de lumières et de sagesse dans beaucoup d’hommes réunis que dans un seul », tel est abordé le concept du suffrage universel. Lors de son voyage de 1831 à 1832, Alexis de Tocqueville se posa le problème de la démocratie en Amérique menacée par la tyrannie de la majorité. En effet, ce philosophe du 19ème siècle mort en 1859, publia deux ouvrages à la suite de son expédition, l’un publié en 1835 et l’autre en 1840. Selon Tocqueville, la démocratie correspond à un régime politique mais également à un Etat social qui permet le pouvoir au peuple ainsi qu’un ordre social, une bonne organisation de la société. Dans le système représentatif mis en place par la Constitution des Etats-Unis de 1787, le peuple va élire ses représentants du pouvoir unique, central. Le peuple est alors libre de choisir pour quel grand électeur il va voter, étant un système électoral indirect et non pas un suffrage universel direct. Cette liberté de choix n’est que temporaire étant donné que chaque citoyen, en votant pour un parti ou un autre, donne le pouvoir à une entité et délaisse sa liberté. Un vote, quel que soit les modalités du scrutin (vote à la majorité, à deux tours, à la proportionnel…), présuppose d’accepter de son plein gré les résultats du vote, même s’ils ne correspondent pas à notre désir. Ce qui justifie la légitimité du vote est le consentement unanime. Cependant, bien que dans une démocratie la loi doit être l’expression de la volonté générale, étant donné que c’est en quelque sorte la majorité qui gouverne, car la voix de la minorité n’est pas prise en compte, la loi est finalement l’expression de la volonté majoritaire ce qui est en contradiction avec la Constitution. Au-delà des conflits de la volonté générale il faut des principes de base : sans cet accord unanime de base, sur des principes fondamentaux, il ne peut y avoir que des rapports de violence entre des individus ou groupes opposés Selon la logique de l’auteur Thomas Hobbes, mieux vaut garantir la sécurité par un ordre social ; mieux vaut une injustice qu’un désordre. Celui qui est dans la minorité veut rationnellement obéir aux lois de la majorité même s’il n’en a pas envie. En effet, avant de voter, tout le monde est au courant que le résultat sera soit favorable soit défavorable au choix de vote du citoyen, ainsi, le résultat mettra donc en avant l’opinion majoritaire. Sans ce consentement unanime et implicite au résultat du vote, la démocratie ne serait qu’une dictature voire justement une tyrannie de la majorité. Par exemple, lorsque l’on joue au jeu du poker, on a envie de gagner l’argent des autres joueurs et non pas de perdre le nôtre, mais il faut se soumettre aux règles du jeu connues dès le départ, ainsi se soumettre au résultat qu’il soit bon ou mauvais. Autre exemple, en Pennsylvanie les personnes de couleur ont le droit de vote mais ne votent pas, étant minoritaires et sachant que la majorité l’emportera dans tous les cas, ils font partie du taux d’abstentionnisme. Finalement, si l’opinion de la minorité n’était pas prise en compte, si la minorité n’était pas mise au courant du fait que seul le pourcentage majoritaire sera entendu, la démocratie serait une tyrannie de la majorité du fait du non-consentement unanime.
« Lorsqu’un homme ou un parti souffre d’une injustice, aux Etats-Unis, à qui voulez-vous qu’il s’adresse ? A l’opinion publique ? C’est elle qui forme la majorité. Au corps législatif ? il représente la majorité et lui obéit aveuglément ; au pouvoir exécutif ? Il est nommé par la majorité. A la force publique ? Elle n’est autre chose que la majorité sous les armes … ». Tocqueville insiste sur le danger de la tyrannie de la majorité en y ajoutant également le danger sur les pensées individuelles. En effet, cette notion de tyrannie de la majorité est valable dans plusieurs domaines dans une société. Dès lors qu’il y a une majorité, il y a une norme à suivre. Il ne faudrait pas que quelqu’un soit distingué comme une minorité seulement par sa façon de penser, ses mœurs, son style vestimentaire ou autre. Il y a toujours une tendance à suivre qui provient de cette majorité. Dans le cas où l’on se distingue du groupe majoritaire, on pourrait être marginalisé, mis à l’écart, pour éviter cela on est donc poussé à penser comme les autres. Un Etat reconnaît des droits et des libertés telle que la liberté d’avoir une opinion ou la liberté d’expression en droit. Cependant dans les faits, beaucoup sont amenés à répéter ce que pensent les autres pour également être respecté, admiré ou écouté. C’est alors implicitement une tyrannie de la majorité car c’est une pression exercée sur la minorité qui ne peut que se soumettre à la plus grande partie. Il y a en effet l'influence dite majoritaire, que l'on qualifie souvent de conformisme. Ce processus est l'influence des opinions, des comportements et des idées de la majorité sur la minorité, qui est donc une forme de pression du groupe sur l’individu. Par exemple, l’expérience de Solomon Asch dans les années 50 qui fait une étude sur les effets de groupe sur la pensée d’un individu : les gens participants à l’expérience conforment la plupart de leur réponse à celles données par le groupe bien qu’elles soient fausses. On fait alors face à une uniformisation de la société, une unification des pensées, des habillements c’est la masse qui choisit de se conformer à des représentations donc elle produit un modèle à suivre. Par exemple, dans la saga américaine Star Wars, on peut constater une énorme civilisation de différents groupes puis au fur et à mesure on est face à une unification très forte : des soldats identiques, des clones, des humains avec les mêmes pensées, vêtements et comportement.
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