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Dissertation : Le référendum sous la Vème République

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Par   •  6 Mars 2019  •  Dissertation  •  1 864 Mots (8 Pages)  •  3 857 Vues

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« Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi. ».

Par cette citation, tirée de son ouvrage Du contrat social (1762), Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) affirme l’importance du principe de ratification populaire des lois. Le référendum est « le peuple législateur ». Ce principe se réalise par voie référendaire.

Le référendum est un procédé de la démocratie semi-directe par lequel le peuple collabore à l’élaboration de la loi, qui ne devient parfaite qu’avec son consentement. Il existe plusieurs types de référendum : le référendum constituant, législatif, ou d’initiative minoritaire et populaire, le référendum national ou local, et le référendum obligatoire ou facultatif.

Le référendum n’est pas apparu sous la Vème République mais la Vème République naît du référendum. En France, le référendum existe depuis la Révolution. Le projet de constitution girondine de 1793 prévoyait déjà une censure populaire sur les actes parlementaires. Ce projet ne fut finalement pas retenu. Dans les faits, le référendum est inventé la même année pour l'adoption de la Constitution du 6 messidor an I (1793). Le référendum pour l’adoption des lois était organisé si un dixième des assemblée primaires, dans au moins la moitié des départements, le réclamait de par ses objections à la loi proposée (articles 58 à 60). En matière constitutionnelle, le corps électoral disposait également d'un droit d'initiative si un dixième des assemblées primaires décidait d'une révision au niveau national. Cette constitution ne fut jamais appliquée.

Notre sujet porte sur le référendum sous la Vème république. La Vème République est le régime politique républicain en vigueur en France. Elle a succédé, le 4 octobre 1958, à la IVème République, qui avait été instaurée en 1946. Elle marque une rupture par rapport à la tradition parlementaire de la République française dans la volonté de renforcer le rôle du pouvoir exécutif. Elle est régie par la Constitution du 4 octobre 1958, approuvée à une très large majorité par voie référendaire le 28 septembre précédent. Charles de Gaulle en fut l'initiateur et le premier président élu. En place depuis 60 ans, la Cinquième République est le régime républicain français le plus stable après la Troisième République (1870-1940).

Problématique : Comment fonctionne le référendum sous la Vème République ?

Pour répondre à cette question, il nous faudra distinguer le référendum constituant du référendum législatif. Cette différenciation constituera les deux pans de notre raisonnement.

I. Le référendum constituant

Au long de la Vème République, le texte constitutionnel a fait l’objet de nombreuses révisions et le régime politique a connu de profonds bouleversements.

A) La procédure constitutionnellement prévue par l’article 89 de la Constitution

La Constitution de 1958 appartient à la catégorie des constitutions écrites « rigides », sa révision implique une procédure spécifique et solennelle qui la rend, en principe, relativement difficile à mettre en œuvre. En effet, la révision de la Constitution implique l’adoption d’une loi constitutionnelle selon une procédure spéciale, organisée à l’article 89 de la Constitution.

1- Caractéristiques de l’article 89

D’abord, l’article 89 de la constitution de 1958 prévoit le partage de l’initiative du processus constituant entre plusieurs autorités : le Président de la République, sur proposition du Premier ministre, et les deux chambres du Parlement. Ensuite, la proposition ou le projet de révision constitutionnelle doit être voté par les deux assemblées parlementaires séparément. Enfin, la révision n’est définitive qu’après avoir été approuvée par le peuple souverain par voie référendaire.

2- Un référendum constituant non nécessaire

Parmi les 24 révisions constitutionnelles tenues sous la Vème République, une seule est rendue définitive par référendum constituant. En effet, l’article 89 de la Constitution prévoit une deuxième modalité permettant de recueillir indirectement l’approbation du peuple, via ses représentants. Lorsque le Président de la République considère que cette révision constitutionnelle est conforme à la volonté et à l’intérêt national, il décide de soumettre le projet de révision constitutionnelle au Parlement, convoqué en Congrès. Ce qui a pour conséquence de ne pas soumettre le projet au référendum. La révision devra alors être entérinée par la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés. Il ressort donc de l’article 89 que ses rédacteurs ont voulu que la révision constitutionnelle pût intervenir soit sans référendum, par accord du pouvoir exécutif et législatif, soit, s’il y a désaccord entre les deux, via référendum, qui joue ainsi le rôle d’arbitrage.

B) Le recours exceptionnel à l’article 11 de la Constitution

A deux reprises, l’article 11 a été utilisé en lieu et place de l’article 89 de la Constitution pour réviser la Constitution, ce qui causa de nombreuses controverses juridiques et un grave conflit politique.

1- Le succès de la mise à l’écart du Parlement en 1962

Lorsqu’il entreprit de réviser la Constitution afin de modifier le mode d’élection du président de la république et de le faire élire au suffrage universel direct, le 28 octobre 1962, le général De Gaulle savait que son projet ne pourrait pas recueillir la pleine adhésion du Parlement. En effet, certains courants politiques craignaient un amoindrissement de leur influence au bénéfice d’un chef de l’état doté dont la légitimité populaire directe, viendrait concurrencer la leur. C’est pourquoi De Gaulle décida d’écarter les parlementaires du processus. Il choisit de ne pas fonder son référendum sur l’article 89, qui implique l’adoption du projet par les deux assemblées, mais sur l’article 11 de la Constitution. Cette manœuvre n’est ni autorisée, ni interdite par la Constitution et sera perçue par certains parlementaires comme un véritable « détournement constitutionnel ». Finalement, le peuple donna gain de cause au général et chef de l’état, en approuvant le projet de révision constitutionnel lors du référendum du 28 octobre 1962 avec 62% des suffrages exprimés. Les

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