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Commentaire du décret de Gratien

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Par   •  17 Novembre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 503 Mots (7 Pages)  •  2 268 Vues

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COMMENTAIRE DE TEXTE

Décret, de Gratien

LA NAISSANCE D’UNE SCIENCE CANONIQUE EN EUROPE OCCIDENTALE

Le premier titre du Décret de Gratien annonce d’emblée la finalité de l’œuvre : « Concordia discordiam canonum », autrement dit, concorde des canons discordants. Son œuvre est vraisemblablement le texte le plus important du droit canonique, puisqu’il a été utilisé jusqu’en 1917, date de promulgation du Code de droit canonique. L’auteur a alors cherché à résoudre les contradictions entre les canons anciens et réconcilier les doctrines.

Au Moyen-Âge, les canonistes ont cherché à unifier le droit par un travail de compilation des sources du droit. Le XIIe siècle, plus précisément, illustre un réveil religieux important. On assiste alors à un affrontement entre la papauté et l’empereur germanique, proclamant son droit au gouvernement du monde et qui cherche à imposer son autorité en Italie. Cette ambiance belliqueuse se traduit également par l’appel du pape Eugène III à la deuxième croisade. C’est donc dans un contexte marqué par un schisme entre les chrétiens d’Orient orthodoxes et les chrétiens d’Occident catholiques, que les érudits médiévaux ont entamé un travail de compilation du droit.

Gratien est un personnage assez mystérieux puisque les sources le concernant ne concordent pas. En effet, si pour certains il serait né en Toscane, pour d’autres ce serait plutôt en Ombrie. Ce qui est certain c’est que c’était un moine à l’époque médiévale. Il a vécu au XIIe siècle et s’est inscrit dans la tradition médiévale aux côtés de Pierre Lombard et Pierre Comestor, respectivement, père de la théologie médiévale et père de l’histoire médiévale. Trois érudits qui se sont intéressés aux relations entre la théologie, l’histoire et le droit canonique. Gratien finira par enseigner le droit au sein de son monastère et mourra quelque part entre Bologne et Chiusi, où exactement ? personne ne le saura. Son Décret, est une collection de plus de 3800 textes qui rassemblent l’ensemble du droit ancien : canons, décrets, décrétales, lois romaines, etc. Gratien s’est inspiré de plusieurs œuvres antérieures comme du Décret d’Yves de Chartres, ou encore des Étymologies, d’Isidore de Séville. Concernant la date de rédaction de son ouvrage, là encore cela provoque des acrobaties mentales : était-ce après le concordat de Worms ? vers 1145 ? 1140 ? Nous retiendrons que l’œuvre a été rédigée, ou du moins finalisée, au milieu du XII siècle, donc aux alentours de 1140. Nous nous intéresserons ici à la distinction III de l’ouvrage de Gratien portant sur la naissance d’une science canonique en Europe Occidentale.

        Dans quelle mesure Gratien entend-il combler l’incertitude législative de l’époque médiévale ?

        S’il existe déjà des sources du droit à l’époque féodale (I) Gratien vient compléter l’univers législatif de l’époque médiévale (II).

  1. Les sources du droit à l’époque féodale

Au XIIe siècle, on distingue deux principales sources du droit, le droit romain (A) et le droit canonique ou droit canon (B).

  1. Le droit romain

Gratien commence dans sa première partie par admettre qu’il existe un droit romain. C’est ce qu’il qualifie de « constitution civile ». Dès le XIe siècle, le droit romain se réveille en Occident avec la redécouverte des compilations justiniennes. Le droit romain n’avait pourtant pas disparu, mais jusqu’au XIe siècle, sa connaissance n’était que parcellaire. C’est ainsi qu’en partant d’abord du Nord de l’Italie, le droit romain se répand à nouveau en Europe occidentale. Il est donc établi qu’au moment où Gratien construit son œuvre, le droit romain est à nouveau d’actualité et il ne saurait en négliger l’existence, ni même l’impact. En effet, lorsque l’auteur évoque « plusieurs espèces de lois séculières », il reconnaît qu’il existe des lois qui appartiennent au siècle, autrement dit au monde laïque et non à l’Église. Ces lois séculières sont donc les lois provenant du droit romain.

Il est donc établi qu’au XIIe siècle, le droit romain a encore une influence sur le monde juridique en Europe Occidentale, toutefois, Gratien ne manque pas de préciser qu’outre ce droit civil, il existe également un droit ecclésiastique.

  1. Le droit canon

Toujours dans sa première partie, Gratien soutient qu’il existe un ensemble de lois et de règlements acceptés ou adoptés par les autorités catholiques pour le gouvernement de l’Église et de ses fidèles. Cet ensemble de lois et de règlements correspond au droit canon, ou droit canonique. C’est ce qui représente la « constitution ecclésiastique » que vient expliciter Gratien. L’auteur se base alors sur le travail du « Maître de l’ancien monde » comme l’appelait Charles de Montalembert, Isidore de Séville. Cet évêque avait accompli un travail ce compilation, qui n’était cependant en rien influencé par la religion. C’est par ses Étymologies, que Gratien nous explique ce qu’est un canon et ce qu’est une règle. Un canon est une règle et une règle est ce qui gouverne et nous conduit à être droit. Voilà donc l’explication du droit canon d’Isidore de Séville, reprise par le moine camaldule. Il nous présente ici le droit canon comme de simples règles nous permettant de vivre « droit ». Le droit canonique traduit tout de même une mainmise de l’Église Occidentale sur la législation médiévale.

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