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Charte de Roger de Béziers

Commentaire de texte : Charte de Roger de Béziers. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  1 Mars 2017  •  Commentaire de texte  •  2 967 Mots (12 Pages)  •  2 272 Vues

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C’est au cours du XIIème siècle que les vicomtes de Carcassonne et de Béziers furent au sommet de leur puissance. En effet, les membres de la maison Trencavel étaient à cette époque parmi les seigneurs méridionaux les plus puissants après le Comte de Toulouse et le roi d'Aragon qui étaient leurs suzerains. Si bien que la famille possédait les vicomtés d'Albi, d’Agde, de Carcassonne, de Nîmes, de Razès et de Béziers.

La Charte de Roger de Béziers a été rédigé au XIIème siècle, en 1138 sous le règne du Roi Louis VII le Jeune. Elle est l’exemple de la concession d’un fief feudum, feodum, fevum, signifiant « meuble de valeur » qui est par définition un bien concédé par un seigneur à un vassal, à charge de services nobles. Ici, le bien est un château, plus précisément le château Calamont situé dans le comté de Rodez. En effet, Roger de Béziers, seigneur, cède son fief à Arnaud de Cornelano, à son gendre Bertrand de Peirela, à ses enfants mais aussi à leur postérité.

Il faut savoir que le XIIème siècle est marqué par un certain progrès économique mais qu’il est aussi une période de transition entre l'époque purement féodale du Xème et XIème siècle. Mais qu’est-ce qu’est la féodalité? Au sens juridique, la féodalité désignait les institutions et les usages créant et régissant des obligations d’obéissance et de service, entre un homme libre appelé « vassal » et un homme libre appelé « seigneur ». C’est à partir du XIIème siècle qu’on va voir réapparaître le grand commerce. Ce renouveau va menacer l’équilibre ancien réalisé dans le cadre de la seigneurie. Jusqu’ici, le régime féodal se caractérisait par une certaine autarcie, les familles vivaient repliées sur leur domaine, les échanges se faisaient au niveau local et on ne connaissait que de rares échanges commerciaux. C’est alors que cette période de renouveau va se caractériser par un élargissement du savoir, l'apparition de la monnaie, l'émergence du commerce, du salariat ainsi que le développement de la population artisanale voire industrielle mais aussi par l’essor des écoles et de la production littéraire.

C’est parallèlement à cet essor qu’une nouvelle classe sociale, hostile à la féodalité va s’imposer: la bourgeoisie. En effet, le morcellement des pouvoirs et de la justice, les contraintes féodales ne conviennent pas à une bourgeoisie qui veut la fluidité des affaires; et son mode de vie est incompris de l'Église, qui condamne, par exemple, les prêts à intérêt et les bénéfices commerciaux. Les villes tentent donc de gagner une certaine autonomie, les bourgeois s'organisent pour construire un rempart en ressuscitant ainsi l'impôt public, s'unissent par un serment, et créent des « communes », institutions qui leur sont propres. Mais ce mouvement, qui n'a rien de démocratique, aboutit à la création d'une nouvelle classe de privilégiés et ne concerne finalement qu'une partie infime de la population.

Alors comment d’après la charte de Roger de Béziers s’organise l’investiture d’un fief?

Pour le comprendre, il faudra se pencher sur les obligations féodo-vassaliques (I) mais aussi sur le déroulement héréditaire et l’organisation de la transmission du fief (II).

La concession du fief: les obligations féodo-vassaliques.

Quand un bien est concédé par un seigneur à un vassal à charge de services nobles on parle alors de relation féodo-vassalique. Ces relations sont organisées autour du fief qui créer un lien personnel entre deux hommes. Ils doivent donc obéir tout deux à des obligations réciproques.

A) Les obligations du vassal.

La transmission d’un fief se faisait par contrat synallagmatique qui ordonnait des obligations juridiques réciproques. Il faut savoir que des sanctions étaient prévues si les obligations ne sont pas respectées. En effet, les obligations découlaient de l’engagement de fidélité et étaient progressivement définies par des usages, des coutumes puis par des contrats. Le vassal avait donc des obligations mais il faut savoir qu’il avait aussi des droits et des sanctions.

Bien avant la Charte de Roger de Béziers, soit en 1020, ces obligations ont été consignées dans une lettre de Fulbert de Chartres, adressée au duc Guillaume d’Aquitaine, qui avait des difficultés à se faire respecter par ses vassaux. Cette lettre distingue des obligations négatives et des positives. En effet, les obligations négatives découlaient du lien personnel « ne pas faire », c’était ne pas nuire au seigneur. Au contraire, les obligations positives découlaient du lien réel « faire », c’était aider et conseiller le seigneur. Au départ, elles découlaient du serment de fidélité. Mais au fur et à mesure que la concession de fief devint la norme, c’est le fief qui en devenait le support. Le vassal pouvait se voir retirer le fief s’il ne respectait pas ces obligations.

Pour être plus précis le vassal avait des devoirs de fidélité envers son seigneur c'est à dire qu’il ne devait porter aucune atteinte ni à sa personne, ni à sa demeure, ni à ses domaines, ni à ses prérogatives seigneuriales, ni à sa liberté d’action, il devait l’assister à toute réquisition par conseil ou par acte consilium et auxilium. En effet, comme on peut le voir dans la charte de Roger de Béziers, le vassal devait fidélité à son seigneur mais il se devait aussi de respecter la justice et la seigneurie de ce dernier « Je vous donne en fief à vous, […] de telle manière que vous teniez et ayez le château de mon en fief, sauf ma fidélité, ma seigneurie et ma justice » (ligne 5). Ensuite, le vassal devait exercer des services plus précis, dont la nature et l'étendue variaient suivant les conditions particulières de chaque concession. Dans les fiefs territoriaux les plus importants, il y avait un service militaire servitium in campo, le vassal y faisait le service de l’ost mais aussi la chevauchée et la garde. De durée illimitée à l'origine, il se réduisit ensuite à une courte campagne, et se limita à une défense territoriale. Par ailleurs le vassal devait aussi faire le service de fiance ou de cour servitium in curte, placitum, justitia, fiducia qui consistait à se rendre à la cour du seigneur, soit pour lui donner conseil dans tous les cas importants, soit pour juger, soit pour répondre à une accusation judiciaire. Enfin, il avait aussi l’obligation de maintenir le fief dans l'état où il était au moment de l'investiture, de façon à pouvoir le

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