Commentaire d'Ernest Renan "Qu'est-ce qu'une nation?"
Commentaire de texte : Commentaire d'Ernest Renan "Qu'est-ce qu'une nation?". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Agathedre • 12 Octobre 2017 • Commentaire de texte • 1 812 Mots (8 Pages) • 2 196 Vues
Commentaire : Ernest Renan, « Qu’est-ce qu’une nation ? »
Conférence faite à la Sorbonne, le 11 mars 1882
L’Article 3 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen dispose que « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation ».
Ce texte est un extrait de « Qu’est-ce qu’une nation ? », une conférence d’Ernest Renan faite le 11 mars 1882 à la Sorbonne. Cette conférence, qui est un discours oral argumentatif, s’adresse à des personnes instruites et des étudiants. Elle a été par la suite publiée dans Les discours et conférences en 1887. Ernest Renan a vécu de 1823 à 1892. Il est un philosophe, écrivain, historien, homme politique, professeur, philologue et Grand-officier de la Légion d’honneur. Jeune il se destine à la prêtrise, mais il décide de la quitter et croit désormais en la science et souhaite se consacrer à l’étude des origines du christianisme avec une approche scientifique. Il est fasciné par la recherche de la vérité et le désintéressement. Renan critique la religion comme système de pensée tout en affirmant son importance comme facteur d’unification des sociétés. Il a écrit au cours de sa vie de nombreux livres sur les religions et déclencha des débats et des mécontentements de la part de l’Eglise catholique. Il combat l’idée que la race et langue sont des facteurs déterminants la nation, par ce fait il s’oppose au pangermanisme.
Renan fait sa conférence dans un contexte de ressentiment de la France envers l’Allemagne. Cette dernière a acquis, après sa victoire de la guerre franco-allemande de 1870 et 1871, l’Alsace-Lorraine, ancien territoire français. La France a gardé de cette défaite un sentiment de frustration. L’Europe est marquée par la montée du nationalisme. Avec la Troisième République apparait en France, de nombreuses réformes. Le Président de la République est dorénavant élu par le Congrès. De nouvelles lois font également leur apparition comme la loi sur la laïcité, la loi sur l’instruction, mais aussi les droits de grève, d’association et de réunion, ainsi que la liberté de la presse. En 1881 et 1882 les lois Jules Ferry instaurent l’école gratuite, l’éducation obligatoire et l’enseignement public laïc. 1882 voit aussi la création de la « Triple Alliance » entre l’Allemagne, l’Italie et l’Autriche, la France se retrouve isolée sur le continent européen. Le 12 mai 1882 la Ligue des Champions est créée avec pour objectif d’insuffler à l’opinion publique, un esprit de revanche et de haine de l’Allemagne.
Dans sa conférence Renan distingue les notions de race et de nation. Pour lui, définir la nation est source de controverses car il s’agit d’une notion complexe. A la différence des races, les nations se sont formées sur une association volontaire d’individus avec un passé commun, selon lui. Pour Renan la race, le peuple et la nation sont trois notions différentes. Il argumente que ce qui définit une nation n’est pas de parler la même langue, ni d’appartenir au même groupe ethnographique, qui sont des facteurs objectifs, mais c’est de vouloir vivre ensemble. Il oppose dans ce texte son idée de nation avec celle de la tradition allemande de Fichte. Pour ce-dernier la nation repose sur le jus sanguinis. On est de nationalité allemande si on parle allemand, qu’on a une culture allemande et que nos ancêtres sont allemands. Pour Ernest Renan, la nation repose sur des critères subjectifs, on est de nationalité française parce qu’on veut l’être, c’est le droit du sol. Par son discours, il critique la façon de penser allemande et souhaite prendre sa revanche.
Qu’est-ce qu’une nation véritablement ? Qu’est-ce qu’elle regroupe et qu’est-ce qu’elle induit ? Pourquoi y a-t-il des nations ? Comment perdurent-elles ?
L’étude du texte portera dans un premier temps de la conception de la nation selon Ernest Renan puis dans un second temps sur l’idéologie de la nation selon Renan.
- La conception de la nation selon Ernest Renan
Pour Ernest Renan la nation se distingue de la race et du peuple, ce sont trois notions différentes souvent confondues. Pour lui le passé, le présent et le futur permettent de définir une nation.
- La nation : une notion différente de la race et du peuple
« On confond la race avec la nation, et l’on attribue à des groupes ethnographiques ou plutôt linguistiques une souveraineté analogue à celle des peuples réellement existants. » (lignes 15 à 17). La race est une catégorie de classement de l’espèce humaine selon des critères morphologiques ou culturels, sans aucune base scientifique. La nation est une structure qui regroupe des éléments indissociables, c’est ce qui nous rassemble et distingue. Le peuple est l’ensemble des citoyens, c’est lui qui fait le droit. Pour Renan il ne faut pas confondre les trois qui sont des termes différents, cependant ces trois mots sont souvent confondus. Le Conseil constitutionnel encore aujourd’hui assimile peuple et nation, or la nation est indivisible alors que le peuple ne l’est pas. Pour Renan la race, la langue et l’ethnie ne sont pas au fondement d’une nation. Plusieurs pays peuvent partager une même langue sans être une nation, comme c’est le cas pour les Etats-Unis et le Royaume-Uni, la France et la Belgique ou encore l’Allemagne et Liechtenstein. Une langue invite à se réunir mais ce n’est pas ce qui définit entièrement une nation. Une langue commune peut cependant aider à unir une nation, c’est pour cela que pendant la Troisième République, il est instauré une seule langue dans les écoles, apparait alors une lutte du patois dans l’éducation. La nation va également au-delà du peuple puisque les individus d’une même nation partagent le même territoire, ce n’est pas forcément le cas pour les peuples. Le peuple Kurde est présent, par exemple, en Irak et en Turquie.
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