Décret de Gratien
Commentaire de texte : Décret de Gratien. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Nounouuuk • 9 Février 2022 • Commentaire de texte • 1 917 Mots (8 Pages) • 572 Vues
Commentaire d’un extrait du décret de Gratien
Le texte est un extrait du décret de Gratien datant d’environ 1140 après notre ère. Cet auteur est presque inconnu mais des chroniques du XIIIe siècle disent que c'est un moine de l’ordre des camaldules. Dans cet extrait de son décret, Gratien commente et précise un texte antérieur au sien, celui du 6ème livre des Étymologies d’Isidore de Séville qui date du VII siècle après J-C. Isidore de Séville est un religieux - évêque de Séville, l'une des principales villes du royaume wisigothique au VIIème siècle - et un auteur né entre 560 et 570 à Carthagène. C’est sûrement l’un des écrivains les plus recopiés et lus au Moyen-Age, il constitue une grande figure d'inspiration pour Gratien.
Les périodes de ces deux auteurs sont relativement similaires, leurs textes sont écrits lors de deux crises et changements au sein de l’Eglise catholique. D’une part, à l’époque d’Isidore de Séville le royaume d’Espagne est arien, non pas catholique. Suite à la conversion officielle au catholicisme des princes du royaume wisigothique, il convient de trouver un accord nouveau entre l’Eglise catholique hispano-romaine et le royaume. Ainsi, une réorganisation de l’Eglise s’impose. C’est ainsi qu’intervient l'œuvre d’Isidore de Séville, engagée à résoudre certains problèmes de son pays et de son temps après une période de forte instabilité.
C’est aussi suite à un contexte de crise que le décret de Gratien émane. Au IX et Xème siècles, l’Eglise se revendique comme associée à la loi romaine, les papes ont alors assez peu d’autonomie et le droit de l'Église est fragile. Ceci abouti à la réforme grégorienne du XIème siècle qui est un mouvement intellectuel et politique venant des papes qui souhaitent réaffirmer leur autorité. Elle tire son nom du pape Grégoire VII. Cette réforme a pour objectif de rétablir la discipline, de réformer le clergé pour ainsi mieux encadrer la société laïque mais surtout d’unifier l’Eglise. Il y a ainsi un renouveau du droit canonique, avec de nouvelles collections dont celle de Gratien qui en est le point culminant. Il sert à résoudre les discordances et c’est en effet ce qu’on retrouve dans son dictum qui lui sert de conclusion. Son décret constitue la première partie du Corpus Juris Canonici, symétrique au corpus juris civilis. Gratien n’a pas travaillé seul, avec son équipe ils ont réuni plus de mille canons organisés en thèmes et accompagnés de commentaires pour les expliquer. C’est le cas de celui d’Isidore de Séville qui se trouve à la Distinction 3 du décret. Ce texte est sans équivalent car il constitue le bilan du Droit canonique du premier millénaire.
Dans quelle mesure le décret de Gratien apporte-t-il des précisions et une interprétation du Moyen -Âge central concernant les différentes règles établies par Isidore de Séville six siècles auparavant ?
I - Une définition des différentes règles par Isidore de Séville
La législation des conciles permet de réinstaller la stabilité dans l’Eglise
ligne 1 “Isidore de Séville au livre 6 de ses Étymologies, explique ce qu'est un canon de la manière suivante :”
Cette première phrase du décret de Gratien permet à l’auteur d’introduire le sujet et la provenance du texte qu’il commente, à savoir les étymologies d’isidore de séville. Ici, Isidore va effectuer une explication et une définition du mot canon. Un canon, ou droit canon, représente l’ensemble des ordonnances, règlements et règles fixées ou agréées par les autorités de la religion catholique. Il concerne le fonctionnement de l'Eglise et le gouvernement de son organisation.
lignes 2 et 3 “Chapitre 1, Ce qu'est un canon : On appelle en grec "canon" ce qui est appelé en latin "règle"
A l’époque d'Isidore de Séville, les canons ont une importance catégorique puisqu'ils servent à réorganiser la royauté wisigothique. Il faut en effet réorganiser la nouvelle Église, créer l’unité après une période d’instabilité et c’est là qu'interviennent ces règles. Car le canon est un mot grec équivaut à une règle en latin. Ils s’apparentent et ont vocation à être des lois. Les canons émanent des nombreux conciles réunis à la fin du VIe siècle, car les papes légifèrent de moins en moins et on se réfère donc à la législation qualifiée de “conciliaire”. La plupart de ces conciles se sont réunis à Tolède, qui est alors la capitale religieuse. Un grand nombre se sont fait à la demande du roi wisigoth et ont émis des règles en matière de dogme et théologie.
ligne 4 “Chapitre 2, De là ce qu'on appelle la règle :”
Ici, Gratien introduit dans son chapitre 2 la définition que va faire Isidore de Séville de la règle. Il est important de préciser qu’Isidore de Séville contribue, par son action et par ses œuvres dont “Etymologies”, à l'unité nationale, à la réorganisation de l'Église d'Espagne et ainsi à la restauration d'une culture hispano-romaine. Il définit ce qu’est la règle donc ce que sont les canons car la législation des conciles wisigothiques est florissante et a pour but d’organiser sur le plan administratif et judiciaire l'église du royaume wisigoth. Ces règles sont d’ailleurs compilées dans des collections canoniques.
Les règles, ou canons, définies par Isidore de Séville sont illustrées en trois différentes sortes.
Une distinction en 3 parties des règles selon Isidore de Séville
lignes 5-6 “On appelle "règle" ce qui est conduit avec "rectitude" et non ce qui est parfois tiré dans une autre direction. “
Isidore de Séville établit d’une certaine une définition commune en utilisant le pronom personnel “on”. De plus, la règle est ici définie comme quelque chose qui est “conduit avec rectitude” donc de droit ou rigoureux. La règle ne peut pas aller dans un autre sens, c’est alors une définition stricto sensu. Elle dicte une chose droite et stable et implicitement a donc vocation à être claire.
lignes 6-7 “D'autres ont dit que cette règle est soit ce qui régit, soit ce qui désigne la norme qui permet de vivre avec rectitude, soit ce qui corrige ce qui est tordu ou de travers.”
Dans
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